Fantastique/romance/comédie/action
Long métrage hong-kongais
Réalisé par Ching Siu-tung
Scénarisé par Yuen Kai Chi
Avec Leslie Cheung, Joey Wang, Wu Ma…
Titre original : Sien lui yau wan
Année de production : 1987
Premier volet d’une populaire trilogie, Histoires de Fantômes Chinois est inspiré par l’oeuvre de Pu Songling, un écrivain né en 1640 et décédé en 1715, pendant la période de la Dynastie Qing. Ces contes extraordinaires ont été adaptés plusieurs fois (plus ou moins fidèlement) sur le petit et le grand écran. Sorti en 1960, L’Ombre Enchanteresse de Li Han-hsiang fait partie de ces premières transpositions cinématographiques et Histoires de Fantômes Chinois en a repris des éléments tout en développant le style virevoltant qui lui est propre.
Le producteur Tsui Hark a mis presque dix ans à concrétiser son projet, qu’il destinait à l’origine à la télévision à la fin des années 70. Il a confié la réalisation à un de ses collaborateurs réguliers, Ching Siu-tung, chorégraphe et responsable de scènes d’action réputé (L’enfer des armes, Zu, les Guerriers de la Montagne Magique, Le Syndicat du Crime 2…pour ne citer que quelques titres) qui n’avait jusque là dirigé que deux longs métrages.
Histoires de fantômes chinois est à la croisée de plusieurs genres, un équilibre pas si facile que ça à trouver mais qui fonctionne pourtant dès les premières scènes. On suit les pas de Ning, un timide collecteur d’impôts itinérant qui a bien du mal à s’imposer face à ceux qui lui doivent de l’argent. Il enchaîne les galères (l’occasion de quelques gags souriants) tout en ne baissant jamais les bras, ce qui le rend vite attachant. Fauché comme les blés, Ning est contraint de dormir dans un temple abandonné…mais pas si vide que ça puisqu’il va vivre des nuits mouvementées, marquées par ses rencontres avec un moine taoïste et une superbe jeune femme qui se révèlera être un fantôme…
Le spectre féminin vient des écrits de Pu Songling…un personnage au destin tragique, morte à l’âge de 18 ans sans connaître le repos puisqu’elle est obligée de servir un seigneur des ténèbres. Cette version est interprétée par la belle Joey Wang, aussi à l’aise dans l’expression de la tristesse de Nieh Hsiao-tsing et de son caractère éthéré que dans les moments plus légers, comme la scène du bain à l’érotisme prude qui forge sa relation avec Ning, campé par Leslie Cheung, très bon en candide amoureux d’un fantôme.
La romance et la poésie font bon ménage avec des péripéties nettement plus délirantes et un savoureux bestiaire horrifique. Les amples mouvements de caméra rappellent parfois le Evil Dead de Sam Raimi et les apparitions des morts-vivants momifiés rendent à leur façon hommage à l’animation image par image à la Ray Harryhausen, ce qui n’est pas pour me déplaire tant l’atmosphère étrange, soutenue par les effets sonores, qui se dégage de ces passages est impeccablement travaillée. Et parmi les méchants, le démon travesti à la langue géante joué par Lau Siu-Ming est aussi grotesque que réjouissant.
Le trio vedette est complété par le prolifique Wu Ma, qui livre une croustillante prestation en moine taoïste à la bonhomie irrésistible, un ermite impressionnant dans l’action…et qui n’hésite pas à pousser la chansonnette lorsqu’il est complètement bourré (dans une sorte de rap hilarant). Mon protagoniste préféré de ce long métrage à l’imagination débordante, une réussite qui en amené d’autres !