Pour la petite histoire, l’intrigue a été construite en prévision d’un Silver Surfer que Gil Formosa et moi-même avions proposé à Panini, quand l’éditeur montait sa collection « Transatlantique ». Mais ça ne s’est pas fait, pour diverses raisons d’ordre éditorial, mais aussi parce que la collection a rapidement battu de l’aile, malgré différents projets prometteurs. Gil est parti faire d’autres choses (je crois que c’était avant Double Gauche, à voir), et j’ai repris le pitch que j’ai proposé à Louis au début de la série 42. Là encore, on a eu des soucis de calendrier : on a proposé le projet à Mauricet, à Henriet, et aussi je crois à Alex Tefenkgi, qui était à ses tout débuts de carrière, mais aucun n’était dispo. Louis a estimé que ça traînait (il est encore moins patient que moi) et il a décidé de le dessiner aussi. Mais en fait, ce qui est rigolo, c’est qu’il a été pris par des tas de choses, l’album a été décalé, et si ça se trouve, l’un des auteurs contactés aurait peut-être pu le prendre, et donc alléger le planning de Louis.
De mon côté, j’avais construit l’intrigue avec le Surfer qui découvrait un arsenal Kree caché, et qui luttait contre Nebula, bien décidée à mettre la main sur des modèles costauds de Sentry. Donc j’avais cette intrigue, avec un personnage qui parle bien, châtié, fleuri. Et je me suis dit qu’il fallait changer cet aspect, avoir une approche un peu plus à la Aliens. J’ai donc cherché une figure opposée à celle du Surfer, et c’est donc celle de Lobo qui m’est apparue. J’ai demandé à Louis si un personnage de baroudeur mal embouché, ça l’intéressait, face à une militante extrémiste qui incarnerait une sorte de refus de l’ordre établi (et donc de la « bible de l’univers » de Tessa). Et on est partis sur ces bases.
Et ouais, je voulais un ton plus rentre-dedans que dans Tessa. D’autant que, au départ, ces personnages ne devaient figurer que dans un tome, faire un tour de piste, donc j’ai appuyé sur l’accélérateur en matière d’action mais aussi de politique.
Oui, peut-être. Surtout en cela qu’Ari est une espèce de chien fou qu’on lance pour foutre le bazar. Celui qui se charge des missions salissantes. La mauvaise conscience du régime, le gars qui ne suit pas les règles à la lettre et c’est pour ça qu’on l’envoie. Ça rentrait dans la logique. En fait, pour moi, c’était surtout John McClane. Dans l’espace. Mais James Bond, ça me va.
En m’y replongeant pour te répondre, je me suis dit, cependant, que je changerais bien quelques dialogues. Parce que je trouve ça tantôt répétitif ou insistant, tantôt encore un peu ampoulé, tantôt bavard (même s’il y a nécessité de passer de l’info et de la caractérisation). L’album a été fait sur une durée assez longue : Louis dessine vite mais il était pris par différentes choses et mettre en place la série en parallèle de Tessa prenait du temps et demandait plein de petits calages. Ce qui nous a amenés à changer des choses, à orienter le projet autrement, et donc à modifier des trucs qui étaient prévus autrement. Et à force, à perdre un peu de vue le plan d’ensemble. Y a des petits boulonnages que je ferais autrement, aujourd’hui.
Sans compter que je supprimerais des virgules. J’en mettais partout, à l’époque, encore plus qu’aujourd’hui !
Jim