Et attends donc : mon père pensait acheter une BD pour l’anniv’ de la petite … c’est pas fini !
Ah mais tant mieux : acheter des livres aux enfants, c’est la meilleure idée du monde.
Jim
Ouais, mais les BD, quand tu as trois ans, c’est pas encore facile. Pour le faire de temps avec le Château Chat ou un Spider-Man (sur l’un d’eux, faut que j’explique que Spidey met les vilains au coin parce qu’ils ont fait des bêtises) c’est plus compliqué qu’avec des Caroline par exemple.
Mais j’ai remarqué qu’elle commençait à comprendre la gymnastique des cases !
Alors, future lectrice, ou future auteure ?
Jim
Oula, déjà, si elle lit, ce sera déjà pas mal. Elle fera bien ce qu’elle voudra !
(après, je ne l’empêcherai pas de lire et relire les Manuels de Monsieur Lainé)
Après, le 1er tome, je ne suis pas convaincu. Déjà, on a ici une construction à la Bendis, c’est à dire qu’on voit Watson dans une mauvaise posture dès le début et que l’auteur nous raconte comment on est arrivé là. Ensuite, que Watson soit en limite dépression suite à la mort (ou pas) de Sherlock, ce n’est pas surprenant et ça a une certaine logique, mais le choix de lui avoir donné des capacités de déduction similaire à Sherlock, ça enlève tout le sel du perso originel en fait. En plus, il fait assez vieux ici et a donc des capacités physiques assez étonnantes. Pour le coup, on se rapproche un peu des comic books (ah, et Mycroft a un physique de déménageur, cela en est presque étonnant, mais je n’ai pas de souvenir de sa version officielle). Donc, le petite touche de fantaisie dans cette histoire est pour le moment les apparitions fantomatiques de Sherlock, où l’on doute encore si c’est « réel » ou si ça vient des délires de Watson.
Au dessin, Perovic. Je ne sais pas ce qu’il a déjà fait, mais il a un côté comic book dans le style et dans certains cadrages (pas mal de gros plans, par exemple). Cela dit, si le travail est fait, je n’ai pas été transporté. je ne sais pas pourquoi, si c’est lié au fait que ça me semble manquer de caractère ou d’encrage. Ce n’est pas moche, hein, mais ça ne me transporte pas, sans que j’arrive à expliquer pourquoi.
Illustration officielle :
Et vu qu’il est plutôt partisan du moindre effort, il ne doit pas avoir une carrure de déménageur.
Il est censé avoir entre 40 et 45 ans lors de la disparition de Holmes.
Tori.
Je lui en donne plus proche de 55 …
Merci Tori.
Un aperçu du dessin.
Jim
Comme ça, vous pouvez vous donner une idée de Watson et de Mycroft.
Chez Soleil, il a bossé sur la série Carnets secrets du Vatican ainsi que sur le diptyque Alamo de Dobbs, dans la même collection « 1800 ».
Et chez Inukshuk Éditions, il a fait un album intitulé Brek.
Jim
Ah bah je pourrai comparer.
Mais déjà, soit je m’habitue, soit j’étais mal luné pour le tome 1, mais je préfère le tome 2 au dessin. Pour le scénar, j’attends la fin, mais je ne suis pas du tout emballé.
Donc, j’ai lu le tome 2, et à la fin de l’épisode, j’ai compris pourquoi il y avait certaines bizarreries (notamment pour Mycroft).
En fait, je ne sais pas si je peux vous donner une comparaison parce que cela va vous enlever tout le ressort de l’histoire, mais sauf qu’en fait, la montée pour arriver à cela ne m’a pas du tout passionné … donc, j’en ressort un peu décontenancé parce qu’au final, l’idée est plutôt pas mal et rattrape un peu le concept de la collection 1800 (qui me paraissait jusque là un peu passé aux oubliettes, un point aussi qui s’explique avec ce final), mais le « passé » de Watson ne m’a pas du tout intéressé et puis je ne suis pas sûr d’avoir tout compris au milieu de ce tour de passe-passe, entre le passé et le présent.
Donc, je pense que je vais remettre le nez dedans pour bien voir comment cela a été fait, mais sans grande envie.
En revanche, le travail de Perovic m’a plus plu dans ce tome, alors que visiblement, il l’a dessiné pendant une très mauvaise période de sa vie. Je n’ai pas eu la même impression lors cette lecture que lors du 1er tome (je ne m’explique pas pourquoi). C’était surtout sur les cadrages et là, c’est plutôt pas mal, avec un coup de crayon assez précis.
A noter que la couverture n’est pas réalisée par Ronan Toulhoat, mais par Grzesiek Krysinski. Je suis moins fan, ça sort un peu du format habituel de la collection et je ne trouve pas qu’elle claque.
Et pour les fanas du lettrage, alors que visiblement, c’est le même studio, il est ici différent, et plus à mon goût. Les bulles sont beaucoup plus rapprochées des lettres, ça me semble beaucoup plus agréable à la lecture.
