Ah, j’ai enfin vu Harbinger Down.
Et c’est sympa.
Mais…
Car il y a un mais.
Enfin deux.
Le premier mais (hin hin hin), c’est qu’ils ont beau dire « pas de CGI blablabla », y en a un peu. Ils touchent au fruit défendu, même s’ils n’ont pas l’air. Bon, c’est véniel, mais quand même.
Le deuxième mais, c’est que le film est fait à la manière classique. Mais classique à ce point, c’est un peu trop. Parce que là, on a déjà vu le film plusieurs fois. Un peu de M.A.L., un peu de Virus (enfin, beaucoup), un zest de Cloverfield, un peu d’Alien… Moi, j’adore les films de monstres et j’aime encore plus les films de monstres en mer. Mais là, en regardant Harbinger Down, j’ai l’impression de revoir un film que j’ai déjà vu, sans avoir un seul instant une surprise. Il manque un grain de folie, des acteurs lâchés, un décor étonnant, un propos inattendu, un parti-pris fort.
Or, le parti-pris, c’est justement de dire « on va faire comme avant ». Et à part l’outillage connecté des personnages, ça se sent un peu trop. Même les allusions au fait que la guerre froide est finie mais que bon on continue quand même, qui témoignent que les auteurs ne sont pas dupes, ne suffit pas à faire passer la pilules. Même les clins d’œil à des dialogues connus (genre, Les Dents de la Mer), ça ne fait pas oublier les sentiers battus et rebattus que l’on arpente.
Après, c’est vachement agréable d’aller dans un restaurant où l’on est un habitué et de commander un plat que l’on sait d’avance succulent. Mais quand même.
Le film en lui-même a une montée de suspense pas mal, en général bien illustrée par une musique en post-Goldsmith d’Alien (saut à un moment bien suspense où, étonnamment, paf, pas de musique : dommage), mais il montre un montage pas toujours dynamique, pas toujours nickel. C’est bien, pas étourdissant.
L’ouverture a failli me désarçonner, en ce sens qu’elle est filmée en caméra à l’épaule. C’est expliqué dans le script et rapidement abandonné (on sent la note d’intention, genre « la caméra à l’épaule, ça cache la misère, on n’en veut pas »), mais ça crispe un peu.
En matière de cacher la misère, le retour à des méthodes traditionnelles amène bien entendu une grammaire de l’image ancienne : décors obscurs, lampes-torches, clapotis de l’eau, crissement dans un coin… On sent bien les roublards, là aussi peut-être un peu trop.
En bref, c’est un film de technicien d’effets spéciaux, pas de cinéaste. Ça se voit à des détails tout bêtes : le liquide qui coule d’une canalisation dans le module spatial en rentrée d’atmosphère, il tombe à la verticale. On comprend donc très bien que c’est la caméra qui est secouée devant un décor, et personne n’a songé à secouer le décor aussi afin de faire bouger le flot qui s’écoule. Des petites astuces qui font saisir que l’image n’est pas pensée en tant que tel, mais comme un véhicule pour la suggestion.
Dès lors, on cible l’effet, et en général, il est réussi (y a quelques plans de couloirs ou quelques gros plans qui sont bien flippants), mais on oublie parfois un peu la narration.
Reste une belle ambiance, des personnages sympas, trois actrices toutes charmantes et un Lance Henriksen impérial, en vieux loup de mer blasé. Ça se laisse regarder, c’est convenu comme c’est pas permis, mais dans la catégorie petit film de détente, ça peut faire l’affaire.
Jim