DOUBLE GAUCHE t.1-3 (Éric Corbeyran / Gil Formosa)

Discutez de Double gauche

Dustin a deux mains gauches. Loin de trahir une maladresse qu’il a su juguler, le jeune homme est devenu un dandy coqueluche de la haute société qu’il divertit à grands renforts de soirées dispendieuses. Sauf qu’à l’une d’elles surgit une belle brune en qui il reconnaît Mimsy… cette même Mimsy qu’il pensait morte depuis des années.

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Sur cette version handicapée de Gatsby le Magnifique, Éric Corbeyran construit le destin d’un enfant difforme, qui est confié à la garde d’un couple de tuteur appâtés par le gain à la mort (suspecte) de ses parents. Le gros du premier tome est constitué d’un vaste flash-back où sont rondement résumées les étapes douloureuses de l’enfance de Dustin : mort des parents, calvaire sous la surveillance des tuteurs, évasion et passage dans un cirque, rencontre avec Mimsy. Le scénariste renvoie à plusieurs figures aisément reconnaissables (du Petit Poucet à Cosette en passant par Scott Free…), rajoutant à son héros des pouvoirs magiques liés à sa deuxième main gauche.

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L’une des erreurs les plus classiques pour un dessinateur est de se tromper de main d’une case à l’autre. Ici, Gil Formosa (qui vient de terminer Robur avec Jean-Marc Lofficier chez Albin Michel) est confronté à l’exigence inverse, à savoir toujours se tromper et toujours dessiner une main gauche à la place de la droite. Sur certaines cases, il a du mal à faire exprès de se tromper, mais au fil du récit, il se fait à la particularité physique de son héros. En sus de cela, il livre des décors sympathiques et opulents, un univers moderne, des méchants aux allures patibulaires et de jolies filles aux jambes kilométriques comme il en affectionne.

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Le premier tome pose les bases du personnage et de l’intrigue, mais ne dépasse pas le stade de la mise en place. À la fin du volume, Dustin se met en tête de retrouver la femme perdue. Les choses sérieuses commencent au tome 2.

Jim

Dans le deuxième tome, en chemin pour retrouver Mimsy, Dustin raconte à Armand, son serviteur et chauffeur, la suite de sa vie. Les lecteurs découvrent donc comment il a échappé au cirque, comment il a rencontrer Ivanna qui cherche à lui faire transformer du vil métal en or, comment il est devenu champion de boxe…

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Là encore, Corbeyran n’hésite pas à faire appel à des figures connues (celle du boxeur) et à des structures de conte (le destin de Dustin est un peu celui de la poule aux œufs d’or), le tout sur fond de récit initiatique. L’ensemble retarde d’autant les retrouvailles, qui auront lieu dans le troisième et dernier tome.

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Graphiquement, Formosa oscille entre le réalisme péchu des comic books et une approche un peu plus caricaturale, ce qui peut désarçonner.

Jim

Le gros risque était de se tromper et de lui faire deux mains droites…

Comment a-t-il enfilé le gant droit ?
C’est une vraie torture, non ?

Tori.

C’est expliqué dans le récit.
(De même qu’il y a une couverture de magazine avec deux mains normales, dans l’histoire : pareil, c’est expliqué.)
Mais je n’allais pas tout raconter.
:wink:

Jim

Ah, tant mieux.

Tori.

:wink:

Jim