EDDINGTON (Ari Aster)

En mai 2020, durant la pandémie de Covid-19, à Eddington au Nouveau-Mexique, le shérif local Joe Cross s’oppose au maire Ted Garcia. Cela va déclencher une véritable poudrière dans la petite ville…

Comédie noire/thriller/western
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Ari Aster
Avec Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone, Austin Butler, Luke Grimes…
Année de production : 2025
Date de sortie française non communiquée

Beau is Afraid m’avait complètement perdu. Revoir Aster avec Joachim Phoenix, je ne suis pas sûr que ça me rassure.

Midsommar c’est déjà limite pour moi, je sens trop le gus a mettre dans le même sac que Shyamalan et Peele. Et ouais le surcoté Phoenix c’est clairement pas fait pour que le truc m’intéresse

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Waow. Quel film.

Mais j’ai un souci : je ne sais pas si j’ai aimé. ^^

Je pense qu’il me faudra le revoir pour ordonner un peu dans ma tête ce que je comprends du discours (un brin confus, je le crains) d’Aster avec ce “Eddington”.

Deux arguments contradictoires qui président à ce désir de revisionnage ; pour : c’est beau à se crever les yeux de bonheur (le chef-op’ Darius Khondji, dont j’ai écouté la masterclass sur France Culture cet été, a manifestement adoré bosser avec Aster ; ça se voit j’ai envie de dire). Contre : mais que la mise en place est longue et laborieuse. Les 2 h 30 du film, à mon sens, ne se justifient absolument pas, mais alors pas du tout. La maladie des films actuels : il semble qu’ils recherchent dans la longueur une sorte d’avantage (ça plus la plus-valu spectaculaire du grand écran) sur les autres médias (je schématise mais vous voyez ce que je veux dire). Malgré la longueur de certains plans qui elle se justifie amplement par les choix de mise en scène d’Aster, le film aurait pu à l’aise se dégraisser de trois bons quarts d’heure…

Malgré son côté “on tire allègrement à la ligne”, cette intro n’est pourtant pas dénué de qualités. C’est par moments très drôle, et c’est aussi très méchant (tout du long… et je dirais même : trop ; la fin est d’une cruauté sans nom).

Je ne parle même pas du climax incroyable du film, en deux temps : d’abord une course-poursuite hitchcockienne en diable, puis un gunfight d’une brutalité ahurissante. On pourra toujours mégoter sur le fait qu’Ari Aster s’amuse et nous amuse d’une violence paroxysmique que le film fait mine de déplorer par ailleurs, mais bon, ça c’est un vieux dilemme que le cinéaste américain n’est pas le premier à éprouver.

Le critique Antoine Guillot, qui a détesté cordialement le film (mais alors, vraiment), lui fait quand même grâce d’une grande idée de mise en scène : le récit se déroule pendant le CoViD (et sa période la plus “parano” on va dire, sans jugement de valeurs ; c’est l’un des axes thématiques du film), et tous les personnages doivent donc se tenir à une distance préventive “de sécurité” de quelques mètres pour dialoguer… ce qui confère à tous les dialogues (et Aster se fait un malin plaisir de le souligner par sa mise en scène) des airs de duel de western.

Car le voilà le truc : “Eddington”, sous ses airs de comédie infusée à l’esprit des frères Coen (les différences avec le travail des frangins me semblent néanmoins énormes, sur bien des plans), est surtout et avant tout un western, citation un brin incongrue de John Ford à l’appui (on y regarde “Vers sa destinée” à la télévision…).

Qui trop embrasse mal étreint, dit-on : à vouloir brasser trop de thématiques complexes (paranoia complotiste, délires sectaires, MAGA, GAFAM, j’en passe), Aster donne des airs de grande confusion à son récit. Mais peut-être est-ce le but… Aster cherche peut-être à exprimer sa propre confusion face au climat socio-politique actuel aux Etats-Unis. C’est intéressant, mais ça rend le film assez malaimable.

Hâte de revoir ça pour clarifier un peu mes idées sur ce film pas facile facile à appréhender. En tout cas, après un “Beau is afraid” au final raté dans les grandes largeurs mais passionnant à mon sens par ailleurs, Ari Aster demeure un cinéaste à suivre, et pas qu’un peu. S’il insiste dans le registre de la comédie bouffonne, où il semble commencer à exceller, il a peut-êre un grand film à faire.

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Ouais et dieu sait que l’important c’est pas la longueur du film mais comment on s’en sert

Absolument. Ici, j’ai l’impression qu’Aster se dit qu’en termes de dynamique “tension/détente” on va dire, pour que son climax foudroyant soit plus impactant, il faut qu’il prenne bien son temps pendant les deux premiers actes. Je trouve que c’est foiré car le film est déséquilibré, plombé par cette première heure pas assez dense dramatiquement, malgré ses éclats comiques franchement très réussis.

il serait peut-être temps. A part Hereditary que je crains de revoir il me fait surtout l’effet d’être l’enième réalisateur à se perdre totalement dès un 1er film remarquable et encensée (Midsommar m’a ennuyé et mon allergie à Joaquim Phoenix me fait éviter Beau). Après 4 films c’est quand même un peu long pour voir un oeuvre qui se tient.

(je préfère, a contrario, des cinéastes comme les frangins Philipou qui après un Talk to me d’une bonne tenue, semble apprendre des acquis et balance une mandale qui fait mal avec Bring Her Back)

edit : bon cela dit le Eddington au Pérou me parait quand même vachement beau pour que je me laisse tenter si j’ai le temps d’aller au cinoche (c’est pas gagné)

Peut-être, effectivement, que les promesses d’”Hérédité” (que j’adore et que j’ai revu cet été, justement) ne sont pas tout à fait tenues sur les films suivants (même si j’adore “Midsommar”). Quoiqu’on pense de ses films, sa maîtrise formelle est quand même proprement hallucinante. Ses films sont inégaux voire partiellement ratés, mais il y a toujours à becqueter, on va dire…

J’avoue que si j’avais plutôt passé un bon moment devant “Talk To Me”, je l’avais trouvé assez anodin et un brin oubliable. Par contre, “Substitution/Bring Her Back”… aïe aïe aïe, mazette. Voilà un film qui fait littéralement mal aux dents.

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Brrrrr rien que de m’en rappeler