Passionné de lecture de romans de chevalerie, l’hidalgo Don Quichotte se croit chevalier errant et part chercher sa Dulcinée, sur sa monture Rossinante, équipé d’un casque en carton. Prenant une auberge pour un château et les prostituées qui y sont pour des châtelaines, il tue deux muletiers dans un combat qu’il croit héroïque. Il est rejoint par Sancho Panza, écuyer fidèle, dont la principale préoccupation est la nourriture. Leurs aventures improbables conduisent les deux compères à travers l’Espagne…
L’exercice de l’adaptation, c’est quand même, par principe, un peu n’importe quoi. Et pas seulement à cause de la longueur de certains textes. Je voyais passer la couverture de Madame Bovary. Bon, très bien, on raconte l’ennui, le mariage, les amants, les lettres. Mais par exemple la scène d’amour, dont le côté charnel est mis en avant grâce à la description des chevaux essoufflés qui écument à l’écurie, va prendre le temps de mettre ça en scène, surtout pour des albums qui sont clairement calibrés pour séduire les bibliothèques de collège ???
Plus que l’histoire finalement, c’est la construction du roman qui est intéressante dans Don Quichotte…
Et comme tu le dis juste au dessus, c’est également quelque chose qui est impossible à mettre en scène sur une BD de ce format là.
Voilà. Pareil pour Moby Dick. La plupart des adaptations s’attachent à la traque, alors que le roman consacre une grande partie aux errances du narrateur dans les rues du port, parlant des enseignes de tavernes, des peintures, des dots de mariage, des chants de marins… C’est ça qui fait la force du roman, l’obsession de la baleine, qui définit certes Achab, mais surtout la ville entière, et sa population… et le narrateur, qui devient obsédé à son tour. Et ça, c’est inadaptable, à moins de faire une BD de trois cents pages.
Typiquement, ce sont des adaptations faites pour donner envie de s’intéresser à l’œuvre d’origine.
Parmi les autres romans dont les adaptations occultent une partie, il y a le Dracula de Bram Stoker, dont peu d’adaptations gardent le côté épistolaire, par exemple.
Ou les adaptation d’œuvres en vers qui passent à de la prose.
L’édition 2023 de cet album dans la collection « Les Grands classiques de la littérature en bande dessinée », reconnaissable au fond noir de sa couverture, a fait l’objet d’un déstockage récent dans les magasins Noz. Avis aux amateurs.