ELLIS GROUP t.1-3 (Sébastien Latour / Griffo)

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J’ai déjà évoqué le travail de Sébastien Latour à l’occasion de Wisher, un thriller de « fantaisie urbaine » illustré par le très excellent Giulio De Vita. Le scénariste a également signé une trilogie intéressante intitulée Ellis Group, disponible sous forme d’intégrale en petit format.

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Le principe est simple : les immigrants installés aux États-Unis sont passés à Ellis Island, apportant leurs rêves, mais également leurs cauchemars. Et à la faveur de tempêtes psychiques, ces cauchemars parfois s’incarnent, prennent vie, et font l’objet de l’attention du « groupe Ellis ». L’action suit donc l’un des agents de cette officine, qui fait équipe avec le fils de son ancien partenaire. Mais le premier tome réserve une surprise : Deep, le fils en question, capable de voir les auras entourant les cauchemars incarnés… est lui-même un rêve incarné, né de l’esprit de son père. Il n’existe pas, hormis dans l’idéalisation qu’en fait ce dernier.

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Sur ce postulat plutôt alléchant, Latour, associé au dessinateur Griffo, signe un suspense un petit peu confus, notamment à cause d’une mise en scène pas toujours adroite : la présentation de personnages nouveaux ou les scènes de discussion à trois personnages sont rapidement bancales. Rajoutons à cela des placements de bulles plutôt malheureux, et on obtient un premier tome un peu poussif, à la pesante rigidité. En gros, c’est pas clair et pas très vivant, malgré un dessin des plus agréables. Les scènes de parlotte sont un peu longue, et l’ensemble n’est pas très bien raconté. Le travail de Griffo sur Petit Miracle étant nettement plus fluide, on peut sans doute penser que les problèmes viennent du scénario.

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Jim

À l’occasion de son deuxième tome, la série fait peau neuve. En effet, le premier tome était paru sous le titre Ellis, mais à la sortie de la suite, la série est rebaptisée Ellis Group et adopte une charte graphique plus serrée, présentant un gros plan de personnage principal, afin d’unifier les tomes. Le premier volet est donc réédité à ce moment, en 2008, deux ans après sa première édition.

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Les choses s’accélèrent dans ce tome. Deep, qui a pris conscience de son statut (le véritable Deep est mort et lui-même n’est que la version idéalisée dont rêve son père dans le coma), cherche à reprendre l’enquête qui le concernait avant son décès. Dans le même temps, les « abominations » s’organisent afin de frapper le groupe Ellis.

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Les références sont nombreuses, que ce soit à La Rose pourpre du Caire (et fatalement à Last Action Hero) ou encore au Sandman de Gaiman (ces clins d’œil sont en général un peu trop appuyés). La barrière entre réalité, fiction et fantasme est souvent franchie afin d’alimenter le récit. Si l’ensemble est plus fluide, malgré quelques jonctions narratives peu souples, il est également plus décompressé, le dernier tiers de l’album étant consacré à une action vive mais qui manque de dialogues, de sorte que le lecteur se sente peu concerné par ce qui se passe. Dommage, parce que la situation semble bien périlleuse à la fin de l’album…

Jim

Le troisième tome marque la fin de l’affrontement entre le « Marchand de Sable », qui cherche à faire évader son frère, et les troupes du Groupe Ellis.

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Une fois de plus, c’est un peu confus, certains personnages développant des capacités qui sembleraient logique pour peu que certains indices aient été distribués en amont (là, ça fait cheveu sur la soupe). Qui plus est, puisque la série doit s’arrêter, les auteurs s’empressent de faire un sort au destin de Deep et de son équipier. L’intensité dramatique de la dernière scène est à ce titre ruinée pour cause de précipitation, là encore les indices n’ayant pas été disposés au préalable.

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Quelques bulles mal placées et quelques queues de bulles mal dirigées viennent rajouter à la confusion. Dommage, parce que l’idée et ses développements sont pourtant intéressants « sur le papier », mais la mise en œuvre des différentes articulations est des plus maladroites. Une série qui n’est pas à la hauteur de ses promesses.

Jim

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