JUDEE SILL (Juan Diaz Canales / Jesús Alonso Iglesias)

Judee Sill

  1. North Hollywood. Deux policiers découvrent une junkie décédée dans son appartement. Une affaire sordide de plus ? Non. Car la victime est une certaine Judee Sill, étoile filante de la Folk qui connut une brève heure de gloire seventies avant de mystérieusement disparaître dans la nuit de l’anonymat… Enfant révoltée, délinquante récidiviste, droguée et prostituée notoire : Judee fut tout cela et pire parfois. Mais elle fut surtout une musicienne touchée par la grâce, dont le timbre et la personnalité marquèrent de leur doux fer ceux qui l’entendirent et la côtoyèrent.

C’est ce destin dramatique, romanesque et musical que vous invitent à remonter Juan Díaz Canales (Blacksad, Corto Maltese) et Jesus Alonso Iglesias, au gré d’un scénario rythmé comme une partition, servi par un dessin restituant comme jamais les années 70 et s’autorisant parfois de sidérantes envolées psychédéliques.

  • ASIN ‏ : ‎ B0BPNW57FT
  • Éditeur ‏ : ‎ DUPUIS (21 avril 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 96 pages
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1034751020
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

Juan Díaz Canalès est né en 1972 à Madrid, en Espagne.

À 18 ans, il intègre un studio d’animation où il y rencontre Juanjo Guarnido.
Díaz Canalès continue de fréquenter l’école des Beaux-Arts, puis, en 1996, fonde avec trois collègues la société « Tridente Animation ». Il est ainsi amené à travailler avec des entreprises européennes et américaines. Díaz Canalès partage son temps entre son activité de scénariste pour la BD ou l’animation et celle de superviseur de séries télé et de films d’animation.

Blacksad est sa première série BD qui voit le jour en 2000 et qui s’inscrit dans le pur esprit du polar noir américain. La série est publiée dans plus de 20 pays.
Díaz Canalès a également collaboré avec plusieurs dessinateurs dont José-Luis Munuera sur le diptyque Fraternity (Dargaud) et avec Ruben Pellejero, en succédant à Hugo Pratt pour la reprise des aventures de Corto Maltese (Casterman). En 2015, il sort un roman graphique dont il signe le scénario et le dessin sous le titre Au fil de l’eau (Rue de Sèvres). Il collabore également avec le dessinateur Antonio Lapone et la co-scénariste Teresa Valero en créant le diptyque Gentlemind (Dargaud).
En 2013, avec Alonso Iglesias au dessin, il publie Judee Sill, sous le label Aire Libre des éditions Dupuis.

Jesus Alonso Iglesias, après un diplôme de Design obtenu aux Beaux-Arts, apprend le métier d’illustrateur avant de devenir storyboarder chez Milimetros SA, puis character designer dans l’animation. Travaillant sur des séries comme Altair et des films comme El Cid et il exerce également dans le domaine de la publicité. se consacre ensuite à la bande dessinée, avec des albums comme Le Fantôme de Gaudi et PDM tous deux signés chez Paquet ou Les Dalton (EP Éditions).

Judee Sill / Edition spéciale, Tirage de tête

  • ASIN ‏ : ‎ B0BPNWC2YC
  • Éditeur ‏ : ‎ DUPUIS; Illustrated - Unnumbered copies édition (21 avril 2023)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 96 pages
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1034764600
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

Quelques pages :

Jim

Assez sympa et à lire en écoutant ses albums.

Graphiquement, je trouve que ça tabasse grave. Ça fait longtemps qu’un franco-belge, voire qu’une BD en général, ne m’a pas alpagué l’œil à ce point. Le trait, l’encrage, le naturel des personnages, le soin accordé aux décors, les couleurs…

Jim

Quel album !
Bon, vous le savez déjà, je n’ai aucune culture musicale. Je confonds les groupes, je ne connais pas le nom des membres, bref, ça me passe au-dessus de la tête. Mais le pitch de Judee Sill m’a fait dresser l’oreille, à cause de sa dimension biopic largement romancée (car, faute de documentation sur cette artiste disparue, les auteurs ont comblé et tricoté), et les quelques planches de promotion m’ont vraiment plu.

Et bien m’en a pris : c’est une lecture formidable.
Déjà, l’aspect biopic : quelques petits textes en fin d’ouvrage expliquent que la discographie de Judee Sill est maigre (deux albums de son vivant, quelques compilations, inédits et enregistrements live par la suite) et que la documentation à son endroit n’est pas riche non plus. On devine que le scénario a dû combler les vides, et de quelle manière. Le récit s’ouvre sur la découverte de son corps, et la scène est vraiment astucieuse et bien écrite.

Puis l’album va dérouler les différentes étapes marquantes de la vie de la chanteuse, mais pas de manière chronologique. Les auteurs s’autorisent la possibilité de sauter d’une époque à l’autre, dans le désordre, induisant un portrait en creux, composite. C’est d’autant plus efficace que le récit s’intéresse à d’autres personnages, en suivant notamment le parcours d’une « lettre de suicide » qui passe de main en main. C’est l’occasion de croiser un journaliste, un disquaire, un policier, un producteur… et d’évoquer le souvenir que laisse la chanteuse. Émouvant, avec une pointe de cynisme…

Quant à l’aspect formel, c’est étourdissant. Graphiquement, Jesús Alonso Iglesias a un style réaliste qu’il épure à l’extrême, à base d’un encrage épais qui m’évoque tour à tour et en vrac Michael Walsh, Chris Samnee, Mitch O’Connell, et j’en oublie sans doute, et des plus évidents… Sa restitution des trips sous acide est étourdissante, avec une compréhension des formes et des couleurs assez saisissante. Sa capacité, aussi, à déformer le trait en fonction de ce qu’il veut dire !

Et puis il y a le lettrage. Cette idée lumineuse de donner une couleur à la police des paroles de Judee. Les grosses lettres des changements de séquence. Les séquences de narration par écran télé (à la Dark Knight !!!) où les blocs de textes restent parfaitement accessibles. Formellement, c’est à la limite du nickel (quelques queues de bulles un peu trop longues, quelques guillemets à la française qui auraient dû être à l’anglaise…)

Vraiment, une lecture conseillée, un album réussi, qui montre que, parfois, il est encore possible, en franco-belge, d’accorder autant d’attention à la forme qu’au contenu.

Jim

Je le note.