FANFICTION, ce que l'auteur a oublié d'écrire

Un bien chouette documentaire plutôt enrichissant et qui s’il ne fait pas le tour de la question, comment le saurais-je puisque je n’y connaissais pas grand chose sur le sujet avant de le voir, en brosse un fort large panorama.

Avec notamment l’intervention d’Alain Damasio, écrivain dont le roman La Horde du Contrevent a fait l’objet d’un concours officiel (si, sis !) de fanfictions et qui défend le droit à des auteurs de s’appuyer sur une oeuvre existante avec leur propre imagination et d’en faire ce qu’ils veulent.
Ou encore Jacqueline Lichtenberg truculente romancière américaine qui nous parle des débuts du « genre » aux USA dans les années 1970 avec Star Trek, et ce qu’on nomme depuis la fanfiction « slash ».

J’y ai appris que 50 Nuances de grey est à l’origine une fanfiction, on y aussi parle des manga yoï, etc.

Bref un documentaire qui stimule quiconque se pique d’écrire de manière amateure, et propose un regard sur tout un pan de la littérature contemporaine (c’est en tout cas ainsi que Anne Jamison considère la fanfiction) souvent ignoré voire regardé avec condescendance.
Et quand on écoute les gens qui en parlent, la manière dont ils le font, fini de vous convaincre qu’il y a là une possibilité de se faire plaisir à bon compte (conte ?).

Ça m’a l’air intéressant, ce petit documentaire…
Merci pour le lien.

Tori.

Bon, le documentaire est pas mal, mais il donne un sentiment de manque.
Par exemple, des mots sont lâchés, comme « fanzine », « fandom », voire « geek », « mainstream », « BDSM », tout ça. Sauf que personne n’explique ce que c’est, tenant pour acquis que tout ce vocabulaire est connu du téléspectateur. Sauf que, selon moi, ça aurait nécessité un petit rappel bien clair.
De même, je crois que préciser que l’activité du fanzinat n’a pas démarré avec Star Trek.

Après, il y a plein de petites fulgurances intéressantes. J’ai appris d’où vient le terme « slash » (décrivant les fan fictions homo-érotiques). Il y a des petites piques envers la France, notamment au sujet du fait qu’on n’y étudie pas (ou pas autant) la littérature populaire comme aux États-Unis.

Mais l’un dans l’autre, ça me semble un peu passer à côté du sujet. L’évocation de la notion de copyright ne me semble pas tellement approfondie, par exemple. C’est d’ailleurs dommage, parce qu’il me semble que cette spécificité légale américaine permet la naissance d’univers partagés qui, reconnaissons-le, sont des vastes fan fictions officialisées. Pareil pour la rémunération des auteurs.

Bref, j’ai un peu le sentiment qu’on aurait pu dire tellement plus…

[quote=« Vik »]Fredric Wertham n’est pas mort!!!

actualitte.com/article/mond … aves/64905

« A la limite, ça fout la trouille! »[/quote]

Dans le documentaire, une chose m’a frappé.
On voit une nana qui raconte comment elle a concilié sa formation de latiniste avec ses lectures « pop culture », on va dire. Elle et une copine latiniste, elles ont organisé un colloque sur les liens entre Robin Hobb, Alain Damasio et d’autres avec les mythologies antiques (je ne sais plus les détails). Et en expliquant, elle disait que l’une de leurs motivations, c’était de trouver une légitimité qu’elles estimaient inexistante.
Bon, bien entendu, ce genre de recherches, c’est également un moyen de concilier deux domaines qui crée des tensions, de la schizophrénie, un écartèlement.
Mais au-delà du règlement d’un problème purement personnel (mettre en harmonie les différents aspects d’une même vie), ce que je vois derrière, c’est que la situation est toujours la même. De génération en génération, on a de nouvelles strates culturelles qui ne sont pas reconnues et qui cherche la reconnaissance. Le combat n’est pas fini, la ligne de front ne fait que se déplacer.
Après, la reconnaissance en question, ça signifie quoi ? Un désir d’appartenance ? D’intégration ? C’est pas réellement de la contestation, je crois…
Mais que le combat continue, ça peut surprendre. À l’écoute du documentaire, ça m’a fait sursauter, et je me suis rendu compte que je pensais que les guéguerres contre la pop culture étaient de l’histoire ancienne. J’avais été emporté par un excès de naïveté, honte à moi.
Car il n’y a pas de raison pour laquelle ça doive s’arrêter. Il y aura toujours des productions (ici destinées à la jeunesse, mais pas seulement) qui seront accusées de tous les maux). Le front se déplace, c’est tout.

Jim

J’ai ressenti la même chose après le visionnage…
Et, comme toi, j’ai trouvé dommage que le jargon ne soit pas plus expliqué.
De plus, ça s’est beaucoup intéressé au côté occidental du phénomène, et assez peu au côté japonais (alors que beaucoup d’auteurs japonais ont commencé par du fanzinat, qui est une véritable institution au Japon).
Mais ce documentaire a tout de même le mérite d’exister.

Je trouve assez intéressant, au passage, de voir que le documentaire trouve son (sous-)titre dans la bouche d’un collégien (ou lycéen, j’ai un doute)… La formule est plutôt jolie, je trouve.

Ni les fan fictions… Je pense qu’on peut en trouver de Sherlock Holmes, par exemple, bien plus tôt.

Tori.