Discutez de KGB
Relecture de l’URSS de 1961, aux premiers pas de la conquête spatiale, alors que le spectre du nazisme et de sa science sans conscience hante encore les couloirs du Kremlin. Ambiance parano, super-pouvoirs dévoyés, ironie mordante dans le portrait des têtes pensantes du régime, symboles intéressants (le réseau de souterrains sous Moscou…), et planches bien sympa de Kerfriden (dont l’encrage est toujours un peu hésitant et tremblé).
Jim
KGB - Intégrale T01 à T04
- Les apparatchiks s’affairent, inconscients du danger. D’horribles phénomènes se succèdent au Kremlin, menant deux enquêteurs versés dans le paranormal sur les traces de l’étrange docteur Von Ausch. Il se rend au pas de tir de Baïkonour : l’URSS cherche à damer le pion aux États-Unis pour la conquête spatiale. Que cherche-t-il à y faire ? Ava et Dimitri pourront-ils déjouer le complot ?
- Éditeur : Soleil (2 mai 2024)
- Langue : Français
- Relié : 192 pages
- ISBN-10 : 230210207X
- ISBN-13 : 978-2302102071
- Poids de l’article : 788 g
Ça, je vais prendre : j’ai les deux premiers, c’est très bien, mais j’ai un mal fou à trouver les deux autres, donc hop !
Jim
Valérie Mangin sur son blog le 21 mars 2024 :
Chères amies et amis, de 2006 à 2010, le sémillant Malo Kerfriden et moi avons commis une série d’aventures fantastiques se déroulant en URSS, entre guerre froide et conquête spatiale : KGB , le complot cosmique.
Aujourd’hui, ces aventures ressortent chez Quadrants (éditions Soleil) sous la forme d’une intégrale. Vous pourrez la trouver en librairie le 2 mai prochain.
Résumé éditeur :
1961. Les apparatchiks s’affairent, inconscients du danger. D’horribles phénomènes se succèdent au Kremlin, menant deux enquêteurs versés dans le paranormal sur les traces de l’étrange docteur Von Ausch. Il se rend au pas de tir de Baïkonour : l’URSS cherche à damer le pion aux États-Unis pour la conquête spatiale. Que cherche-t-il à y faire ? Ava et Dimitri pourront-ils déjouer le complot ?
Jim
Ah, je viens de récupérer mon exemplaire de l’intégrale. Je vais enfin pouvoir lire la fin de la saga.
Quelques considérations spontanées à la suite du feuilletage (exemplaire vendu sous plastique : je l’ai feuilleté au café…).
- La coquille sur la couverture, visible sur les sites de vente, a été corrigée.
- La jaquette propose le même visuel (en C1 et en C4) que la couverture cartonnée. J’aurais bien aimé un petit truc en plus (c’est à la mode), je suis toujours client des variations quand on soulève la jaquette.
- L’album ne propose pas de bonus : pas de préface, pas de postface, pas de carnet de croquis. Dommage aussi. Je comprends que la série n’est pas toute jeune et que cette intégrale vise les retardataires qui ont du mal à compléter (genre : moi), mais tout de même, une petite friandise de plus n’aurait pas été boudée.
- Particularité étrange, l’album dispose de pages intercalaires noires plus épaisses séparant les quatre chapitres. C’est d’un bel effet, même si ça donne l’impression qu’il s’agit d’un refaçonnage.
- Je découvre le quatrième tome : le dessin de Malo Kerfriden a évolué, en quatre bouquins, mais surtout ce n’est pas lui qui assure les couleurs, et ça se sent un peu. C’est chouette, mais les couleurs qu’il a réalisées pour les trois premiers tomes ont un grain évident, qui font toute la personnalité de ses planches.
Bon, reste plus qu’à lire tout ça !!!
Jim
Tiens, je pensais avoir commenté les deux premiers tomes, que j’ai chez moi depuis longtemps. J’ai repris ma lecture à l’occasion de l’intégrale, donc reprenons les commentaires.
Le premier tome nous permet de rencontrer Ava, une scientifique, et Dimitri, son assistant, dans l’Union Soviétique des années 1950-1960, qui travaillent dans le monde souterrain de plans du Kremlin. Souterrain à plus d’un titre, puisqu’une partie de l’action se déroule dans les sous-sols, mais aussi parce que les activités secrètes de ce gouvernement confinent au paranormal.
