GUARDIANS OF THE GALAXY #1-12 (Donny Cates / Geoff Shaw, Cory Smith)

Tout à ma lecture / relecture de la prestation de Duggan, je découvre, en retard, celle de Cates. J’en suis à trois épisodes sur douze, pour l’instant.

Et je dirais que je ne suis pas très emballé.
Si l’exposition me semble pas mal, qu’il y a de bonnes idées (tiens, Knowhere se déplace, sans que personne soit au courant ?), les trois épisodes sont pour l’heure une sorte de vaste présentation des enjeux à laquelle les Guardians (ou ce qu’il en reste) demeurent assez extérieurs : à part le « sauvetage » du premier volet, ils sont loin de tout ce qui bouge. La seule vraie surprise (qui exploite une idée lancée par Jason Aaron, le pote de Cates), c’est l’identité du méchant derrière Black Order.
Qui plus est, je trouve que Cates s’amuse de manière un peu trop voyante à « casser les jouets » : la cicatrice d’Eros, le traitement de Nova, le sort d’Annihilus, ça ressemble à une volonté d’enfiler les scènes choquantes tout en passant en revue les figures centrales des événements cosmiques précédents. Pour l’heure, ça me laisse dubitatif.
Je vais continuer, pour voir : le dessin est très sympa, Geoff Shaw œuvrant dans la foulée d’un Billy Tan voire, dans les cases les plus inspirées, d’un Olivier Coipel. C’est pas encore à niveau, surtout question narration (parfois, ses choix de s’éloigner de ce qu’il représente me semble déstabilisant), mais ça reste très agréable à regarder.

Jim

Je suis un peu plus convaincu par la deuxième partie de cette saga.

C’est pas entièrement surprenant, plein de choses sont prévisibles, y compris et surtout la révélation finale, et ça retombe une fois de plus dans le schéma du groupe de héros qui affronte un autre groupe de héros. Ce qui, à mon goût, est quand même assez chiant.

Y a quelques belles scènes, une bonne gestion de Gamora, à la fois forte et fragile, quelques résolutions de coups de théâtre sorties du chapeau (« oui oui, j’avais un gilet pare-balles, nananèreuh… »), mais dans l’ensemble c’est pas mal. J’ai quand même l’impression d’avoir une aventure des Gardiens à petit régime, et surtout une saga qui sert à faire le point sur l’état du pan cosmique de Marvel.

Jim

En lisant la série Guardians of the Galaxy version Donny Cates, j’ai vraiment l’impression qu’elle est réalisée dans le but de faire le point sur l’état de la galaxie chez Marvel et d’établir des liens éditoriaux entre ce projet est d’autres. Ce qui se déroule au tout début de la série sert de tremplin à la série Silver Surfer Black, l’ensemble du scénario gère une partie des conséquences de la version Duggan…
Et l’Annual confirme un peu ces impressions.

Le numéro est composé de trois histoires, consacrée à Nova (Richard Rider) et Quasar (Wendell Vaughn), à Warlock et à Darkhawk. L’ensemble des récits ouvre des pistes pour plus tard. De même, le premier chapitre, écrit par Al Ewing, pose des idées qui seront reprises dans Empyre et qui, ici, servent un peu d’annonce.
Et du coup, ça laisse un peu sur la faim, au-delà du plaisir de retrouver Cosmo (que Cates semble moins à l’aise pour lui écrire des dialogues qu’Abnett et Lanning, par exemple). On a des bribes intéressantes, mais pas de grande aventure.
En revanche, il faut signaler que le chapitre d’Ewing tiens un discours intéressant. D’ordinaire, on a souvent des rencontres entre deux personnages, l’un d’eux expliquant que, si l’on perçoit le plan d’ensemble, on comprend mieux, on voit venir les menaces. Là, c’est le contraire : Nova explique à Quasar que c’est bien gentil de regarder le plan d’ensemble, de comprendre l’évolution à l’échelle galactique, mais que le prochain coup dur arrivera par le bas (dans les détails insignifiants) et que ceux qui planent dans les hautes sphères ne s’en rendront compte que trop tard. Un chouette retournement de cliché.

Jim

Et politiquement, ça doit te plaire :wink:

Oui, aussi : j’aime beaucoup les deux personnages, et j’apprécie que le « petit » fasse la leçon au « grand », ouais. Une fois de plus, je trouve qu’Al Ewing comprend des choses pertinentes sur les personnages qu’il anime.

