(je ne sais franchement pas où mettre ces divagations, hésitez pas à déplacer si nécessaire)
Histoire de me détendre un peu alors que je viens à bout de mon bilan comptable, je vais vous causer du Tommy Westphall Universe. Si vous ne connaissez pas vous allez voir c’est marrant, si vous connaissez hé bien tant pis j’ai envie d’en causer.
Le Tommy Westphall Universe est un univers fictif incroyablement fourni en personnage et qui a la particularité d’être univers fictif au sein d’un autre.
Mais c’est qui Tommy Westphall me diriez-vous ? Très bonne question vous répondrais-je.
Hé bien Tommy Westphall apparaît pour la 1ère fois dans la série St Elsewhere en 1983 à la télévision américaine et il est interprété par Chad Allen. Tommy est un personnage mineur qui apparaît dans 17 épisodes sur les 137 qui composent la série et il est le fils du docteur Donald Westphall (Ed Flanders) qui lui est un des personnages principaux de St Elsewhere.
Au fait c’est quoi St Elsewhere ? Excellente question vous répondrais-je (bravo).
Hé bien si Hill Street Blues a révolutionnée la série policière (et la série tout court) au début des années 80 et si La Loi de Los Angeles s’est chargé de moderniser la série judiciaire, St Elsewhere (1982-1988) fut celle qui modernisa la série médicale. Au passage les trois séries furent toutes diffusées sur NBC, tout comme à la même époque Cheers et Golden Girls puis ensuite Senfield, Friends, Urgences et Frasier etc. NBC c’est le HBO de l’époque en gros.
Créée par Joshua Brand et John Falsey (qui ensuite créèrent les formidables Bienvenu en Alaska ou bien Les Ailes du Destin), St Elsewhere raconte le quotidien des médecins, infirmiers, aide-soignants de l’hôpital Saint Eligius. Tout comme Hill Street Blues, la série a un énorme casting, présente ses personnages non comme des héros mais des gens normaux, aborde des questions de société et se compose d’arc narratif courant sur plusieurs épisodes. La série dura 6 saisons est il est évident que sans elle, il n’y aura pas eu Urgences ou Chicago Hope ensuite.
Mais revenons-en à Tommy Westphall. Tommy est un personnage mineure de la série mais révèle son importance à la toute fin de celle-ci. En effet le dernier épisode, The Last One, est connu aujourd’hui pour sa dernière scène assez renversante : Donal Westphall pense à son ami et mentor qui vient de mourir tandis que son fils regarde la neige tombée à travers la fenêtre du bureau de son père, soudain la scène change et on retrouve Tommy dans un salon en compagnie de Daniel Auschlander (le mentor décédé). Donald entre alors, mais un Donald différend qu’on devine ouvrier sur des chantiers de construction. Il regarde son fils et s’ensuit le dialogue suivant :
Father: « Hi Pop, how you doing? »
Grandfather: « Good. How was your day up on the building? »
Father: « Well, we finally topped off the 22nd story. And I’m beat. How’s he been? ( referring to Tommy ) He give you any trouble? »
Grandfather: « He’s been sitting there ever since you left this morning, just like he does every day. World of his own. »
Father: « I don’t understand this autism thing, Pop. Here’s my son, I talk to him, I don’t even know if he can hear me. He sits there, all day long, in his own world, staring at that toy. What’s he thinking about? »
Donald demande à son fils de venir diner et Tommy pose alors le globe qu’il observait sans arrêt. La caméra effectue alors un gros plan et nous découvrons que l’hôpital Saint Eligius se trouve à l’intérieur du globe. Fin de la scène, fin de la série qui se termine donc une mise en abyme assez renversante : Toute la série serait l’invention d’un jeune garçon autiste
St Elsewhere’s Snow-Globe Ending
Mais attendez donc un peu, ça va plus loin et c’est là où le Tommy Westphall Universe devient une idée renversante. Si tout ce qu’il se passe dans la série est une fiction inventée par ce garçon, tous les personnages existant le sont ? Or il se trouve qu’un épisode est un crossovers avec Cheers, donc Cheers est aussi imaginé par Tommy ! Donc Frasier aussi ! Attendez, attendez, deux personnages de St Elsewhere apparaissent dans Homicide, Life in the Street de Tom Fontana (lui-même producteur de St Elsewhere). DONC Homicide fait partie de l’univers de Tommy, mais alors John Munch aussi ? LE John Munch qui apparaît dans plus d’une dizaine de séries différentes. Donc Law&Order (toute les séries L&O), Arrested Development, X-Files (et Millennium et Lone Gunmen), The Wire, 30 Rock, Kimmy Schmidt etc. proviennent de l’imaginaire de Tommy
Le Tommy Westphall Universe ! l’univers de nombreuses séries télévisés au sein de l’esprit d’un jeune garçon
La théorie a de quoi être assez réjouissante et beaucoup s’amusent à trouver le plus de connexion possible entre les séries télévisés en étirant un peu l’idée (par exemple plusieurs acteurs de St Elsewhere se retrouve à l’occasion d’un épisode de Scrubs donc Scrubs fait partie du TWU).
Ce qui est rigolo c’est que Dwayne McDuffie en a fait l’objet d’un de ses articles de blog pour parler de la continuité dans les comics (avec un comparaison assez truculente : St Elsewhere est le Kevin Bacon de la série télé)
C’est là : Welcome to Slushfactory.com: A Pop Culture Extravaganza
Du coup ça ma fait tilt tout à l’heure quand j’ai revu la scène de fin de la série quand une connaissance m’en a parlé dans le cadre d’une discussion sur les finals assez dingue de séries télés (au passage ma série préférée de tous les temps, Babylon 5, use aussi de ce stratagème puisque les premières secondes du générique final révèle que tout ce que nous avons vu était un documentaire sur Babylon 5)
Ca ma fait tilt donc. Un gamin qui imagine tout un monde qui évolue à l’intérieur d’un globe, d’une bulle. Bon j’ai plus trop le récit en tête mais….
Voilà. Il faudra que je relise à l’occasion, je me dis que mine de rien ce final a infusé un peu durant les années qui ont suivi. Même si l’idée du « en fait tout est imaginé » est le ressort pratique pour scénariste en panne, il n’empêche qu’il y a une imagerie commune qui m’interroge.
Bon sur ce c’est pas tout cela, j’ai un dodo à faire avant de replonger dans le bilan.
(je sers la comptabilité et c’est ma joie)