Mille bravos photo, c’est super bien présenté, clair, concis, plein de ton plaisir de lecture. J’adore. Je vais le sauvegarder illico d’ailleurs
Il fallait au moins ça sur ce forum pour saluer ce magnifique opus. Et je trouve d’ailleurs que tu concèdes un peu trop rapidement sur l’écriture « compliquée » de morrison, même si je comprends bien que l’angle didactique du tread le nécessite. Je chipote. Vraiment merci camarade.
J’aime énormément final crisis, mais je crois l’avoir déjà mentionné, Œuvre centrale de l’écossais - mais depuis les invisibles, en fait il d’autres, en a t il jamais fait d’autres ? – final crisis est au carrefour de l’œuvre mainstream de morrison, de la jla à seven soldier ; de son œuvre indé, filth, invisible et cet entre deux qu’est flex ; de l’histoire de dc avec les crisis et bien sur de l’histoire du kirby verse (made in dc)
Tu as déjà dis tout cela. D’ailleurs, j’aime beaucoup ce que tu signales à savoir que la complexité des œuvres de morrison est passée des œuvres connotées indé à celle connotées mainstream. Je crois n’avoir jamais fait ce lien qui est pourtant flagrant. Comme est flagrant le parallèle avec rock of ages, qui lui m’avait déjà frappé mais pas au point qu’il m’a frappé à nouveau à te lire.
Final crisis est avant tout, je crois, même si ce qui est avant ou après n’a pas grand intérêt quand le temps s’effondre, mais final crisis est avant tout donc une lettre d’amour, la plus belle lettre d’amour que je connaisse à l’œuvre du king.
Final crisis fait de l’histoire de dc, une histoire de kirby avec au commencement antro, à la fin kamandi, en passant par omac et the fourth world, et je suis sur en passant par tout ce que kirby a pu écrire pour dc mais que n’ayant pas lu, je n’ai pas pu repérer.
Mais repérer est sans importance.
D’ailleurs à ma première lecture de final, je n’avais pu les repérer puisque c’est final qui m’a lancé comme une fusée, comme la balle remontant le temps de darkseid, de final à kirby. Et de ne pas avoir alors repéré tout cela n’avait en rien diminué le plaisir de ma première lecture, mais cela n’a fait par contre que renchérir le plaisir de chaque nouvelle lecture de final après chaque lecture du king après chaque lecture de final, après chaque etc
Apparté pour Benoit, ce qui est tiré d’omac, c’est tout ce qui concerne checkmate omega auquel participe the question/montoya.
Final, en même temps qu’elle ponctue les crisis de dc, affirme que l’histoire de dc c’est kirby qui l’a raconté. Il ne faudrait pas en conclure une dévalorisation de l’univers dc en lui-même, ce serait vraiment se tromper sur l’amour que morrison porte à cet univers.
Ce à quoi il faut être sensible, je crois, c’est que morrison témoigne ce faisant de la lecture mythique qu’il fait de cet univers, de l’effet mythique que cet univers eut sur lui enfant, de la nature mythique du super heros, qui a mon avis n’est absolument pas donné de soi, mais que nul autre que kirby a mieux su incarner dans ses histoires.
Il serait vraiment intéressant de joindre à ce texte sur final un autre sur seven soldiers, qui pour le coup est assez essentiel à final et qui creuse le cillons de cet hommage au king. Travail pour plus tard.
Je pinaillerais sur ceci : je ne dirais pas que l’écriture elliptique est plus inductive que déductive. Je dirais plutôt, par exemple, qu’elle est productive. Je vais bien sur développer ce qui pourrait paraître être une franche nuance d’intello.
L’ellipse de morrison n’est pas inductive. Inductif après tout n’est qu’une autre façon de dire déductif, à marcher à rebours. L’ellipse chez morrison est réelement de nature poétique en tant qu’elle produit, qu’elle évoque un sens nouveau, un autre sens qui ne pourrait exister dans une narration sans ellipse.
Bien sur, aucune narration bd n’est sans ellipse, et je crois d’ailleurs qu’aucune narration n’est sans ellispe : disons que morrison use de son effet là où tant d’autre tente de l’amoindrir.
