ORCA (Michael Anderson)

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REALISATEUR

Michael Anderson

SCENARISTES

Luciano Vincenzoni et Sergio Donati

DISTRIBUTION

Richard Harris, Charlotte Rampling, Will Sampson, Peter Hooten, Bo Derek…

INFOS

Long métrage américain/italien/britannique/hollandais
Genre : aventures/drame/horreur
Année de production : 1977

En 1975, Les Dents de la Mer de Steven Spielberg traumatise des millions de spectateurs. De nombreux producteurs y ont vu l’occasion de s’engouffrer dans un filon qui pouvait rapporter gros, en reprenant le plus souvent la structure du chef d’oeuvre de Spielberg et en l’appliquant soit à des requins, soit à d’autres espèces animales. C’était le cas de l’italien Dino de Laurentiis (La Strada, Danger : Diabolik !, le King Kong de 1976…), qui a demandé au scénariste Luciano Vincenzoni de trouver « un poisson encore plus fort et plus terrible que le grand blanc ». Vincenzoni a avoué qu’il n’y connaissait rien à la vie marine et que c’est son frère qui lui a conseillé de s’intéresser aux épaulards.

Dans Orca, l’excellent Richard Harris (Un Homme nommé Cheval) incarne Nolan, un capitaine irlandais qui écume les mers de la région de Terre-Neuve. Il revend généralement ses plus grosses prises aux aquariums qui payent le plus. Dans ses premières scènes, on peut le comparer au Quint des Dents de la Mer, mais au fur et à mesure son personnage part dans une autre direction. Lors d’une chasse au requin, il fait la rencontre de Rachel, une biologiste marine (on a notre Hooper, avec Charlotte Rampling à la place de Richard Dreyfuss), dont l’assistant manque de se faire dévorer par le squale. C’est alors qu’intervient une orque qui fonce sur le requin et le tue…

Littéralement obsédé par l’animal, Nolan est prêt à tout pour capturer une femelle pour la revendre au plus offrant. Avec son équipe (le vétéran Keenan Wynn, la nouvelle venue Bo Derek dans son premier rôle et Peter Hooten, qui sera l’année suivante le premier Doctor Strange à la télévision), il se lance sur sa trace. Mais les choses se passent mal. La femelle se blesse mortellement sur l’hélice du bateau et dans une scène-choc très efficace, elle met bas sur le pont dans un hurlement de douleur. Nolan se débarrasse alors de l’orque et du bébé mort-né…sous les yeux du mâle qui se met alors à attaquer les membres d’équipage…

Le scénario adopte alors une mécanique très intéressante (est-ce réaliste si on prend en compte les explications de la biologiste ? Honnêtement, je m’en fiche contrairement à certaines critiques de l’époque. C’est un film d’horreur, pas un documentaire de National Geographic, les gars !) qui a été régulièrement été comparée (assez justement je trouve) à une sorte de « Moby Dick inversé ». Et là, c’est l’épaulard qui cherche inlassablement à se venger de l’homme qui a brisé son cocon familial.

Mais Orca n’est pas qu’un film d’horreur. Il y a aussi des éléments dramatiques et une ambiance d’aventure maritime. On reconnaît bien là la capacité des scénaristes italiens (les expérimentés Luciano Vincenzoni et Sergio Donati, qui avaient notamment travaillé ensemble sur le script d’Il était une fois la Révolution de Sergio Leone) à mélanger les genres. Il y a même du western en quelque sorte (et pas uniquement parce que la très belle musique de Ennio Morricone en a des accents caractéristiques) dans cette histoire de vengeance cruelle (et déchirante même) qui surfe sur les thématiques du cinéma de genre de l’époque.

Ce qui aurait pu n’être qu’un gloubi-boulga bis atteint une autre dimension dans sa deuxième moitié, l’homme et l’épaulard devenant les deux faces d’une même pièce, représentations de la culpabilité et de la douleur. Solidement réalisé par le britannique Michael Anderson (L’Âge de Cristal), qui créé une belle atmosphère et des visuels forts (même si certains passages trahissent tout de même un budget serré), Orca fait partie des meilleures pelloches de ce cycle de longs métrages inspirés par Les Dents de la Mer qui ont envahi les écrans pendant une bonne décennie.

J’ai de super souvenirs de ce film que j’ai vu d’innombrables fois. Par contre, ça doit faire plus de 25 ans que je ne l’ai regardé. Pas sûr qu’il ait bien vieilli…

Ah je me fais une sorte de marathon informel de « films de monstres », en ce moment, et celui-ci est sur la liste. J’en garde un super souvenir, mais je ne l’ai pas revu depuis des années.

Jim

J’ai dû le voir qu’une seule fois quand j’étais petit. Mais je crois qu’il nous a marqués à vie, avec mon frangin !

Tout pareil

(a l’exception que pour ma part un film ne vieilli pas)

Pourtant, c’est comme le vin : il y en a qui vieillissent bien (voire se bonifient), d’autres non.

Tori.

Comme vous autres, je garde un bon souvenir de ce film qui m’avait fait frémir quand je l’avais vu.

Mais je ne connaissais pas l’affiche donnée ici… avec un orque aussi gros qu’une baleine!!

ginevra

Une orque : orque est féminin, contrairement à épaulard…

Tori.

Ok Tori… grammatiquement, tu as raison.
Mais dans notre période de féminisation des mots, je rends la pareille en masculinisant puisque c’est un mâle qui venge sa femelle et sn bébé :wink:

ginevra

Purée si c’était comme le vin, il y aurait plein de films qui deviendrait des chef d’œuvre avec le temps (ce qui n’est pas le cas en fait) ^^.

