Comédie
Long métrage américain
Réalisé par Hal Ashby
Scénarisé par Colin Higgins
Avec Ruth Gordon, Bud Cort, Vivian Pickles, Charles Tyner
Titre original : Harold & Maude
1971
Harold Chasen est un jeune homme riche, vivant dans un grand manoir avec sa mère et une multitude de domestique. Malgré (ou à cause) de cette aisance, Harold est dépressif et ses rares passions sont de regarder des immeubles êtres détruits, d’assister à des enterrements et simuler des suicides afin de perturber sa mère. Imperturbable, celle-ci tente de confier son fils à un psy ou bien à son oncle militaire. Rien n’y fait. Un jour Harold rencontre Maude. Cette femme de 79 ans aime aussi assister aux enterrements. Elle aime aussi voler des voitures et faire ce qui lui chante.
Harold et Maude se rencontre, vont s’apprécier et s’aimer.
Avec une carrière en dent de scie, Hal Ashby n’est pas forcément le réalisateur le plus marquant d’Hollywood mais reste toujours cité parmi les tenants de la contre-culture américaine des années 70. Grace à Shampoo, que je trouve assez chiant personnellement ou bien En route pour la Gloire ou Retour. Si une grosse affection pour Being There (le dernier grand rôle de Peter Sellers), c’est bel et bien Harold et Maude que je considère comme son meilleur film. Et comme un chef d’oeuvre.
Il y a comme un tsunami de révolte joyeuse et pacifique dans Harold et Maude, une sorte de contestation colorée qui écrase tout. Un peu à la manière du joyeusement rebelle Alexandre, le bienheureux d’Yves Robert. La relation unique entre ce jeune homme riche et cette vieille femme qui semble avoir vécu mille et une vies (et pas des plus fun si on en croit les nombres tatoués sur son avant-bras) défie toutes les normes et les conventions. Maude est un esprit libre qui n’hésite pas à arracher un arbre en ville pour le replanter en forêt et à voler plusieurs voitures pour cela, à poser nue pour un peintre, à vivre dans un wagon de train (qu’on trouvera plus grande et coloré que l’immense manoir sombre dans lequel vit Harold). Maude s’en fiche, elle sourie à la vie et fait ce que bon lui semble et profite de chaque instant. Mais dans une période dure pour le pays, qui envoie sa jeunesse se faire tuer, comme ose t-elle pervertir un jeune homme et lui montrer qu’il y a bien mieux à faire de sa vie. Pique-niquer dans un cimetière par exemple ou bien jouer de la musique et chanter. En charge de la musique, Cat Stevens proposera une de ses plus belle partitions.
Poétique, magnifique, touchant etc. Harold et Maude est surtout incroyablement drôle. Un humour noir qui cueille dès la scène d’ouverture avec un générique se déroulant sur la chanson Don’t Be Shy tandis qu’Harold prépare son suicide par pendaison. La chute (si je puis dire) avec sa mère rentrant dans la pièce et téléphone tranquillement l’air de rien, donne le ton d’un film qui va enchainer les scènes caustiques. Le policier qui arrête Maude par exemple ou bien encore le défilé du militaire, du psy et du prête (avec chacun le portrait d’une sommité derrière eux. Nixon, Freud, le Pape telle une glauque trinité) tentant de convaincre Harold de l’erreur de sa relation avec Maude.
Porté par une Ruth Gordon incroyable et un Bud Cort au physique fascinant, Harold et Maude est un chef d’œuvre du cinéma américain, l’un des films marquant de l’une des plus grandes décennie cinématographique du pays. Une histoire d’amour comme nulle autre et bien plus que cela encore. Une transmission joyeuse entre deux générations.
If You Want to Sing Out, Sing Out