Quelle étrange roman, tant que la forme que sur la manière dont c’est écrit (enfin, pour moi !)
C’est une oeuvre de jeunesse de Wagner (20 ans), qui a été retrouvé dans ses archives. Donc, pas corrigée (bon, ils auraient pu éviter les quelques fautes de frappe quand même), pas retouchée et qui avait deux fins. les Moutons ont mis les deux, et j’avoue avoir, de beaucoup, préféré la seconde.
Donc, en fait, le narrateur et « héros », loubard du début des années 80, quasi SDF (enfin, il squatte à droite et à gauche), sans emploi et qui ne cherche pas à en avoir, qui traficote à droite et à gauche, est envoyé (je ne dis pas comment, c’est dans les deux fins) dans un Berlin de 1923, où l’événement de la Toungouskaa provoqué un arrêt de la rotation de la Terre. Et donc, Berlin se retrouve dans une zone sombre, en permanence. Baragouinant à peine l’Allemand (comme moi avec l’Anglais), il va se retrouver enrôlé dans une bande de mafieux locaux, dans un environnement étrangement très codifié et régulé… évidemment, cet équilibre va vite bouger…
Alors, le phrasé est surprenant, mais logique. Moi, j’aime bien le ton titi parisien, j’aime bien le vocabulaire fleuri et ça s’y prête. Et comme c’est le héros le narrateur, ses lignes de dialogues sont souvent ponctué par un « j’ai dit », et je trouve assez rigolo.
J’aime bien aussi le déroulé de l’histoire, avec un côté récit noir (Borsalino, tout ça…), ponctué d’éléments SF, qui se raccrochent beaucoup sur la partie finale.
Il y a quelques chapitres d’introspection, c’est assez surprenant (ou alors, c’est parce que j’en lis pas assez), qui se répètent peut être un peu (mais encore une fois, l’histoire est un brouilon).
En tout cas, je ne me suis pas ennuyé, ça se lit très facilement, et c’est très rythmé.
A noter que les Moutons précisent que c’est sur une idée de Michel Ruf, mais ne savent pas vraiment jusqu’à quel niveau. Il indique aussi regretter l’aspect phallocratrique, mais j’avoue que pour un récit se situant dans les années 20, ça ne me surprend pas trop. Mais je me trompe peut être.
Il précise qu’il y a une scène de sexe crue et gratuite au début. je m’attendais à quelque chose de plus conséquent, et là aussi, vu l’état dans lequel est le perso, c’est pas étonnant (et puis ça dure même pas un paragraphe, donc on passe vite à autre chose). Pour moi, l’aspect Phallocratique vient plus de là, en encore (puisque consentement, visiblement). Plus étonnant, en revanche, c’est que quelque chose, du moins l’attitude, qui ne réapparaît pas dans le récit. Il parle de gratuité de l’acte (enfin, de l’écriture), et là-dessus, je comprends leur avis. Toujours est-il que je m’attendais à des horreurs, et qu’en fait il y a une ligne ou deux. Donc, ne vous arrêtez pas à ce que dit la préface.