**[size=150]L[/size]**orsque le gouvernement américain a besoin d’une équipe de super-héros, où pense-t-il les trouver le plus facilement ?
Dans les prisons bien évidemment.
Mais des super-vilains peuvent-ils s’amender en faisant le Bien, et obtenir ainsi une libération conditionnelle anticipée ?
Voilà la question centrale du Projet Liberté.
L’idée de The Liberty Project est née aux environs de 1984 ; Kurt Busiek travaille alors pour Marvel Comics et la rumeur du moment dans les couloirs de la Maison des Idées est que la série Captain America va être annulée.
Kurt qui aime beaucoup le personnage, discute du sujet avec son ami James Fry et les deux compères se mettent à développer une idée.
Toutefois il faut savoir, avant de poursuivre nos investigations, que le personnage favoris de Kurt chez Marvel, a toujours été Hawkeye.
Pour la simple et bonne raison dira-t-il, que c’est un personnage qui veut devenir un héros, et ce malgré les vicissitudes qui l’en empêchent.
Ceci étant dit, revenons à nos moutons, noirs en l’occurrence les moutons.
L’idée de Kurt Busiek pour relancer la série est de faire de Captain America le responsable d’un projet de réhabilitation en vue de donner une chance à des super-vilains adolescents à qui on permettrait de mettre leur(s) pouvoir(s) au service du Bien ou plus « prosaïquement », de la société.
Nonobstant, l’idée n’eut pas l’heur de plaire aux responsables de la Maison des Idées qui selon certains mettait Captain America au second plan dans sa propre série.
Toutefois, Tom DeFalco alors en charge de la destinée de Captain America, encouragea Kurt Busiek à développer son idée mais, sans Captain America.
Ce qu’il fit donc avec son ami James Fry.
Le résultat de leurs cogitations prit la forme d’un dossier de près de 50 pages où étaient consignés : croquis de personnages, descriptions, intrigues, etc.
Finalement c’est Eclipse Comics qui pour diverse raisons, publiera la série. Marvel était entre autre, alors trop occupé avec le New Universe et ses retombées.
Ce qui ne sera pas une mauvaise chose puisque Eclipse laissera aux deux auteurs la propriété de leurs personnages et les impliquera dans la phase publicité et communication.
Publiée à l’origine en 1987 et 1988 sous la forme de 8 fascicules, cette série oubliée ou presque (?), est sortie bien avant les projets qui feront la renommée de Kurt Busiek tels que Marvels ou Astro City.
Cependant : « Ce fut la première série où je suis arrivé à jouer avec un certain nombre de mes obsessions récurrentes, sur les personnages et sur la narration, » nous dit Kurt Busiek. « Liberté Project a été la première série à suivre que j’ai créée, et les thèmes que James Fry et moi avons explorés sont depuis apparus dans plusieurs des séries sur lesquelles j’ai travaillées par la suite ».
« L’idée de super-vilains envisagés en tant que héros en devenir était le concept central de la série Thunderbolts. Et ça a été une partie de celui d’Astro City ou de Power Company, voire des Vengeurs quand je travaillai dessus. Je ne sais pas pourquoi je suis tellement intéressé au thème du rachat. »
Malgré un thème grave, The Project Liberty n’est pas plombé par un trop grand sérieux ni par l’injection d’une ambiance grim and gritty alors que la fin des années 1980 se prêtait bien aux séries de ce genre.
Au contraire, la série tente de combiner une bonne tranche d’optimisme, de l’action, le tout patiné d’une bonne dose de soap-opera.
Et elle y réussit.
L’équipe est au départ composée de Slick un jeune homme capable de rendre les surfaces glissantes, un pouvoir qui a déteint sur sa personnalité (ou peut-être est-ce l’inverse ?), de Burnout, une jeune adolescente un peu instable dont le pouvoir est la pyrokinésie, de Crackshot un inventeur de génie et un tireur d’élite hors pair, et enfin de Cimarron, une jeune femme très sexy et super forte, …
Pas d’ambiance sinistre & violente pour The Liberty Project disais-je ; en effet les aventures de ce groupe de super-vilains en quête de rédemption sont placées sous l’égide de la bonne humeur et du dynamisme, voire de l’humour.
Le dessins traduit assez bien cette volonté : dynamique (justement), un peu rond, voire cartoony, il n’est pas sans rappeler celui de Mark Bagley par moment.
Les huit numéros de la série se lisent très bien et ne sont pas sans rappeler et pour cause, les aventures des Thunderbolts l’équipe créée par Kurt Busiek & Mark Bagley chez Marvel Comics dix ans plus tard.
C’est en tout cas un bien chouette moment de lecture que j’ai passé avec ces héros, des héros que vous avez peut-être oubliés !?