Jim

J’ai été nettement plus convaincu par la seconde moitié de la série. Déjà, graphiquement, je trouve ça assez joli. Je vois souvent passer le nom de Cory Smith, sans réellement parvenir à l’attacher à un style particulier, mais me plonger dans les épisodes qu’il a illustrés a été assez agréable.

L’autre point fort, c’est que Cates se charge enfin d’expliquer certaines choses, y compris l’absence de Rocket (qui s’est fait sentir). Et, comme parfois dans ses récits (notamment dans Venom, avec les révélations sur le passé de Brock), le scénariste s’ingénie à tromper les attentes, en dévoilant que la raison du ressentiment nourri par les membres d’équipage n’est pas celle qu’on croyait.

Parmi les bonnes trouvailles, le fait de donner une autre allure à la Church of Truth permet de faire oublier que, à l’instar de nombre de ses collègues, Cates a du mal à faire du cosmique sans piocher dans l’héritage starlinien. Mais il semble en être conscient puisqu’il s’amuse à détourner les attentes (par exemple : le contenu du cocon). C’est l’occasion d’un chouette cliffhanger dans une saga qui n’en manque pas.

Après, force est de constater que Cates utilise, une fois de plus, le thème de la confrontation entre le présent et le futur, chose qu’il avait déjà faite dans ses Thanos (auxquels cette saga est rattachée) ou encore dans Cosmic Ghost Rider, une énorme tartine de n’importe quoi que je suis en train de découvrir. Ça semble, au-delà de la fixette d’écrivain, les indices d’un plan plus vaste. En tout cas, ça donne de la cohérence à sa contribution à l’univers Marvel, même si, au final, ça fait un peu redite.

L’un des trucs qui me plaît, dans ce deuxième récit, c’est qu’il est l’occasion de jolies scènes pleines d’émotion. Quand Moondragon retrouve Drax, il y a une page très forte, chouettement composée et assez intense. De même pour la toute fin, qui réunit le casting (fort dense) dans une sorte d’hommage déguisé au Death of Captain Marvel de Jim Starlin, mais sous un angle émotionnel moins désespéré. Si la première saga m’avait laissé un peu perplexe dans son jeu de massacre, la suite s’articule autour d’une volonté de reconstruction qui est très agréable.

Bref, une lecture mitigée : j’apprécie l’énergie que Cates dispense en général, mais je trouve qu’il meuble parfois facilement. Je me dis parfois que le tandem Roger Stern / Al Milgrom aurait mis deux épisodes pour raconter l’une de ces sagas (et Stan Lee et Jack Kirby, douze pages). Mais quand il parvient à faire vivre ses personnages, à leur donner des sentiments, là, ça marche. Et ça marche ici nettement mieux dans la seconde saga que dans la première.

Jim

C’est rigolo : tu as préféré la fin au début, alors que j’ai eu le sentiment inverse. :slight_smile:

Oui, j’ai constaté ça en reparcourant tes commentaires.
Et sur la précipitation, je ne sais pas : je trouve qu’il y a pas mal de moments où il prend son temps (sa gestion des flash-backs, dans cette série mais aussi dans d’autres, le conduit à écrire des séquences un peu longues qui meublent), et si tu enlèves ces séquences, tu obtiens un récit nettement plus court. Et je trouve que le démarrage de la série (en gros, la première moitié du premier récit), c’est quand même lent et dilué.
Donc rien que sur l’équilibre du récit, je préfère la seconde saga. Et j’ai préféré le sujet, aussi. Même si, au final, c’est encore un prétexte pour opposer des héros aux héros. Et enfin, je trouve que l’émotion est plus palpable. Sans doute à cause de ce qui tourne autour de Rocket, mais pas seulement.

Jim

Sûrement.
Peut-être aussi que le côté fou-fou du début m’a impacté, et que je n’ai pas retrouvé ça au fil des épisodes mensuels.

Le démarrage est foudroyant, mais ça marque le pas au bout d’un certain temps. Et surtout, c’est sombre, très sombre. Bizarrement, la seconde saga m’a semblé plus lumineuse, sans doute parce que c’est une histoire de reconstruction, de retour.

Jim

Je devais être dans un moment où j’aimais bien le dark !

David Marquez & Dean White :

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