Aventures/fantastique
Long métrage japonais
Ecrit et réalisé par Kazuki Omori
Avec Kōsuke Toyohara, Anna Nakagawa, Megumi Odaka, Katsuhiko Sasaki…
Titre original : Gojira tai Kingu Gidora
Année de production : 1991
Les deux premiers films du reboot de la saga Godzilla sous l’ère Heisei, Le Retour de Godzilla et Godzilla vs Biollante, ont eu du mal à s’imposer sur les écrans japonais en 1984 et 1989. Le premier revenait au ton plus sombre du classique de 1954 et le deuxième présentait un nouveau kaiju créé génétiquement dans une intrigue mêlant espionnage et course à l’armement. Selon les producteurs de la Toho, c’est à cause de cela que les plus jeunes ne se sont pas précipités dans les salles et ils ont alors décidé de revenir aux vieilles recettes, avec des éléments plus fantasy, le retour de monstres connus…et aussi du voyage temporel vu que Retour vers le Futur 2 et Terminator 2 ont très bien marché au box-office japonais…
Le réalisateur et scénariste Kazuki Omori voulait d’abord développer un film centré sur Mothra mais pour la Toho, le papillon divin n’avait pas de potentiel commercial en dehors du Japon (ils changeront ensuite d’avis après le succès de Godzilla vs Mothra en 1992). C’est donc King Ghidorah qui a été choisi. Le dragon tricéphale est apparu pour la première fois en 1964 dans Ghidorah Le Monstre à Trois Têtes (parfois orthographié Ghidrah dans certains pays) en tant qu’entité extraterrestre venue détruire la Terre. Pour cette nouvelle version, les scénaristes ont modifié les origines de Ghidorah dans une histoire joliment alambiquée.
Les japonais sont intrigués par les apparitions d’une sorte de vaisseau spatial qui atterrit près du Mont Fuji. Les représentants du gouvernement découvrent avec stupeur que les occupants sont en fait des voyageurs du futur qui leur apprennent qu’à leur époque le Japon n’existe plus suite aux destructions causées par Godzilla. Les « Futurians » (comme ils se font appeler) proposent alors d’utiliser leur technologie pour remonter le temps jusqu’en 1944 afin d’empêcher que le dinosaure qui deviendra Godzilla soit irradié par les retombées de la Bombe H. La mission est un succès…mais de retour au présent, les héros vont découvrir la duplicité de leurs soi-disant « amis » du futur…
Il ne faut pas chercher une grande cohérence dans ce scénario pas avare en rebondissements qui partent un peu dans tous les sens. Kazuki Omori profite de ce retour vers le passé pour montrer la forme initiale de Godzilla, un T-Rex sur une île où le temps s’est arrêté (comme dans le King Kong de Schoedsack et Cooper). L’endroit est le lieu d’un affrontement entre les armées japonaises et américaines et ce sont les G.I. qui se font massacrer par le futur Big G (ce qui a donné lieu à des accusations d’anti-américanisme réfutées par Omori…pour ma part, je retiens une référence à Steven Spielberg assez amusante).
Autre clin d’oeil au cinéma américain, il y a aussi un cyborg qui tient autant du Terminator que de Steve Austin…et toutes ses scènes confinent au comique involontaire, aussi bien par le non-jeu de l’acteur (tous les comédiens américains des films Godzilla sont quand même sacrément mauvais) que par le ridicule des effets spéciaux. L’ensemble est donc souvent très maladroit…mais aussi généreux et fun malgré le côté un peu répétitif du combat en deux temps entre Godzilla et King Ghidorah que l’on retrouve ici sous trois formes différentes, une mignonne et deux qui le sont beaucoup moins.