Je n’ai pas lu ce diptyque, mais ton avis me refroidit un brin.
Du lettrage, tu veux dire ?
Jim
Ah oui, pardon.
Les bondieuseries du samedi, ça ne me réussit pas.
Par contre, à l’occasion, essaie de le lire. J’aimerais bien échanger sur ce titre (ou si d’autres l’ont lu, je suis preneur), parce que je ne sais pas si je suis passé à côté de quelque chose ou si …
Bon, alors, j’ai re-regardé vite fait le lettrage … et en fait, ce n’est pas tout à fait. le lettrage est identique d’un album à l’autre, c’est qu’il n’est pas forcément le cas d’une case à l’autre pour ce qui est de la gestion de l’espace des bulles et des lettres à l’intérieur (je ne sais pas comment on appelle ça)
L’encombrement, souvent.
En gros, ce que tu veux dire, c’est que parfois les bulles serrent le bloc de texte, et parfois, au contraire, elles génèrent une grosse marge autour ?
Le lettrage (informatique, je le soupçonne) en franco-belge est en général une catastrophe. Là, dans l’autre diptyque de Betbeder, Le Retour de Dorian Gray, le studio Charon a fait des bulles en forme de ballon de rugby ou de dirigeable, et c’est affligeant. En plus, c’est parfois mal placé, et plutôt que de déplacer une bulle afin de dégager la queue de bulle de celle qui précède, ils ont préféré faire chevaucher les deux.
Le lettrage est souvent le parent pauvre de la BD, confié soit à des membres de l’équipe (certains savent le faire, mais ils sont rares), soit à des studios à pas cher qui font un boulot à peine digne d’un premier jet. Je trouve ça navrant.
Jim
Voilà, c’est ça.
J’ai cru voir un Cordurié à ce rôle, dans Sherlock …
Je n’ai pas vérifié partout, mais j’ai l’impression que Sylvain assure ce rôle sur tout le Sherlockverse. Et sans doute ailleurs aussi (je n’ai pas l’album sous les yeux, mais j’ai l’impression que c’est lui qui a lettré son tome d’Oracle).
En y regardant de près, je pense que pour beaucoup d’albums, il crée ses bulles lui-même. Je ne parierai pas, mais j’en ai bien l’impression. Si c’est bien le cas, il « triche » un brin puisqu’il utilise des bulles rectangles, ce qui simplifie le boulot à plusieurs niveaux. Personnellement, j’ai toujours préféré les bulles rondes, mais c’est lié à ma culture comics. Indépendamment de ça, Sylvain cale assez bien ses textes dans les bulles. Y a quelques césures par-ci par-là que je me serais arrangé pour ne pas faire, soit en faisant des retours à la ligne à d’autres endroits, soit (si c’est possible) en redimensionnant la bulle. Mais pour quelqu’un dont ce n’est pas le métier, je trouve que la qualité est là, surtout quand on considère le nombre d’albums dont il se charge.
Mais là encore, je dirais que le boulot d’un éditeur, ce serait justement d’alléger celui du scénariste en ouvrant une ligne budgétaire et en faisant bosser un studio de lettrage digne de ce nom. Ça gagnerait, à mon sens, en qualité, en souplesse de travail, en confort pour les autres intervenants.
Jim
Alors, oui, je lettre tous les tomes sur lesquels je bosse.
Pour plusieurs raisons.
La première, c’est que ça me permet de caler les bulles dès l’étape du board.
Je m’assure qu’elles composent au mieux avec le dessin.
Ensuite, je peux sentir la manière dont les dialogues et le dessin se répondent, là aussi dès l’étape du board. Parfois, ce que l’on écrit se révèle moins pertinent sur la planche. C’est une question de musicalité. Il arrive aussi que les textes soient tout simplement mauvais. Bref, je checke.
Enfin, gérer et finaliser le lettrage me permet de peaufiner les dialogues, au fil des relectures et corrections. Avec une sécurité : les bulles sont réalisées sur un calque supérieur. On peut donc modifier un texte ou une bulle sans que le dessin ou la couleur soient impactés.
C’est ma décision, soutenue par mon éditeur. Il n’y a pas un studio de lettrage au monde qui m’apporterait plus de liberté ou de justesse dans la gestion du taff.
En ce moment, Sandrine s’occupe de l’étape de la finalisation parce que, justement, j’ai beaucoup de taff.
J’ajoute que les boards eux-mêmes font l’objet d’un gros suivi de ma part. C’est vraiment une étape cruciale, pour que le dessinateur soit dans les meilleurs conditions à l’étape du crayonné puis de l’encrage. Tout ce qui relève de la narration, c’est réglé.
Là encore, c’est mon choix. J’ai cette compétence. Je m’en sers. Ça m’est particulièrement utile quand je suis associé à de jeunes auteurs ou à des auteurs étrangers peu habitués aux codes du franco-belge. Mais même avec des auteurs capés, ça aide.