KING IN BLACK #1-5 (Donny Cates / Ryan Stegman)

  1. Don t ask !

Apparemment, la covid anesthésie même le goût des bons comics. Vraiment dangereuse cette sale bête.

Comme disait l’autre, une année qui s’écrit deux fois vingt, faut pas s’étonner qu’on finisse tous en quarantaine.

Jim

Sourire

Je viens de lire le premier volet, et franchement, c’est vraiment bien. Complètement dans la lignée de la série, entre grosse énergie, vitesse énorme, proportions épiques et drame humain.

Le numéro s’ouvre sur les questionnements d’Eddie Brock, pétri de doutes mais surtout confronté enfin à la menace qu’il voyait venir et que les circonstances l’ont amené à précipiter. Il est un peu comme un cheval qui a renâclé une fois ou deux à l’obstacle, et qui sait qu’il ne peut plus reculer. Il va sauter, et il réussira.

Très vite, on enchaîne sur les Avengers, qui prépare l’évacuation des populations (l’envahisseur arrive à New York, on dirait un film d’Emmerich, mais cette fois, il y a une vraie raison narrative à ça) et la contre-attaque. Donny Cates écrit un Captain America très convaincant, focalisé sur la stratégie, mais qui n’est pas avare d’un sourire à l’adresse d’un compagnon d’armes.
On appréciera notamment que le scénariste n’entrave pas l’événement éditorial par d’inutiles séquences de blabla, de confrontations de héros, de discussions sur la marche à suivre, de reproches et d’engueulades. Au contraire, la voix off suffit à poser la situation pour le lecteur qui n’aurait pas suivi la série régulière, et les héros sont présentés d’emblée comme faisant front commun à la menace : purée, que ça fait du bien, quand on est encore hanté par les souvenirs douloureux des bastons de héros à la Civil War et autre Avengers vs X-Men. Là, on a des héros, contre un méchant. Yeah !

Le reste de l’épisode, en gros, c’est l’échec successif des différents plans des héros, et l’avancée irrépressible de Knull. Totalement épique, avec des doubles pages assez formidables. Cates, qui fait ses devoirs, connecte un autre élément à son petit bac à sable marvélien, puisqu’il lie le Void à Knull. C’est assez bien vu.
L’épisode a son lot de coups de théâtre (notamment une partie de l’armée de Knull qui surprend les héros, et là encore une belle double page) et un cliffhanger classique mais toujours efficace. Graphiquement, Stegman est en feu, particulièrement inspiré (et il donne à Knull une allure qui cadre totalement avec l’esthétique McFarlane : à ce titre, Stegman est étonnant : dans Absolute Carnage, il est parvenu à citer graphiquement Bagley, là c’est le Todd, cette capacité à faire des clins d’œil visuels est un petit plus évident).
Un premier numéro à cent à l’heure, avec sa cargaison de scènes puissantes et de caractérisation réussie. S’il parvient à maintenir le cap comme il l’a fait pour Absolute Carnage, Cates risque de nous laisser un gros morceau marvélien comme on les aime.

Jim

Si je ne me souvenais pas que l absolute carnage m est tombé des mains, vraiment je foncerais

Tu n’avais pas aimé ?
Je n’ai pas trouvé tes commentaires, mais sans doute que tu les as mis en VF, ou pas du tout.

Jim

Non je n ai pas commenté, je ne suis même pas allé au bout.

Je les ressors du coup, a te lire, j ai du passé à côté.

Je trouve l ecriture de cates assez précipitée. Ca va vite, si vite, que généralement je ne me rappelle pas ce que j ai lu, une fois le comics refermé.

Peut-être pas : on n’est pas obligé d’avoir les mêmes goûts ni d’être sensible aux mêmes choses.