Hickman par exemple dans son run sur les ff, utilise une ellipse très pauvre, en ne racontant pas certains passages de son histoire, ce qui a pour conséquence que le lecteur court derrière les perso qui en savent plus que lui, ce qui n’est pas une franche réussite à mon goût, du moins à ce niveau là.
Les ellipses chez hickman ne racontent pas quelque chose. Elles ne racontent pas : quelque chose.
Les ellipses de morrison ne sont pas faites de ce qu’il ne raconte pas, pas vraiment. Certes il ne raconte pas tout, mais ce faisant il raconte autre chose, il raconte : pas quelque chose, par exemple il raconte les pas de superman dans un autre monde.
Les ellipses de morrison provoquent un plaisir de lecture inédit, qui ne peut pas être, à mon sens, ramené à des questions d’induction ou de déduction. Il explore la capacité narrative de la bd au-delà des effets d’induction et de déduction. L’ultime chapitre de final est à ce titre un monument de la narration bd.
Alors oui cela peut perdre. Oui cela empêche de tout comprendre. Indubitablement. Mais précisément parce que ce n’est pas inducto-déductif.
Et comme je l’ai déjà dit « ne pas tout comprendre » est un plaisir en soi. Ce n’est donc pas une affaire de narration compliquée ou de sur intellectualisation, c’est une affaire d’évocation, d’ambiance, d’intuition, de beauté, d’émotion. D’idées aussi bien sur, de références, pourquoi pas : mais il faut préciser alors que les références n’aident pas à mieux comprendre, elles prolongent juste le plaisir de la lecture en le liant à d’autre lecture, celles qui viendront après et non pas celles qui seraient nécessaires d’avoir faites avant.
Alors, est ce à une lecture sans fin à laquelle nous inviterait morrison ?
Il nous invite en tout cas à une lecture qui triomphe de la fin, d’où le final de final crisis. La fin des crises, c’est la fin des fins.
A ce titre mandrakke n’est pas comme tu le dis, du moins je pense, « les mauvais penchants du scénariste », cela darkseid l’incarne sans doute très bien tout seul, il est, comme tu le dis aussi, l’incarnation narrative de l’entropie, soit la fin elle-même.
Mais on peut sans doute être plus précis, on peut même faire des parallèles avec la relativité, mais vu que j’ai déjà été bien trop long je vais résister ( et parce que j’écoute barney, même si lui, je suis moins sur) : qui sont les monitors ? Qui sont ces êtres contaminés pas une histoire et qui, parce qu’ils sont contaminés par une histoire, en deviennent conscient ? Qui sont ils, sinon des lecteurs ? Après tout, ne faut pas lire une histoire pour se faire contaminer par elle, pour être lecteur, pour être conscient.
La fin, Mandrakke, c’est le lecteur, celui dont le point de vu subjectif entraine l’entropie, comme dans la relativité (oups, j’ai pas résisté, finalement barney t’as bien raison de pas m’écouter). C’est le lecteur qui attend la fin et qui jouit des tourments des super héros. C’est le lecteur qui comme les monitors devient accro à la continuité des histoires et qui veut sa fin chaque mois pour en reprendre le mois d’après.
C’est le lecteur encore, les lecteurs, du moins c’est en leur nom, que dc a fait les crisis pour alléger la continuité.
D’où cette question : Final raconte t elle l’histoire de la libération des super héros de leur lecteur ?
Deux versions alors :
Une dirait que c’est l’histoire de la libération des super héros des attentes avides des lecteurs du grim and gritty. Une libération du réalisme avec un pacte renouvelé qui poserait, du fait que toutes les fins étant pour de faux, que le « à suivre » étant pour toujours, que le happy end étant garantit, qui poserait donc qu’il n’est pas nécessaire de faire croire au pire. Il s’agit de jouer avec la fin, et non d’en jouer, pour renouer avec le sens of wonder.
Une seconde dirait que c’est bien les lecteurs qui condamnent les super héros à la répétition et qui fait que final crisis est en fait l’unique histoire des super héros. Encore et encore et encore…
Vu les propos défaitistes de morrison à propos d’un batman qui ne pourrait échapper à l’ombre, je crois que morrison s’oriente de plus en plus vers la seconde version.
Tragédie d’un auteur qui cherche à écrire une histoire qui serait libérée de ses lecteurs.