Le découpage “cinémascope”, tout dépend avec quelle fluidité il sert l’histoire. Goran Parlov l’utilisait dans les “Punisher” que lui écrivait Garth Ennis et c’était tout sauf monotone et sans rythme.
Pour moi, c’est une manière de découper qui peut être un vrai défi à relever pour un artiste, au même titre que le “gaufrier”. Je suis plus friand des planches avec un découpage assez dense, où le dessinateur joue avec le nombre de plans, la disposition même des vignettes. Mais un découpage “cinémascope”, quand le mec qui s’y colle est très fort, ça a son charme aussi.
Après je ne sais pas quelle forme ont les scripts de Millar : est-ce qu’il donne des indications très précises à ses dessinateurs ? Ou leur laisse-t-il beaucoup de liberté ? Fait-il du “sur mesure” ? Il travaille avec des artistes tellement différents, mais aux styles très affirmés, que c’est difficile à évaluer. On ne doit pas manoeuvrer de la même manière un vétéran comme Gibbons (qui a lui-même une expérience de scénariste) qu’avec Albuquerque justement ou encore Quitely.
Je dois dire que, ça, c’est un truc qui, si j’y avais accès, me passionnerait : pouvoir examiner les scripts de scénaristes qui ont le privilège de bosser avec des dessinateurs très différents et très talentueux, voir à quel point ça influence leur écriture, si le cadre du creator owned change quelque chose. Quand un éditeur a la bonne idée d’ajouter quelques pages de script dans un tpb pour permettre au lecteur de comparer avec la planche finale, c’est très instructif : pour les curieux, ça complète la lecture, et pour les moins curieux, ça apprend à mieux lire une bd (en tolérant davantage les facilités que s’autorisent les auteurs ou auxquelles ils sont contraints sous la pression éditoriale).