FRISSONS (David Cronenberg)

REALISATEUR & SCENARISTE

David Cronenberg

DISTRIBUTION

Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Barbara Steele…

INFOS

Long métrage canadien
Genre : horreur
Titre original : Shivers
Année de production : 1975

…everything is sexual…

Frissons débute par une vidéo commerciale dans laquelle une voix-off neutre énumère tout ce que propose le complexe d’appartements de luxe qui sera le décor quasi-unique du film. Le Starliner Towers est même comparé à une « île » par le représentant de l’immeuble, un organisme qui se suffit à lui-même et qui procure tous les services possibles à ses habitants. David Cronenberg fait bien entendu de ce lieu une société en miniature qui va progressivement voler en éclats…

Le futur réalisateur de Vidéodrome et de La Mouche n’attend pas longtemps pour installer un certain malaise. Pendant qu’un couple se fait vendre les mérites de l’immeuble, un drame horrible se joue dans l’un des appartements. Une jeune femme est étranglée par un homme d’âge mûr. Il la dénude, l’éventre et lui verse de l’acide dans la plaie avant de se suicider. Il cherchait quelque chose…un mal qui s’est déjà propagé…

Comme souvent chez Cronenberg (et ce sera l’un des thèmes principaux de son cinéma), ce mal vient de l’intérieur, les pulsions humaines étant exacerbées par un parasite transformant ceux qu’il infecte en maniaques sexuels. Malgré le budget minuscule, les effets spéciaux restent plutôt efficaces. La bébête est une sorte de limace répugnante, un étron ambulant se baladant de corps en corps, ce qui est montré soit de façon suggérée (la scène du bain avec l’icône de l’horreur Barbara Steele, l’actrice la plus connue de la distribution), soit plus frontalement.

La première partie du métrage est un peu lente mais ce faux rythme a un côté clinique, une froideur qui colle bien à l’atmosphère travaillée par le réalisateur (et le fait qu’il n’y a pas de musique composée, là encore à cause du manque de moyens, participe à cette impression). Plus la contagion se répand, plus le métrage se fait intense, violent et dérangeant. Il y a quelques maladresses dans la réalisation de David Cronenberg (les ralentis par exemple), qui tournait là son premier film pour un (tout petit) studio après ses essais expérimentaux et auto-produits (Stereo et Crimes of the Future), mais aussi de bonnes idées, des choses très intéressantes qui ont posé les bases des oeuvres à venir.

Glauque, charnel et troublant, le dernier acte prend aux tripes, avec son emprunt visuel à La Nuit des Morts Vivants avant la libération orgiaque de l’inoubliable dernière scène. Pas vraiment la dernière en fait…car comme le montre l’ultime plan, l’influence du parasite ne restera pas confinée aux murs du Starliner Towers.

2 « J'aime »

Un film qui aura décidément frappé bon nombre de cinéastes de cette génération (que l’on pense à Carpenter et son « Assaut »).
Concernant « Frissons », et la filmographie ultérieure de Cronenberg en attestera, on peut aussi relever l’influence de « IGH », le roman de Ballard qui sera adapté (de manière pas très convaincante au final) par Ben Wheatley, où le microcosme d’un immeuble en apparence « insulaire » (autonome, quoi) bascule dans la sauvagerie.

Influence inconsciente peut-être puisque le bouquin de Ballard est sorti la même année que Frissons. J’ai lu je sais plus où que l’adaptation avait aussi été proposée à Cronenberg mais qu’il l’a refusée parce qu’il avait « en quelque sorte » déjà fait un film sur le sujet…

J’ai découvert ce film grâce à un ami qui le possédait en VHS et la jaquette (une photocopie en n&b de celle-ci) m’avait marqué.

frissons

Cette image possédait déjà un caractère assez sulfureux. Et le début du film confirma qu’une certaine forme de cinéma était pour moi !

Une fois mes parents couchés, je me suis fait un double programme avec Frissons et Massacre à la Tronçonneuse. Sacrée nuit !

Ah bon ? Au temps pour moi, j’étais persuadé que « IGH » était sorti deux ou trois ans plus tôt.

Laurent Melki :

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