Un petit mot récapitulatif sur cette réédition d’une saga mémorable des FF : c’est une lecture que je recommande fortement, y compris et surtout pour ceux qui n’auraient jamais lu ces épisodes.
Mais un petit bémol d’abord : la traduction. Elle est globalement très bonne, et j’apprécie même certains « archaïsmes » qui me propulsent direct en enfance à nouveau (« crénom ! », tonnerre !"…). Par contre l’abréviation « QF » alors que les traductions du temps de Nova se permettaient le petit anglicisme « FF », et surtout le « clobberin’ time » qui devient « ça va castagner » en lieu et place du mythique « ça va chauffer », ça m’a dérangé un peu… mais je pinaille, globalement c’est du bon boulot.
La saga en elle-même est monstrueuse, avec une galerie de persos mémorables. Fatalis bien sûr, mais j’y reviens plus loin, le Fantôme Rouge (je n’oublierai JAMAIS mon premier contact avec ce perso via le dessin animé à l’époque), Diablo (je n’ai jamais compris l’assertion de Lee comme quoi c’est le pire perso qu’il ait jamais créé, franchement à mon sens il a fait bien pire en de nombreuses occasions…), Darkoth (un « méchant » maudit dans la plus pure lignée de Lee ou Thomas), Wyatt Wingfoot (un exemple de perso secondaire intéressant comme on n’en fait plus), etc…
Et Fatalis, donc, au centre de l’histoire. J’adore le Fatalis de Wolfman, il est le pont parfait entre celui de Lee et Kirby (beaucoup d’éléments scénaristiques renvoient à un arc assez tardif dans leur run, ou les FF sont en Latvérie et on découvre un peu le « quotidien » de Fatalis, il y pose pour un peintre notamment, comme ici pour Alicia Masters) et celui de Byrne (les épisodes à Liddleville où Fatalis joue des oeuvres classiques au piano comme un virtuose, ça vient de là en fait ; voir aussi le fameux épisode sans FF où l’on suit Fatalis sur une journée, un des sommets de la série à mon sens).
A la fin, un peu dans l’esprit des premières apparitions du perso, mais aussi un peu à la Fletcher Hanks (et ses vilains punis de façon démesurée), un destin qui doit beaucoup à la tragédie grecque (quelle idée sublime de Wolfman, franchement) vient frapper ce Vilain hors-normes, dont je déplore qu’il ne soit plus du tout écrit de manière aussi intéressante depuis…Byrne, peut-être (Simonson ?).
Et peut-être plus important encore, j’adore le traitement de Red, à la fois savant génial, baroudeur, forte tête, explorateur, super-héros (même s’il est présenté à juste titre comme le plus « faible » des FF, la saga montre que ses pouvoirs lui sont indispensables, malgré son génie) ; ça change radicalement du Red contemporain trop passif à mon goût.
Et là encore, Byrne ira chercher des choses chez Wolfman pour caractériser son Red (magistral aussi).
Un mot sur la partie graphique : Pollard associé à Sinott, c’est parfait de classicisme pour ce titre, une sorte de mélange / compromis entre l’approche Kirby et l’approche Buscema : solide.
Bon, ben il reste plus qu’à publier le saga de Xandar avec le Sphinx et Galactus, maintenant…!