KGB t.1-4 (Valérie Mangin / Malo Kerfriden)

Tiens, je pensais avoir commenté les deux premiers tomes, que j’ai chez moi depuis longtemps. J’ai repris ma lecture à l’occasion de l’intégrale, donc reprenons les commentaires.

Le premier tome nous permet de rencontrer Ava, une scientifique, et Dimitri, son assistant, dans l’Union Soviétique des années 1950-1960, qui travaillent dans le monde souterrain de plans du Kremlin. Souterrain à plus d’un titre, puisqu’une partie de l’action se déroule dans les sous-sols, mais aussi parce que les activités secrètes de ce gouvernement confinent au paranormal.

Le premier tome parle de sorcellerie, de zombies, de monstres divers, de possessions. Les images sont saisissantes (des humains avec des pentacles ardents sur le corps, des versions démoniaques de Staline ou d’autres surgissant des sous-sols…). En filigrane, en parallèle de ce portrait x-filesien du soviétisme, on a droit aussi à la description d’un monde totalitaire et paranoïaque, qui mobilise beaucoup d’efforts pour conserver un silence salvateur. Ces pages d’ailleurs jouent la carte d’un réalisme qui est glaçant, plus que les monstres auxquels il est connecté.

Le deuxième tome emporte nos deux héros en direction de Baïkonour et de l’espace. Ava et Dimitri sont confrontés à un sorcier raspoutinien et au spectre de Belzebuth. La conquête de l’espace et la convocation des enfers dans une symétrie haut-bas assez éloquente.

Au fil du récit, Ava paraît moins effrayée que dans le premier tome. Elle semble comprendre les rouages politiques derrière les découvertes scientifiques et ésotériques qui parsèment le récit. Elle prend de l’allant, son côté ambitieux prend le pas, au grand dam de Dimitri, qui semble, quant à lui, assez dépassé.

Les politiciens, figures historiques du récit, sont décrits de manière intéressantes, parfois pétochards, parfois calculateurs, les apparitions surnaturelles étant souvent l’occasion de coups fourrés et de trahisons, chacun essayant de tirer son épingle du jeu. Malo Kerfriden convoque une esthétique démoniaque un brin lovecraftienne et son trait un peu tremblé ainsi que ses couleurs au grain évident rendent ses personnages très vivants.

Jim

1 « J'aime »