DIX POUR CENT (Saisons 1-2)

La bande-annonce:

Entretien avec Fanny Herrero:

J’ai regardé les deux premiers épisodes de cette saison 2 hier soir.

Bon, il y a des éléments que j’avais totalement oublié (le quiproquo sur le père d’une des jeunes secrétaires avec Christophe Lambert), mais sinon rien de préjudiciable.

D’abord on a droit à une histoire un peu décevante avec Virginie Efira et Ramzy Bedia qui forment un couple en crise (elle a été paparazzée en train d’embrasser un autre homme), ce qui complique sérieusement la promo du film qu’ils viennent de tourner. Des moments amusants, d’autres qui tombent complètement à plat. Le souci, c’est que la série fonctionne sur la perception qu’on a de ces acteurs connus et les efforts déployés par leurs agents pour résoudre leurs problèmes, or, là, on sait que Efira et Ramsy ne sont pas un vrai couple « à la ville », du coup difficile d’adhérer à cette intrigue.
Besnehard a expliqué qu’il avait cherché à convaincre un vrai couple (sans dire lequel), sans succès, et c’est dommage.
Efira et Ramzy sont impeccables, très sobres. Thibault de Montalembert est très drôle en agent dépassé. Mais bon, c’est moyennement drôle, un peu mou.

Le deuxième épisode est plus abouti : l’agence ASK a un nouveau boss, aux méthodes plus agressives, et il veut Fabrice Luchini parmi ses talents. Un stratagème assez loufoque est mis en place pour le piéger et le convaincre de quitter son agent. Andréa ne ménage pas ses efforts pour attraper ce gros client.
Luchini est épatant, il ne cabotine pas, on a l’impression que les auteurs ont voulu éviter le numéro, et c’est appréciable. Camille Cottin, elle aussi, la joue moderato. Il y a de la tension, de l’humour. le résultat est très bon.

La semaine prochaine, Adjani, le youtubeur Norman et Julien Doré (qui, apparemment, figurera dans plusieurs épisodes avec un subplot) sont invités. Grosso modo, on retrouve les qualités et défauts de la série : c’est joliment réalisé, finement écrit, les guests ne sont pas envahissants et ne surjouent pas, mais ça manque un chouia de mordant (même si le nouveau boss de l’agence relève le plat). On devine que les vedettes sont autant attirés par le regard bienveillant que par le succès de la saison 1, mais pour la prise de risque, on repassera.

Deux nouveaux épisodes hier soir.

C’est encore très inégal. Il y a cette impression persistante que la série a un super sujet, mais que les scénaristes se brident (sont bridés ?), n’osent pas y aller à fond, c’est très frustrant parce qu’avec de l’audace, on assisterait à une production bien plus cocasse, au rythme plus vif, avec des guests dont les apparitions seraient du coup plus savoureuses.
Il me semble quand même que les responsabilités sont partagées entre Besnehard, à l’origine du projet, qui veut attirer des stars en leur assurant un regard bienveillant, et les stars elles-même qui veulent bien s’amuser avec l’image qu’on peut avoir d’elles mais pas trop quand même. Sans compter certainement la frilosité de la chaîne qui diffuse ça en prime time et craint je-ne-sais quelle censure ou réaction négative du public.

Dans l’épisode 3, Norman (le youtubeur, dans son propre rôle donc, et qui a l’air aussi con que son personnage - ce qui est soit une composition géniale, soit la confirmation que c’est tout sauf un acteur) doit obtenir son permis de conduire pour tourner dans le prochain film de Jacques Audiard. C’est très moyen car peu crédible, même si on accepte le prétexte comique : on ne voit pas Audiard, c’est dommage, ça aurait crédibilisé la situation, et puis bon, l’argument est mince.
En revanche, une intrigue parallèle débute qui met en scène Julien Doré : cette histoire, a priori secondaire, court sur les épisodes suivants, et le chanteur-acteur, lui, y va à fond, s’auto-caricaturant sans limites. C’est très drôle, et les conséquences sont remarquables sur le personnage de Gabriel.
En prime, une grosse surprise qui rebat les cartes concernant la relation (orageuse) en Icham et Andréa (excellents Assaad Bouab et Camille Cottin).

