ESCAPE AT DANNEMORA (Mini-série, Showtime)

L’histoire (vraie) de deux prisonniers qui, après leur évasion d’un pénitencier de l’état de New York, ont été au coeur d’une immense chasse à l’homme et hébergés par une employée de la prison avec qui ils vont tous les deux entamer une relation amoureuse…

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Créateurs : Brett Johnson et Michael Tolkin
Réalisateur des 8 épisodes : Ben Stiller
Distribution : Benicio Del Toro, Paul Dano, Patricia Arquette…
Genre : drame/policier
Format : 8 x 52mn
Diffusion : à partir du 18 novembre sur Showtime

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Je suis en train de regarder ça et je me régale franchement. On savait que Ben Stiller était un très bon metteur en scène (j’ai revu « Disjoncté/The Cable Guy » récemment, et je suis toujours bluffé par l’intelligence de sa mise en scène sur ce film) : il enfonce le clou avec cette mini-série à l’impeccable tenue visuelle.
Et ça faisait très longtemps que je n’avais pas vu Bencio Del Toro aussi impliqué, et tout simplement aussi bon. Patricia Arquette, elle, est tout simplement bluffante.

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Vous m’avez convaincu.

Et précisons que Paul Dano, cinéaste de son état par ailleurs, est tout aussi excellent que ses petits camarades…

Mazette !!! Le plan-séquence de 9 minutes (oui, oui) qui ouvre l’épisode 5 est tout bonnement incroyable.
On se rappelle à juste titre du plan-séquence ahurissant qui concluait l’épisode 4 de la première saison de « True Detective » ; honnêtement, celui-ci lui tient la dragée haute, dans une ambiance certes très différente (ici du pur suspens, soutenu par une musique bien « seventies » dans le rendu).
Rien de particulièrement stupéfiant dans le contenu narratif à proprement parler de la séquence : le perso incarné par Paul Dano y accomplit une action routinière qu’on l’imagine avoir accomplie des dizaines de fois auparavant, comme on l’a vu par fragments dans les épisodes précédents. A la différence près qu’ici l’action est représentée in extenso (ce qui fait que le plan-séquence en question n’a rien de gratuit). Et pour qui aime le sous-genre des films d’évasion (j’en suis, j’adore « L’évadé d’Alcatraz » avec Eastwood depuis tout gamin, et « Un condamné à mort s’est échappé » de Robert Bresson est un des films les plus bouleversants qu’il m’ait été donner de voir…), c’est un ravissement : littéralement de la cellule à l’air libre. Incroyable.
Je ne sais pas qui est le steadicamer qui a accompli cette prouesse technique d’une virtuosité bluffante, mais je lui tire mon chapeau bien bas, sans compter que le plan semble (je crois en tout cas) finalement assez peu se reposer sur des « raccords invisibles » numériques, même s’il y en a quand même (plus quelques manipulations de l’image type accélérations, mais ça passe crème).
Un exercice de style tout sauf stérile, qui renvoie direct et sans rougir aux grandes heures du cinéma dit « maniériste » des années 70.

Y’en a un petit peu plus, je vous le mets aussi ? Comme Ben Stiller (décidément un putain de sacrément bon metteur en scène, si vous me passez l’expression) semble incarner la générosité même, l’épisode (par ailleurs excellent et tendu comme un arc, avec une escalade brutale dans l’échelle des enjeux) se termine par un autre plan-séquence (qui ne fait « que » 7 minutes, celui-là), beaucoup plus facile à réaliser sur le plan technique (en extérieur, à l’inverse des lieux exigus du premier plan, mais c’est bien là que réside toute la beauté de la chose : une vraie idée de cinéma), et reposant sur le jeu des acteurs, fabuleusement inspirés. La sortie, cette valse hésitation, un semblant de menace puis le soulagement, et la prise de conscience… C’est à tomber par terre, vraiment.

Y’a pas à dire : sacrée série, sacrés acteurs, sacré metteur en scène.