GOD BLESS AMERICA (Bobcat Goldthwait)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

10 octobre 2012

REALISATEUR & SCENARISTE

Bobcat Goldthwait

DISTRIBUTION

Joel Murray, Tara Lynn Barr, MacKenzie Brooke Smith…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie
Année de production : 2011

SYNOPSIS

Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.
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Extrait :

J’ai vu le film cette semaine un peu par hasard, sans trop savoir à quoi m’attendre, et j’ai vraiment bien aimé. A mi-chemin entre critique acerbe et déprimée de la société à l’heure des shows de télé-réalité (avec tout ce que ça implique) et comédie gonflée, le film se laisse regarder, sans compter que s’il n’est pas vraiment subtil, il aligne quand même quelques belles idées…

Le canevas du film, c’est le film du couple de serial-killers, genre « Honeymoon Killers » ou « Badlands » de Malick, voire « Tueurs-nés » d’Oliver Stone. La bonne idée, c’est d’injecter ici une dose de déviance, puisque la fille est à peine une ado, avec tout le trouble que cela induit pour le perso principal (et le film ne manque pas de jouer là-dessus). C’est astucieux de livrer le perso au questionnement moral, lui qui a décidé de livrer de si radicales leçons de morale à la Terre entière. Car oui, au-delà du jeu de massacre jouissif, l’auteur (que je connaissais pas ; il a été acteur dans les…« Police Academy » !!!) livre une réflexion sur le mode de pensée du « héros », attachant mais criblé de défauts.

Pour le reste, le film est en grande partie une mise en boîte féroce (et parfois franchement hilarante) de ces « stars » de la télé qui existent le temps d’un buzz idiot à base de pétage de plomb d’enfant gâté et de performances artistiques affreusement nulles et glauques. C’est vrai que c’est drôle, mais l’objet des attaques du film (cette médiocrité ambiante qui s’affiche à la télé à toute heure) constitue quand même la limite de l’exercice : c’est en fait à peine un sujet de réflexion, à mon sens. Une critique portant sur un objet insignifiant a des chances d’être limitée dans sa portée…

C’est là la limite du film, par ailleurs très bien interprété, touchant par moments, et vraiment pas mal shooté, avec même deux ou trois idées de cinéma plutôt intéressantes mais si très simples dans leur conception (la scène au cinoche, par exemple, est bien foutue). En sous-texte, à l’instar d’un « Bad Lieutenant » de Ferrara, c’est l’histoire d’un père terrifié à l’idée que sa fille tourne mal. Si sa fille en elle-même est très peu présente dans le film, il regorge par contre de doubles ou de futurs possibles pour elle, avec lesquels le « héros » interagit. Une structure narrative évidemment très porteuse.

Un bon film, modestement mais solidement usiné, et c’est déjà beaucoup.