GREMLINS (Joe Dante)

Comédie/horreur
Long métrage américain
Réalisé par Joe Dante
Scénarisé par Chris Columbus
Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, Hoyt Axton, Frances Lee McCain, Corey Feldman, Judge Reinhold…
Année de production : 1984

La petite ville de Kingston Falls semble sortir tout droit d’une carte postale ou d’une peinture de Norman Rockwell (pour l’anecdote, ce décor a ensuite été réaménagé pour être utilisé dans Retour vers le Futur). Sous la neige, la vie s’écoule tranquillement, presque figée dans le temps (les films vus à la télé ou projetés au cinéma sont tous des classiques du passé), en attendant les fêtes de Noël. Mais si on gratte sous la surface, la réalité est toute autre. La famille du héros prénommé Billy, dont le père est un inventeur lunaire (qui ne fait que créer des choses qui ne fonctionnent pas comme la mythique « salle de bain de poche »), peine à arrondir les fins de mois. La petite amie de Billy déteste Noël à cause d’un accident qui a coûté la vie à son père des années plus tôt.

Le scénario s’attarde également sur plusieurs personnages secondaires, comme une mère qui n’arrive pas à rembourser son emprunt et Mr Futterman (Dick Miller, acteur fétiche de Roger Corman et Joe Dante), un ouvrier communal bougon et sympa…et aussi un brin raciste sur les bords (il ne fait que pester contre le matériel qui vient de l’étranger)…qui boit un peu trop depuis qu’il a perdu son boulot. Les seuls qui s’en sortent en cette ère reaganienne sont les banquiers et les notables, comme l’avare Mrs Deagle.

Le décalage constant de Gremlins vient aussi de Gizmo, la petite boule de poils que Mr Peltzer offre à Billy pour Noël. Gizmo est tout doux, tout mignon, mais si son propriétaire ne respecte pas certaines règles (je ne les énumérerais pas, je pense que vous les connaissez toutes par coeur), il se multiplie et donne naissance à d’autres mogwaïs au comportement totalement différent. Une métamorphose qui ne s’arrêtera pas là puisque le stade final des créatures se révélera plus monstrueux, des bestioles qui vont dynamiter le Noël des habitants de Kingston Falls…

À l’origine, l’histoire imaginée par Chris Columbus (alors à ses débuts, avant d’écrire les scripts des Goonies et du Secret de la Pyramide et de réaliser Maman, j’ai raté l’avion) était plus meurtrière pour ses protagonistes (la mère de Billy était même décapitée par un Gremlin). Des réécritures ont donc été demandées par le producteur Steven Spielberg et le réalisateur Joe Dante pour en faire un spectacle plus familial tout en gardant son côté horrifique. Car au-delà du fun de nombreux moments et des gags dans les interactions avec les créatures, Gremlins cultive une part sombre…et il se dit que certains parents ont à l’époque été désarçonnés, en amenant leurs petites têtes blondes voir le film sur la promesse d’une jolie peluche aux gros yeux facilement déclinable en jouets…

Gremlins n’a rien perdu de son efficacité. L’entame est un modèle de concision et de précision, notamment dans la présentation des différents personnages car il ne faut pas beaucoup de scènes pour établir leurs caractérisations et les relations qui les animent. Les auteurs n’attendent également pas longtemps pour déclencher la catastrophe et l’enchaînement de péripéties qui amènent à la création d’une armée de Gremlins (terme popularisé par les pilotes de l’armée britannique pour expliquer les dysfonctionnements de leurs appareils et popularisé pendant la Seconde Guerre Mondiale…Bugs Bunny a même affronté un Gremlin dans un célèbre cartoon) monte brillamment en puissance grâce à l’excellent montage.

Le rythme ne se relâche jamais, Joe Dante signant un jubilatoire film de monstres, l’un des plus gros succès de l’année 1984. Et comme souvent avec lui, les clins d’oeil ne manquent pas…la savoureuse scène du congrès des inventeurs en regorge, il y a aussi des apparitions d’acteurs bien connus des fans de séries B des années 50 (Kenneth Tobey, William Schallert…) et celle du grand Chuck Jones qui complimente Billy pour ses dessins.

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