GEN D'HIROSHIMA t.1-10 (Keiji Nakazawa)

Quel journaliste d’investigation tu fais.

Demain je te donne le thème de la soirée déguisée de samedi au Camping “Les violettes” de St Hilaire de Riez

A l’été 1977, Alan Gleason, un jeune Américain fraîchement débarqué à Tokyo, se rend à vélo dans une grande maison louée par une bande d’étudiants japonais et étrangers, « des jeunes hippies dans leur vingtaine », comme lui, qu’il vient de rencontrer. Ayant quitté la fac aux Etats-Unis et sans plan de carrière, il a décidé de revenir là où il a passé une partie de son enfance et d’étudier la musique traditionnelle japonaise.

En franchissant le seuil, il entend du bruit à l’étage. « Ils étaient affairés autour d’une longue table. Ils tenaient un manga et ils essayaient de traduire les bulles de dialogue. L’un d’eux, un Américain, me demande si je parle anglais. J’acquiesce et il me dit “on a besoin de ton aide, on doit éditer et vérifier la précision du lettrage. Allez, dépêche-toi” », raconte au Monde celui que cette lecture va fortement « impressionner ».

C’est ainsi qu’Alan Gleason, traducteur, est devenu une cheville ouvrière du « Gen Project », une vaste entreprise lancée par Masahiro Ooshima pour traduire le manga Gen d’Hiroshima, de Keiji Nakazawa, et le faire connaître aux Etats-Unis.

Le « Gen Project », lui, s’avère assez colossal et très artisanal. Il faudra environ un an aux bénévoles pour venir à bout du premier tome de Gen et une autre année pour achever l’adaptation du deuxième des quatre volumes existant à l’époque. Il faut refaire les onomatopées, le lettrage et revoir le sens de lecture pour qu’il se lise à l’occidentale, de gauche à droite, comme l’explique Frederik L. Schodt, associé à la traduction du tome II : « On découpait les cases et on les réorganisait sur la page », détaille-t-il lors d’une interview en visioconférence. Par chance, « le style et le découpage très orthodoxe de Keiji Nakazawa » leur évitent de trop grosses manipulations.