Je l’ai relu il y a quelques années, dans sa VF (mon exemplaire vient de la collection « Les Énigmes de l’univers », chez Robert Laffont, mais il me semble qu’il a ensuite été réédité chez J’Ai Lu dans la légendaire collection ésotérique « L’Aventure mystérieuse »).
C’est un tissu d’âneries mal argumentées, mais c’est tellement généreux et énergique que ça emporte l’enthousiasme. La valeur du bouquin tient surtout à sa place dans l’histoire éditoriale du sous-genre ufologique, mais y a quelque chose qui fait rêver.
Je tiens à préciser que je ne crois pas du tout à sa théorie.
Mais ça fait une fiction amusante.
(Comme Stargate et les Éternels).
Parenthèse : j’avais lu une anecdote sur une tribu primitive qui vouait un culte à un dieu dont ils avaient trouvé le portrait magique dans un chariot céleste qui s’était écrasé sur terre.
Le chariot était un avion de ligne.
Le portrait magique une photo encadrée.
(Soit deux concepts qui ne veulent rien dire pour eux).
Le Dieu était en fait… Un président.
C’est comme ça que je le vois.
Kirby était clairement un lecteur de Von Däniken, il en parle dans des interviews, et c’est patent dans Eternals, comme tu dis, et dans Devil Dinosaur, entre autres.
Les idées frappadingues du complotisme de jadis étaient quand même bien cool (tout X-Files s’en nourrit, et ça donne un super résultat, sans parler de la filmo d’Emmerich). Quand même, le complotisme d’aujourd’hui a fait du mal à l’imaginaire !!!
J’ai vu un reportage sur un truc comme ça, ça me parle.
Je veux bien.
Ça s’inscrit dans la logique du néo-évhémérisme.
L’évhémérisme, c’est le principe qui postule que les dieux et les demi-dieux n’existaient pas, mais qu’il s’agissait d’hommes exceptionnels dont les exploits ont été enjolivés (« répétés, amplifiés, déformés », selon l’expression usuelle…) au point de paraître surhumains, surnaturels, et donc divins. Au début, c’était une manière pour le christianisme de lutter contre le paganisme en « rabaissant » les protagonistes des légendes. C’est le cas par exemple de Snorri Sturluson qui fait des dieux nordiques des personnages historiques.
Mais l’évhémérisme décrit aussi un processus d’exagération narrative et, derrière, on peut facilement imaginer que les mécanismes fonctionnent, que des exploits légendaires, par un système de bouche à oreille, de reproduction orale, gagnent en lustre. Et c’est retournable à l’envoyeur : il a été reproché à Ernest Renan un « évhémérisme naïf » quand il s’est attaqué à la figure de Jésus.
Et donc, le néo-évhémérisme va plus loin, en postulant que les dieux, les demi-dieux et les héros sont sont des extraterrestres soit des descendants (hybrides, bâtards, créations génétiques…). Les représentations de dieux sur leur chariot solaire, c’est la manière naïve que les peuples précédents ont trouvées pour représenter des soucoupes volantes (je la fais courte).
Je trouve ce concept très riche, très stimulant. Avec la précaution oratoire qui est la tienne : on n’est pas obligé d’y croire, mais ça fait des histoires sympas.