Le premier tome parle de sorcellerie, de zombies, de monstres divers, de possessions. Les images sont saisissantes (des humains avec des pentacles ardents sur le corps, des versions démoniaques de Staline ou d’autres surgissant des sous-sols…). En filigrane, en parallèle de ce portrait x-filesien du soviétisme, on a droit aussi à la description d’un monde totalitaire et paranoïaque, qui mobilise beaucoup d’efforts pour conserver un silence salvateur. Ces pages d’ailleurs jouent la carte d’un réalisme qui est glaçant, plus que les monstres auxquels il est connecté.
Le deuxième tome emporte nos deux héros en direction de Baïkonour et de l’espace. Ava et Dimitri sont confrontés à un sorcier raspoutinien et au spectre de Belzebuth. La conquête de l’espace et la convocation des enfers dans une symétrie haut-bas assez éloquente.
Au fil du récit, Ava paraît moins effrayée que dans le premier tome. Elle semble comprendre les rouages politiques derrière les découvertes scientifiques et ésotériques qui parsèment le récit. Elle prend de l’allant, son côté ambitieux prend le pas, au grand dam de Dimitri, qui semble, quant à lui, assez dépassé.
Les politiciens, figures historiques du récit, sont décrits de manière intéressantes, parfois pétochards, parfois calculateurs, les apparitions surnaturelles étant souvent l’occasion de coups fourrés et de trahisons, chacun essayant de tirer son épingle du jeu. Malo Kerfriden convoque une esthétique démoniaque un brin lovecraftienne et son trait un peu tremblé ainsi que ses couleurs au grain évident rendent ses personnages très vivants.
Jim
Le troisième tome se consacre à l’expédition d’exploration des enfers menée par Ava et Dimitri, à qui l’Union Soviétique a alloué un bataillon de chars. Ils traversent donc et explorent des paysages étranges et trompeurs. L’album est essentiellement dédié à cette mission, donnant une sorte d’unité de lieu et d’action au récit (à part quelques escapades sur Terre), ce qui tranche un peu par rapport aux deux premiers tomes.
En parallèle, quelques scènes sont consacrées aux couloirs du Kremlin, à qui sait quoi, aux secrets qui inquiètent ou qui permettent à certains ambitieux d’avancer leurs pions. La fin de l’album s’attarde sur les conséquences de l’exploration infernale sur la géo-politique terrestre : amateur enthousiaste du Grand Secret de Barjavel, je goûte l’astuce, où la scénariste donne une explication surnaturelle à un événement d’ampleur mondiale et historique.
Le surnaturel, chez Valérie Mangin, prend ici la forme de la tromperie (logique, on est chez les démons, c’est des menteurs, ces gens-là) mais aussi de la perception perturbée. Ici, la symétrie des décors et la boucle du voyage n’est pas sans évoquer l’astuce liée aux fantômes (et au déroulement du temps) que l’on trouve dans son album de la collection « Hanté » : Mortemer.
Jim
Après la visite des enfers dans le troisième volet, c’est au tour du paradis d’accueillir nos protagonistes. Le voyage est motivé par l’exploration, la curiosité, la volonté de vérifier une théorie et aussi, mais je n’en dirais pas plus, une vengeance.
C’est pas mal du tout, ça balance du concept, et le contexte fait que Kerfriden livre un grand nombre de pages aux décors ésotériques épurés. L’ensemble repose sur une idée forte, et fait dévier la série du drame historique à la guerre d’entités, de John Le Carré à Neil Gaiman, si j’osais un parallèle un peu brutal.
Ce n’est pas Malo Kerfriden qui réalise les couleurs, comme je l’ai souligné plus haut. Ça reste très bien, mais on perd en grain, en vie. De même, le lettrage semble quelque peu différent, notamment avec des bulles plus oblongues, ces fameuses ellipses en forme de cigares qui ne sont pas du meilleur effet.
Question scénario, même si ça reste très bien, il y a un petit côté précipité comme si d’autres éléments étaient prévus mais ont été annulés. La révélation concernant Ava, survenue à la fin du tome précédent, peut expliquer l’évolution du personnage, mais reste un peu brutale. Et ce quatrième tome nous permet d’entrevoir quelques pistes narratives qui ne seront pas exploitées mais qui laissent penser que, peut-être, la scénariste en avait encore en réserve, et qu’elle a peut-être coupé plus tôt que prévu. J’essaierai de songer à lui demander, quand je la croiserai.
Une chouette série, qui mélange histoire et surnaturel d’une belle manière, qui surprend par les pistes qu’elle explore, et qui attise la gourmandise, l’envie d’un peu de rab.
Jim
Pas impossible que ça soit dû à l’inimité entre le couple Mangin-Bajram et Soleil ( Mangin a été coupée dans son élan lors des différentes séries Des Chroniques de l’antiquité galactique ; seules deux séries sur les quatre ont eu une fin ).