KILL LIST (Ben Wheatley)

http://img855.imageshack.us/img855/8965/killlist2011movieposter.jpg

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

11 juillet 2012

REALISATEUR

Ben Wheatley

SCENARISTES

Ben Weathley et Amy Jump

DISTRIBUTION

Neil Maskell, MyAnna Buring, Harry Simspson…

INFOS

Long métrage anglais
Genre : thriller
Année de production : 2011

SYNOPSIS

8 mois après un travail désastreux qui l’a laissé mentalement marqué, un tueur à gages accepte tout de même une nouvelle mission. Mais très vite, il ressent à nouveau les effets de la peur et de la paranoïa…[/quote]

C’est assez marrant, Kill List, ça commence comme un Ken Loach pour se terminer chez The Wicker Man.

Autant dire que la tension monte, monte, et monte encore. Toutes les questions ne trouveront pas de réponses, mais cet étonnant petit film, inégal quoique maîtrisé, a toutes les chances de vous laisser à l’issue de la (décevante) scène finale le cul nu dans l’herbe, vous demandant ce qui vient de se passer.
On sera passé allégrement de la chronique sociale au polar bizarroïde sans rien voir venir, secoué ensuite par des scènes éprouvantes pour finir abandonné dans des territoires d’inquiétude peut-être trop familiers.

[size=85]D’autres crieront néanmoins « remboursez ! » à la fin.[/size]

Je l’ai regardé après lu l’avis de Photonik concernant A Field in England.
Et, bon, si c’est effectivement une expérience cinématographique intéressante, cela confirme quelque chose que je soupçonnais : Photonik est sensible à un certain cinéma qu’au pire je n’aime pas, et qu’au mieux je ne comprends pas.
Donc la chronique presque naturaliste d’un homme normal dans la vie duquel s’immisce le meurtre et la violence, et qui se conclut en séquence hallucinée, laissant en chemin plein de questions irrésolues, le tout dans une narration dénudée, ma foi, j’y suis un peu resté de marbre. Chapeau cela dit pour la scène d’engueulade à table, qui résume en une (longue) séquence l’effritement raconté par le film.
Mais je crois que je vais en rester là pour Ben Wheatley, c’est vraiment une sécheresse narrative sur laquelle je n’ai aucune prise, et du coup je glisse sur ce genre de film comme la pluie sur les plumes d’un canard. L’absence d’effet qui devient un effet, l’absence de figure de style qui devient une figure de style, ça me dépasse.

Jim

[quote=« Jim Lainé »] Chapeau cela dit pour la scène d’engueulade à table, qui résume en une (longue) séquence l’effritement raconté par le film.

Jim[/quote]

C’est une scène épatante, vraiment, qui résume toute la méthode Wheatley : tournée en peu de temps avec un chef-op’ très complice (ils lisent dans les pensée l’un de l’autre, pour ainsi dire) et des acteurs énormes dans le registre de l’improvisation, puis énormément travaillée en aval au stade du montage, c’est presque le manifeste de sa méthode, donc.

Pour le reste, tous les goûts sont dans la nature, bien sûr. J’ai vu les 4 long-métrages de Wheatley (le polar fauché « Down Terrace », « Kill List » donc, "Touristes, sa comédie horrifique, et « A Field in England », son travail le plus barré…), et j’y vois pour ma part une véritable patte d’auteur qui s’installe tranquillement, avec une méthode originale et constante mais « souple » (Wheatley s’adapte au projet quand même), et surtout une thématique intéressante, celle d’une sorte d’archéologie des croyances qui font l’histoire anglaise. Wheatley voit, à la manière d’un géologue, ces différentes couches ou strates de ces croyances qui se sont succédées au cours des siècles, et qui font l’Angleterre d’aujourd’hui. On creuse beaucoup dans les films de Wheatley par exemple, et les squelettes et autres fossiles affleurent souvent à la surface.

Pour le déroulé de « Kill List », on peut voir en effet l’histoire comme celle d’un homme normal qui voit l’horreur s’immiscer dans sa vie, mais ça me semble plus subtil que ça. L’horreur a toujours été présente dans la vie de ce tueur, les images et le crescendo horrifique ne faisant que progressivement coïncider sa vision du monde et celle du spectateur. Wheatley entend interroger les conséquences des choix de politique étrangère de son pays, et notamment sa participation à l’invasion de l’Irak en 2003. Une fois qu’on a préparé des tueurs à agir, que font-ils une fois désoeuvrés ? Ben ils continuent à tuer.

On peut juger que l’histoire est elliptique et manque à fournir des explications sur les tenants et aboutissants de l’intrigue : moi j’aime beaucoup ces histoires de communautés occultes ou de complots à grande échelle qui rappelle un peu (et même beaucoup) « The Wicker Man » de Robin Hardy, LA grande influence du film, et les films de Jacques Rivette, où il y a toujours un complot à la « Un Nommé Jeudi » de Chesterton et dont personne (pas même ceux qui sont partie prenante) ne comprennent le fin mot…