HEROES REBORN: NIGHT-GWEN (Vita Ayala / Farid Karami)

En gros, la personne qui en parlait nous expliquait que le personnage était traité de la même manière que le surhomme de la maison d’en face, avec une mise en avant de la double identité, le thème du double, etc. Et c’est vrai qu’il est super-fort, qu’il vole, qu’il a une cape rouge. Le fait que Robert Bernstein (qui signe « R. Berns » chez Marvel, sans doute pour ne pas se faire remarquer par DC, qui est son employeur principal) soit un scénariste régulier de Superman contribue sans doute à rapprocher les deux personnages.

Je viens de retrouver. C’est d’abord Tony Smart qui en parle ici. Ensuite, Leocomix invalide cette théorie , en faisant valoir que Lee et Kirby sont assez peu actifs sur le titre dont ils se désintéressent assez vite et n’ont sans doute pas envisagé de faire de Thor le Superman local. Ce sur quoi j’arrive, à cet endroit, en évoquant le Thor supermanien dans les Avengers de Shooter (ce qui nous fait rebondir sur notre sujet d’aujourd’hui).

Cela dit, à la réflexion, il n’est peut-être pas impossible de voir dans le Thor des tout débuts, celui qui n’est pas encore bien défini, qui hésite entre la science-fiction, la fantasy et la mythologie et qui teste ses propres limites, une sorte de clone de Superman pour la simple raison que, justement, la formule n’est pas fixée, la recette n’est pas complète. La valse des auteurs et pour tout dire le manque d’ambition de la rédaction concernant le personnage fait que les différents intervenants utilisent des recettes éprouvées ailleurs. Là encore, la présence de Robert Bernstein, qui signe une grosse poignée d’épisodes (Journey into Mystery #92 à 96), a sans doute un impact. Le #95, par exemple, est une histoire de double, un savant créant un rayon capable de dupliquer des êtres vivants : typiquement une intrigue qui aurait pu fonctionner avec Superman. Le Radioactive Man, dans le #93, est un super-vilain qui aurait pu affronter le héros de Metropolis. Et les complots de Loki, qui force par exemple Thor à détruire des monuments, dans le #94, auraient pu être ourdis par Lex Luthor, par exemple, avec un peu de bidouillage. Dans les épisodes de Bernstein, on trouve un truc récurrent, l’incapacité de se servir du marteau : c’est un peu l’équivalent narratif de la Kryptonite de Thor.
Après, faut pas tout résumer aux cinq épisodes de Bernstein (d’autant que Stan Lee y est crédite du « plot », donc de l’intrigue), mais dans les chapitres écrits par Larry Lieber, par exemple, on trouve des trucs un peu voisins et encore plus clarkkentiens, genre Thor qui met sa cape sur un mannequin pour faire diversion, ce genre de choses qui pourraient très bien fonctionner avec la double identité de l’autre personnage.
Le Thor des débuts est sans doute le personnage de la jeune écurie Marvel qui tâtonne le plus, qui prend le plus de temps à trouver son identité. Ça va plus vite pour Iron Man, ou pour Ant Man. Et fatalement, vu qu’il est surpuissant, il me semble assez évident que l’influence de Superman se fasse plus ou moins sentir.

Jim

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