HERCULE À LA CONQUÊTE DE L'ATLANTIDE (Vittorio Cottafavi)

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REALISATEUR

Vittorio Cottafavi

SCENARISTES

Vittorio Cottafavi, Sandro Continenza, Duccio Tessari et Nicolo Ferrari

DISTRBUTION

Reg Park, Fay Spain, Ettore Manni, Luciano Marin…

INFOS

Long métrage italien/français
Genre : péplum/fantastique
Titre original : Ercole alla conquista di Atlantide
Année de production : 1961

Le réalisateur italien Vittorio Cottafavi est venu au cinéma populaire un peu malgré lui suite à ses démêlés avec la critique de son pays qui descendit en flammes son troisième film, le drame historique Fiamma che non si spegne (sorti en 1949 et resté inédit en France). Cette évocation de la vie d’une famille de carabiniers sur plusieurs générations fut même considérée comme une oeuvre « fasciste » par des journalistes qui rejetèrent surtout le long métrage car il s’éloignait du courant majeur de l’époque qui était le néo-réalisme. À partir des années 50, et du film de cape et d’épées Milady et les Mousquetaires, Cottafavi s’est donc exprimé dans des genres considérés comme « mineurs » par les critiques…et tout retour au drame, comme Fille d’Amour, une adaptation de La Dame aux Camélias de Dumas fils, se solda par un échec.

Méprisé sur ses terres, Vittorio Cottafavi fut par contre nettement mieux considéré par la critique française (des gens comme François Truffaut et Bertrand Tavernier qui deviendra son ami), qui loua régulièrement les qualités de ses films. La revue Présence du Cinéma lui consacra même un numéro complet 1961…à la grande surprise des italiens, pour qui Cottafavi n’était alors « qu’un réalisateur de péplums ».

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Vittorio Cottafavi a lui même admis qu’il n’était pas friand de péplums avant de s’atteler à la réalisation de La Révolte des Gladiateurs. Et il finira par donner au genre quelques-uns de ses meilleurs films, comme Les Légions de Cléôpatre en 1959. On peut séparer sa production en deux parties, d’un côté le film historique, de l’autre le film mythologique. Ou plutôt « néo-mythologique » comme se plaisait à le dire Cottafavi, ce qui lui permettait toutes les déclinaisons des mythes et toutes les libertés (comme le fait d’utiliser Antinéa, le personnage du roman L’Atlantide de Pierre Benoît).

Sous ses aspects purement fantaisistes (et qui mélange les genres avec jubilation), le metteur en scène a ainsi fait de Hercule à la Conquête de l’Atlantide (son deuxième opus consacré au demi-dieu après La Vengeance d’Hercule), qui voit le fils de Zeus et ses compagnons se rendre sur l’Atlantide et affronter sa perfide reine pour contrer ses plans de conquête du monde, une fable politique anti-totalitaire et anti-nucléaire (Antinéa pratique l’eugénisme pour créer une super-armée tandis que des « lépreux » victimes des radiations d’une pierre stellaire sont parqués dans des camps) !

Cette délirante aventure fantastique qui ne manque pas de bonnes idées est dans l’ensemble moins fauchée que d’autres entrées de cette série de films (comme le Hercule contre les Vampires de Mario Bava tourné la même année)…à quelques exceptions près tout de même (le combat nanardesque contre Protée, le grotesque lézard caoutchouteux). Les décors sont grandioses et superbement filmés, l’action est palpitante et la réalisation de Cottafavi est inspirée. Il y a bien quelques stock-shots trop voyants lors de la destruction de l’Atlantide (des images de volcans filmés par Haroun Tazieff !) mais rien qui ne gâche le plaisir du visionnage.

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Hercule à la conquête de l’Atlantide se distingue aussi par son humour et l’emploi d’Hercule dans un rôle de bon vivant nonchalant (très Gaulois, disait Cottafavi) pendant au moins la première moitié du métrage. Dans la première scène, on le voit ainsi manger tranquillement pendant qu’une bagarre de bar éclate autour de lui (une entrée en scène très amusante et dans laquelle le réalisateur démontre un talent pour le slapstick et fait un excellent usage des possibilités que lui offre le décor).

Ce colosse de Reg Park (qui fut à nouveau Hercule dans Hercule contre les Vampires et Le Défi des Géants, ainsi que Maciste dans Maciste dans les mines du Roi Salomon, avant de devenir le mentor de Arnold Schwarzenegger) était l’un des « acteurs » les plus inexpressifs qui existe mais je le trouve assez savoureux dans les passages comiques…et toujours aussi impressionnant dans l’action…