L’épisode 4 dispose d’Isabelle Adjani, mais là aussi, l’intrigue boîte un peu : il est question d’un jeune cinéaste palmé à Cannes en froid avec l’actrice, qui voudrait être dans son nouveau film. Ce jeune réalisateur est une parodie évidente de Xavier Dolan (aussi suffisant et tête à claques que le vrai), malheureusement sachant cela le comédien qui le joue ne peut pas faire oublier son modèle et la situation perd en intensité. Malgré tout, Adjani est vraiment formidable, elle est sobre et fait preuve d’une belle auto-dérision.
Julien Doré continue à semer la pagaille dans le couple de Gabriel. Mathias fait n’importe quoi avec sa secrétaire et sa fille : l’épisode se termine sur un cliffhanger qui va sérieusement impacter la fin de la série.

Mais il faudra être patient pour découvrir à quel point : la semaine prochaine, deux comédiens passent une audition pour s’installer à l’Elysée et donc, la fin de cette saison 2 de « 10% » s’achèvera dans quinze jours…

Tous les acteurs dans cette série jouent un rôle même si le personnage qu’ils incarnent porte leur nom.
On ne retrouvera donc pas l’attitude réelle de ces acteurs dans le rôle qu’ils jouent même si c’est ce qu’ils essaient de nous faire croire.
C’est pour ça qu’en terme de crédibilité, c’est un peu le niveau 0. En tous cas, ça l’était en saison 1 me concernant. Après, je peux comprendre que l’on s’y perde et qu’on ait envie d’y croire.

J’ai bien conscience qu’il y a une distance, que les acteurs offrent une version d’eux-mêmes, ce n’est pas un documentaire ou un docu-fiction.
Par contre, je trouve que cette saison 2 montre les limites du dispositif parce que d’un côté, les clins d’oeil abondent, il y a une connivence plus soulignée, des allusions limpides (notamment quand quelqu’un de connu est évoqué mais pas nommé ou pas montré), et de l’autre, ça ne va pas très loin finalement, ce n’est pas franchement drôle, ni critique. Tout ça tend, pour moi, à prouver la frilosité du projet qui invite à découvrir l’envers du décor via les agents mais sans vraiment dévoiler tout ce qui serait trop grotesque, trop ridicule, trop humiliant.

Dans la saison 1, il y avait le bénéfice du doute et l’illusion de l’audace parce que le sujet était inattendu et l’équilibre entre agents et stars était juste. J’attendais de la saison 2 un peu plus d’impertinence, avec des guests qui iraient un peu plus loin dans la manière de jouer avec l’image qu’on se fait d’eux. or, ça reste très sage : sur 4 épisodes déjà diffusés, seul Julien Doré force le trait, n’a pas peur de prendre des risques (il faut dire qu’il joue déjà beaucoup sur l’excentricité dans ses clips, ses apparitions médiatiques).
Quant aux agents, cette saison, on n’en voit vraiment que deux - Andréa et Mathias. L’arrivée d’Icham, le nouveau patron, avec des méthodes de manager plus agressif, ne porte pas ses fruits, Gabriel est réduit au rôle de l’amant jaloux, et Arlette fait de la figuration.

C’est donc moins un problème de crédibilité que du culot et de dosage : ça manque d’une direction claire. Cédric Klapisch s’était beaucoup investi dans la saison 1 pour donner un look et un ton à la série. Cette fois, on sent bien qu’il n’y a plus un auteur fort comme lui pour superviser l’ensemble (une sorte d’équivalent au showrunner à l’américaine, tel que le remplit Eric Rochant dans l’excellent « Bureau des légendes » où, là, par contre, plus ça va, mieux c’est).

La difference a mon avis est que le bureau est une série avec un vrai sujet qu elle traite.
10% c est plus une série qui a un sujet mais qui est surtout une comédie. C est souvent too much… et franchement l episode avec Norman ne cherche ni coherence ni a etre bien joué.
On est sur une série de pure comédie qui ne dit pas grand chose mais joue sur les comédiens (en dehors de norman…)
Je trouve ca trés sympathique a regarder mais il faut justement ne pas trop attendre de cette série…

et bien sur la S2 surprend moins que la S1