En fait je déteste de plus en plus cette expression qui est un avis faussé et utilisé à tort et à travers. Un film ne vieilli pas bien ou mal. Un film c’est pas un individu qui évolue avec le temps, c’est une œuvre figé qui est le reflet de son époque ou d’un instant T. De fait on ne peut reprocher à un film de bien ou mal vieillir parce qu’en dehors de cas rarissime, il ne peut se mettre à jour (et les cas rarissime c’est par exemple l’édition spéciale de Star Wars bref une sombre merde).

J’aurais plus tendance à utiliser ce terme pour une série parce que ce sont souvent des travaux en cours (et là encore cette expression serait vide de sens dans le cas d’une série finie) mais pour un film je trouve que c’est regarder le truc à l’envers. Ce qui vieilli c’est le spectateurs et son environnement par l’œuvre. On peut se poser la question si celle-ci reste conforme aux changements de standard sur la forme ou pas mais ça reste une observation et non une critique à mettre au détriment du film.

Je dirais même que moins le film est le reflet de son époque, mieux il peut vieillir. Parce que ce qu’il restera de son époque, c’est une esthétique, une époque, une ambiance, qui créent une patine. Mais si son but c’est de parler de son époque (à l’aide de références, de clins d’œil, de déclinaisons), alors il sera profondément ancré dans son temps, n’en bougera plus et, par conséquent, vieillira mal.

Jim

Tu trouves que Les hommes du Président ça vieilli mal ?

Les Hommes du Président, déjà au moment du tournage, s’impose comme une évocation historique, avec sa dimension de reconstitution. Donc il est indémodable parce qu’il est historique. Et en plus, ses thèmes sont toujours d’actualité.
:wink:

Jim

Je taquinais parce que c’est aussi un film dont le sujet premier et le travail de journaliste

Mais disons que je vois pas trop d’exemple de bon film qui vieillissent mal du fait de leur volonté de parler de l’époque. Parce qu’il y a toujours autre chose

Il faut rajouter un autre truc, aussi, que m’avait fait remarquer Jay Wicky : c’est que les films (bons ou mauvais, en l’occurrence peu importe), il faut savoir vieillir avec eux. Et pour ce faire, il faut les revoir régulièrement. Un film dépend de son contexte (de création, mais aussi de découverte), mais nous également dépendons de notre contexte. Le contexte évolue, et si nous savons évoluer en tandem avec les films, il n’y a pas de décalage.

Pour répondre à ta question, une partie de la SF des années 1970 vieillit très mal, malgré la qualité des récits, des intrigues et des structures. On a récemment parlé de Zardoz, mais je crois que ce n’est pas le pire exemple (d’autant que Zardoz parle des métamorphoses des formes sans histoire : les formes perdues dans leur transmission, puis mal réinterprété, la dilution de la culture, en quelque sorte).
Mais si on regarde deux excellents films qui parlent de la société qui a vu leur tournage (l’Occident des années 1970, fin des trente glorieuses, peur de l’effondrement, crise du couple…), à savoir Saturn 3 et Rollerball, on constate que, même avec toute la bienveillance du monde, ils ont fichument vieilli. Que ce soit les coiffures exubérantes de Farah Fawcett ou les décors et meubliers sixties transposés dans l’espace ou le futur, c’est complètement daté.
A contrario, la survivance de designs du passé dans Soleil Vert peut s’expliquer dans le sens où la société industrielle est au point mort dans ce monde, et où tout, chez les riches ou les pauvres, est déjà daté, traces d’un passé qu’on s’acharne à conserver parce qu’il n’y a plus de présent. De même, dans Outland, les décors sont d’aujourd’hui (l’aujourd’hui du tournage et l’aujourd’hui du visionnage), les coursives, la cantine, les bureau sont atemporels parce qu’ils répondent à une logique évidente, à savoir que les installations minières répondent à des critères pratiques, pas esthétiques. Même les vieux écrans à gros caractères jaunes font encore sens aujourd’hui, selon le principe que la compagnie minière fera des économies et qu’on n’a pas le temps de changer les ordinateurs.
La science-fiction, pour la simple raison qu’elle place l’action dans un futur qui, par définition, n’advient jamais, est l’un des genres à être potentiellement daté avant l’heure. Les choix esthétiques doivent donc être dictés par la logique interne à l’histoire, et certains films l’ont copieusement oublié.
L’autre genre qui est exposé au même risque, c’est l’humour. Je ne suis pas sûr que La Vérité si je mens vieillisse aussi bien que Le Corniaud, par exemple. De même, je pense que Deadpool vieillira bien plus vite que Spider-Man version Raimi. L’humour est parfois atemporel. Et parfois pas.

Jim

Oui, voilà quand un film est trop ancré dans son époque, notamment par le langage utilisé (les mots à la mode peuvent passer très vite) ou les références (culturelles, politiques ou à l’actualité), il a des chances de mal vieillir.
Mais on est d’accord qu’un chef-d’œuvre a peu de chances de mal vieillir… Au pire, il se patine.

Tori.

Niveau effets spéciaux:
Tron,ça vieillit bien;
Captain Power,ça vieillit mam (amis j’aime quand même).

J’y pensais hier pendant que je regardais « Les mondes de Ralph 2.0 ». Autant je pense que la thématique jeux d’arcade old-school du premier vieillira bien, autant celle lié au web actuel de ce second épisode le rendra vite obsolète voire incompréhensible pour les enfants dans 10 ans à peine…

Je dois être l’un des rares à trouver que ce film était déjà ringard à sa sortie.

Jim

On est 2! Je n’ai jamais compris l’aura de ce film… :thinking: Sans dire ringard, je trouvais son esthétique très moche à sa sortie. Je crois ne l’avoir jamais vu jusqu’à la fin. Pourtant, j’avais des fans autour de moi.