Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York, Llewyn Davis lutte pour gagner sa vie comme musicien, ne survivant que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman.
Qu’est ce qui fait qu’un artiste perce et devienne célèbre ? Est-ce parce qu’il a travaillé dur ? Est-ce par les rencontres qu’il fait ? Est-ce un coup de chance ? La volonté ou bien un ensemble de toutes ces raisons et bien d’autres encore ?
Basant son récit sur la récurrence de certaines scènes, Inside Llewyn Davis tente d’avantage de nous faire prendre consciences des aléas d’une telle vie et de la minceur de la frontière entre succès et échec que de donner une réponse toute faite. A ce titre, le film est probablement le plus humble de la filmographie des frères Coen dans sa manière de rendre hommage aux inconnus de l’art. A cette classe prolétarienne pourrait-on dire. Inside Llewyn Davis n’est pas une succes story, non pas parce que le personnage interprété magnifiquement par Oscar Isaac n’arrive pas à la concrétisation de son rêve mais simplement parce que l’idée est de montrer l’arrière-boutique et le labeur que cela implique.
De fait la récurrence des scènes renforce le caractère de pénibilité du travail de Davis tant bien même il s’agirait d’ART. Cette pénibilité est renforcée de plus par le choix de raconter l’histoire en pleine hiver. Le travail sur la photo du film est tel qu’on se surprend à vouloir mettre son manteau en regardant le film alors qu’on est tranquille dans son salon et qu’il fait 30° degrés dehors.
Autre choix pertinent concourant à une certaine amertume : placer le récit dans le New-York de 1961 et plus précisément dans le Village et le Gaslight Cafe. Ce bar, célèbre pour avoir vu passer des très grands talents à leur début (et que les spectateurs de la série The Marvelous Mrs. Maisel connaissent bien puisque c’est dans ce bar que va débuter la carrière de la comédienne) tient un rôle prépondérant dans le film de par sa position central et d’encrage mais également par un final qui en refusant le spectaculaire renforce bien la volonté première du film. Pour un qui réussi, d’autre tout aussi méritant prennent un autre chemin.
c’est au moment où Llewyn renonce qu’un inconnu, Bob Dylan, se produit sur la scène du café
Film intriguant, froid mais aussi passionnant. Inside Llewyn Davis fait aussi pensé à The Barber avec un personnage qui semble se faire porter par les courants de la vie. Il y a tout de même ici une volonté et une manière d’être différente. Enfin, rétrospectivement, il est intéressant de voir qu’un formellement aussi peu linéaire dans sa narration (s’appuyant, au final, que sur l’histoire du chat comme fil rouge) laisse entrevoir certaines envie qui seront pleinement concrétisées dans les prochaines œuvres des frangins.