J’aime bien son rythme : cette vitesse me donne l’impression qu’il ne joue pas la montre (pour reprendre une autre analogie, suggérée par un copain scénariste : « tire toutes tes cartouches tout de suite, tu auras toujours le temps d’avoir d’autres idées pour la suite »), et ça j’aime. J’aime aussi le fait que cette vitesse serve à mettre en valeur des moments plus intimes (là, dans le premier chapitre de King in Black, il y a des cases entre Eddie et Dylan qui fonctionnent à mon sens d’autant mieux qu’elles sont entourées de séquences frénétiques.
Après, oui, il y a quelque chose d’une décompression modernisée, dans son usage des doubles pages et des grandes cases d’action, mais je trouve qu’il gère bien le truc, notamment par les voix off qui me semblent assez rusées.

Jim

J ai lu quelque indépendant de lui.

C est la même chose. Ca file.

Je me dis que cates a été biberone a image comics première période.

Qu est ce que donnerait un scénariste qui aurait forgé son goût au contact de l energie débridé des youngblood, spawn, wildcats première période ? Grande case, dessins qui explosent des cases, enchaînement de peripeties sans grande cohérence.

Et bien ca donnerait sans doute cates. Il rajoute a ce dynamisme de la cohérence et de l émotion.

Pourquoi n ai je pas accroché a ce que j ai lu ?

Je ne saurais dire. Je trouve agreable de le lire, mais je manque de temps pour m interesser a ses persos qui restent souvent unidimensionels et sans contre point.

J’ai commencé par God Country, un peu par hasard, genre « tiens, c’est quoi ? », et j’ai continué avec Doctor Strange et Ghost Fleet. Dans les trois cas, j’ai apprécié. Même Ghost Fleet qui souffre d’avoir été raccourci en cours de route.

C’est pas impossible, il a 36 ans. Il avait seize ans au moment d’Authority (et je trouve que ça se sent un peu, en matière de construction).

Je trouve ses Venom (sa seule prestation « longue » que j’aie lue) assez bien tenus. Il donne l’impression de savoir où il va, et de meubler sans que ce soit visible ou gênant. Et j’avoue que j’aime bien les grandes cases, les moments lyriques, tous ces trucs qu’on retrouve quel que soit le dessinateur, donc qui doivent venir de lui.

Je trouve aussi.
Surtout l’aspect émotion qui me plaît bien. Il m’avait rendu sympathiques les rednecks de God Country, et il me rend sympathique Eddie Brock, personnage qui oscillait chez moi entre mépris et détestation. Y a toujours des moments « cools », ces instants où le personnage est seul, débordé, mais décide d’être héroïque (il est souvent dépassé, parfois même sans pouvoir). L’homme seul, le truc qui fonctionnait pour le jeune spectateur que j’étais face à Dirty Harry ou Mad Max. Ou mieux, le personnage d’Eastwood dans The Gauntlet. Visiblement, ça fonctionne encore sur moi.

Tu mets le doigt sur quelque chose : le prisme des séries est souvent unique, ce n’est pas choral. Dans Venom, le point de vue, c’est celui de Brock. Celui de Dylan est là pour faire avancer l’intrigue. Qui est construite de sorte que personne ne viennent contredire Eddie. Ce dernier se réconcilie avec Spidey, les Avengers se rangent de son côté sans faire de remarques sur le fait que les informations auraient pu arriver plus vite. Personnellement, je ne déteste pas : c’est une série à héros unique, donc ça passe assez bien, et ça évite les chamailleries de justicier dont j’ai dit plus haut que j’en étais lassé.
Mais c’est clair que ça peut s’avérer une faiblesse : ce qui me rend d’autant plus curieux de le voir prendre les rênes d’une série de groupe.

Accessoirement :
sur le compte Twitter de Donny Cates, l’auteur a posté une photo de lui et d’Alan Moore.
Et dans les commentaires, un mec lui dit d’aller "voir son château secret où il concocte des comics formidables et projette de détruire DC à grands renforts de magie ».

Ce à quoi un mec répond :

He’s already been doing it.

Secretly he used magic to create Zach Snyder. Snyder is his evil magic puppet. He’s been destroying DC from the inside out.

