Bon, très sympathique album.
Tout commence avec une crise de folie collective qui provoque la chute d’un vaisseau spatial sur une planète perdue et inhabitée. Du moins en apparence puisque très vite les survivants de l’équipage découvrent que l’océan regorge de formes de vie et que l’île sur laquelle ils accostent abrite une tribu visiblement sympathique, accueillante… et qui parle leur langue.
Le lendemain, ils apprennent petit à petit les rites de la tribu en question, et commencent à soupçonner qu’il s’agirait de descendants de colons. Ils décident d’en savoir plus, d’autant que certains rituels heurtent leurs tabous profonds.
Commence alors une exploration qui les entraîne à la rencontre d’autres tribus et à la découverte des profondeurs insoupçonnées de cette civilisation inédite, au sens figuré mais aussi au sens propre, puisque le chemin les conduit vers le bas.
Le récit prend alors une tournure très symbolique, renouant avec des schémas anthropologiques identifiables (haut / bas, froid / chaud, paradis / enfer). Dépassant ce seul constat, les auteurs jouent sur la polysémie de la quête, la force symbolique de certaines images (la lave = l’enfer) étant assortie d’autres significations, que le lecteur découvrira.
C’est pas mal du tout, ça pose des questions intéressantes sur la liberté, sur les structures politiques, sur l’individu et le collectif… L’ensemble est plutôt bien troussé, avec notamment une conclusion un peu douce-amère, non résolutive au possible.
D’un point de vue formel, c’est chouette, malgré quelques petits défauts. Une ou deux bulles à déplacer d’un demi-centimètre ici ou là, quelques bulles à qui un appendice aurait été utile, quelques propos rapportés qui auraient bénéficié de guillemets… On peut aussi évoquer quelques dialogues peut-être trop explicatifs, trop « professionnels », et un dessin réaliste très élégant, qui lorgne dans le meilleur des cas vers un Alex Alice, un Joël Parnotte ou un Mathieu Lauffray, mais qui souffre d’un encrage parfois trop brouillon à force de suggestion.
Bref, rien de bien rédhibitoire, l’ensemble étant d’une belle qualité.
Jim