DOCTOR STRANGE (Philip DeGuere Jr)

strange

REALISATEUR & SCENARISTE

Philip DeGuere Jr, d’après la bande dessinée de Stan Lee et Steve Ditko

DISTRIBUTION

Peter Hooten, Clyde Kusatsu, Jessica Walter, John Mills…

INFOS

Téléfilm américain
Genre : fantastique
Année de production : 1978

Après avoir laissé Supergirl s’envoler vers d’autres cieux (ceux de la CW), la chaîne CBS sera à la rentrée 2016 l’une des rares grandes chaînes américaines à ne pas diffuser une série télévisée adaptée d’un comic-book. Et pourtant, dans les années 70, CBS était le « network des super-héros », car les fans de comics pouvaient y suivre aussi bien les exploits télévisuels des héros Marvel que ceux des personnages de la Distinguée Concurrence.

Du côté de la Maison des Idées, le plus gros succès reste celui de L’Incroyable Hulk, road-trip mélancolique qui vit Lou Ferrigno déchirer un nombre incalculable de chemises durant 5 saisons. Spider-Man eut également droit à sa série, dont quelques épisodes furent exploités au cinéma en Europe, un ratage composé de 2 courtes saisons. Captain America fut le héros de 2 téléfilms cheap (pas de vibranium, son bouclier était en plastoc) et le Docteur Strange, dont il est question ici, celui du pilote d’une série qui ne fut finalement pas commandée.
CBS s’intéressa également à l’univers DC : la chaîne récupéra la Wonder Woman de Lynda Carter après que ABC ait refusé de renouveler les aventures de l’Amazone pour une seconde saison. Elle fut précédée par Shazam ! (trois saisons entre 1974 et 1976) et Isis (qui débuta à la télévision avant de faire sa première apparition sur papier dans un épisode de Shazam ! en 1976).

Mais revenons à ce bon Docteur…

Déçu par les versions TV de Spider-Man et Captain America, Stan Lee a par contre avoué avoir gardé un très bon souvenir de sa collaboration avec Philip DeGuere (futur créateur de la série Simon & Simon, avec Jameson Parker et Gerald McRaney), réalisateur et scénariste de cette (très libre) adaptation des origines du Sorcier Suprême de l’univers Marvel. Très libre car pour Stephen Strange, il n’est pas question ici d’accident puis de quête dans l’Himalaya afin se s’entraîner avec un vieux sorcier (trop cher !). Pour les besoins du scénario, Stephen Strange n’est plus chirurgien, mais psychiatre dans un grand hôpital. Il est moins arrogant que sa contrepartie des comics mais il a tout de même une grande confiance en lui et c’est un véritable homme à femmes, qui raffolent toutes de sa moustache d’acteur porno.

Le Docteur Strange est incarné par Peter Hooten, un second rôle qui venait d’apparaître dans Orca, l’un des nombreux ersatz des Dents de la Mer, avant de tourner une poignée de bisseries italiennes comme Une Poignée de Salopards de Enzo G. Castellari et 2020 Texas Gladiators de Joe D’Amato.

Ce téléfilm n’est donc pas vraiment fidèle au matériel de base, mais les compromis dus principalement aux restrictions télévisuelles de l’époque ne sont pas catastrophiques. Alors que l’Homme-Araignée combattait mollement des gangsters minables et que David Banner passait son temps sur les routes d’Amérique, Stephen Strange voyage dans le plan astral (avec tout plein de lumières psychédéliques) et affronte une sorcière dans une autre dimension à grand renfort de formules magiques et de rafales de lumières. Bon, il faut tout de même attendre longtemps pour assister enfin à un peu d’action et le gros du métrage ressemble à un soap médical ennuyeux rythmé par une bande originale atrocement datée.

original_drstrange7

Mais s’il a ses (nombreux) défauts (interprète principal manquant de charisme, lenteurs, photographie très sombre qui fait office de cache-misère pour les effets spéciaux…), le pilote de Philip DeGuere a aussi quelques atouts dans sa manche.

La transmission de pouvoirs entre un Sorcier Suprême vieillissant (John Mills, l’un des interprètes du professeur Bernard Quatermass, qui se prend ici de façon assez savoureuse pour Obi-Wan Kenobi) et son successeur (dont le costume final a été conçu par Frank Brunner, qui dessina des épisodes mémorables du comic-book) est un ressort scénaristique aussi classique que bien amené dans le cadre de l’histoire; Clyde Kusatsu est un Wong convaincant et Jessica Walter (que les fans d’Arrested Development connaissent bien) vole le plus souvent la vedette aux héros dans le rôle de la maléfique Morgan Le Fay, qui fut le tout premier super-vilain Marvel à apparaître dans une adaptation en prises de vue réelles (et elle n’a pas perdu de temps, puisque la version moderne du personnage a été introduite dans les comics dans un numéro de Spider-Woman datant du début de l’année 1978).

Philip DeGuere avait déjà en tête une autre aventure, avec un Dr Strange cette fois-ci bien établi dans son rôle de Sorcier Suprême. Il voulait ainsi suivre le modèle de L’Incroyable Hulk, qui débuta par deux épisodes spéciaux de 90 minutes. Mais les mauvaises audiences en décidèrent autrement : CBS commit l’erreur de diffuser le pilote face à la mini-série Racines, dont le succès ne s’est pas démenti au fil des rediffusions, et le projet de série Doctor Strange fut donc abandonné.

2 « J'aime »