(en gros : « il a déjà commencé. En secret, il a utilisé la magie pour créer Zach Snyder. Snyder est sa poupée magique maléfique. Il détruit DC de l’intérieur ».
Je soupçonne le gars de confondre peut-être Zach et Scott, mais qu’importe, c’est drôle.)

J’adore !

Jim

Y a ça oui, mais il y a aussi le fait que l action est continue. Il alterne tres peu ses sequences, on reste collé aux basques du même perso tout l épisode.

Alors c est dynamique, mais quelque part ca manque de rythme.

Oui, beaucoup d’action, mais il y a des pauses. Elles sont souvent courtes. C’est rare par exemple qu’il consacre un épisode à souffler un peu. Les récits sont toujours tendus. Dans le début d’Absolute Carnage, la rencontre avec Spidey dans le bar pourrait jouer cette fonction (et la joue en partie), mais c’est toujours axé autour des soucis à venir, toujours en prévision de l’intrigue. Tout est au service de l’intrigue. C’est cohérent par rapport à son travail visant à organiser les différentes pistes inabouties liées au personnage, mais effectivement, ça peut créer une routine. Moi, j’aime bien, d’autant que la série et ses cross-overs sont colorisées par Arbutov qui leur donne une cohérence serrées. Et je suis assez sensible aux pauses, aux cases d’émotion, à ces petits instants muets ou presque. Mais c’est vrai que c’est rare, le récit donne l’impression d’être en constant état de siège.
Après, outre le fait qu’il a l’âge d’être inspiré par des trucs que nous avons découvert alors que nous avions déjà de longues années de lecture, je crois aussi qu’il tente d’en mettre un max dans ses numéros très vite. Ses mystères ne traînent pas. J’évoquais brièvement le personnage de Virus, qui est à mon sens un hommage ou clin d’œil à la tradition des Goblin dont les identités étaient souvent l’objet de longues mystères et de révélations tardives. Donc il nous propose un pseudo Goblin d’énième génération, ouvertement construit de bric et de broc et qui a visiblement un compte à régler avec Brock qui pourtant ne le reconnaît pas… Et paf, au bout de deux épisodes, Cates dévoile le truc. Je pense qu’il ne veut pas faire durer les intrigues (le grand plan, ouais, sans doute, toute l’histoire de Knull court depuis trente numéros et quoi, deux ans, en gros… mais pas les arcs ni les développements en cours). Et je pense que c’est lié à certaines de ses expériences éditoriales malheureuses, notamment Ghost Fleet. Dans les bonus, il explique que la série était prévue (de mémoire) sur douze épisodes et a été réduite à huit. De là, j’en conclus, sans doute abusivement, qu’il tente de balancer un max de choses très vite, afin de pouvoir plier les choses assez vite sans sentiment de non-dit s’il était forcé à le faire. Je fais peut-être de la surinterprétation, mais ça me semble assez cohérent, somme toute.

Jim

«recit en etat de siege». Oui c est bien dit.

Et bien qu il passe a la campagne militaire et qu il étoffe plus ses persos et son supporting cast et il devrait m interesser.

L art du subplot bordel !

Pour reprendre une partie de ce que vous dites, je trouve que Taylor écrit « vite » aussi.

C est vite dit, ça quand même.

Sourire

Si tu m’entendais parler, tu le penserais encore plus.

Taylor, j ai peu lu. Ses iron man et ses hulk ( c etait lui avec le hulk intelligent a crête ?)

Je n ai pas forcément souvenir de cette précipitation dans l écriture.

Peut-être dans injustice cela dit, où il enchaine les péripéties ? Mais j ai juste survolé le premier tome, n etant pas intéressé.

Non, c’était Duggan.

C’est vrai, et souvent il écrit moins aussi, au sens où il est encore plus économe des bulles. Mais il sait gérer les groupes, et donc faire parler les différents points de vue. Et il partage avec Cates le sens des séquences épiques (je me souviens du début de Star Wars Invasion, c’est assez énorme).

Jim