KNOCK KNOCK (Eli Roth)

Voici les premiers visuels du nouveau long métrage de Eli Roth (Hostel, The Green Inferno…).

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

23 septembre 2015

REALISATEUR

Eli Roth

SCENARISTES

Eli Roth, Guillermo Amoedo et Nicolas Lopez

DISTRIBUTION

Keanu Reeves, Lorenza Izzo, Ana De Armas…

INFOS

Long métrage américain/chilien
Genre : thriller/horreur
Année de production : 2015

SYNOPSIS

Deux jeunes femmes débarquent dans la maison d’un homme marié et commencent à détruire méthodiquement sa vie idyllique.[/quote]

Qui est là ?

Sheila.

Sheila What ?

Sheila lutteuh finaleuh !

ça y est on les a perdu.

J’aurais dit « Sheila chenillequiredémarre », quant à moi.

Sinon, quelqu’un a vu les derniers Eli Roth ? Je l’ai un peu perdu après les « Hostel » (que j’aime bien, au demeurant)…

Faut dire que depuis les Hostel, il a produit, il a pas mal (enfin très mal plutôt) fait l’acteur, il a fait de la TV (Hemlock Grove) et il a n’a réalisé que The Green Inferno qui n’est toujours pas sorti suite à des problèmes de distributeur.

Ah c’est pas encore sorti, ça ?
« Hemlock Grove », grosse déception après une mise en place alléchante, j’ai pas insisté au-delà de 4 ou 5 épisodes.
Et Roth producteur, c’est vraiment très variable : son « Aftershock » a l’air de ne pas valoir la corde pour se pendre, par exemple (même si j’aimerais bien voir par curiosité "The Sacrament’, quand même).

Au final, pas terrible comme tableau de chasse, pour celui qu’on présentait comme le futur wonderboy du genre…

Ca ne m’étonne guère…mais j’ai déjà écrit tout le mal que je pense de son taff dans le trède de son film de cannibales… :wink:

La bande-annonce :

[quote=« Photonik »]Ah c’est pas encore sorti, ça ?
« Hemlock Grove », grosse déception après une mise en place alléchante, j’ai pas insisté au-delà de 4 ou 5 épisodes.[/quote]

Tu progresses. À une époque pas si lointaine, il t’en fallait plus pour constater l’évidence. :wink:

Ça vaut d’être curieux. Pas inoubliable, mais loin d’être pourri.

Je vais le voir pas plus tard que ce week-end justement, je pense. J’ai été déçu par le précédent Ti West (« The Innkeepers », qui ne vaut pas à mon sens sa réputation plutôt flatteuse), j’espère me refaire avec celui-là…

Quant à ma vitesse de réaction sur « l’évidence », il me tarde d’en arriver au moment où tu vas te rendre compte que Scott Snyder est très surestimé : c’est pourtant une évidence… :mrgreen:

[quote=« Photonik »]Je vais le voir pas plus tard que ce week-end justement, je pense. J’ai été déçu par le précédent Ti West (« The Innkeepers », qui ne vaut pas à mon sens sa réputation plutôt flatteuse), j’espère me refaire avec celui-là…

Quant à ma vitesse de réaction sur « l’évidence », il me tarde d’en arriver au moment où tu vas te rendre compte que Scott Snyder est très surestimé : c’est pourtant une évidence… :mrgreen:[/quote]

Aucune chance. La lucidité, c’est pour les autres. :slight_smile:

Comme on le disait un peu plus haut, malgré les espoirs un peu démesurés pour pas grand chose placés sur lui, Eli Roth n’aura pas vraiment éclaboussé de son talent les années 2000 ; il faisait pourtant parti d’un petit groupe de réalisateurs désignés comme les sauveurs du genre horrifique. De tous ces mecs, c’est probablement lui qui a le plus déçu…

Certes, il y a les deux premiers « Hostel », que personnellement je ne déteste d’ailleurs pas (l’humour/mauvais esprit du film le sauve), malgré son inscription dans le genre honni du torture-porn, à la résonance morale plus que limite.
Ces films ne renseignent pas non plus complètement sur le talent de pur metteur en scène de Roth : parfois inspirée, parfois étonnamment anodine (voire cheap, par moments), sa mise en scène fluctue trop dans son impact pour ne pas laisser l’impression tenace d’avoir à faire à un cinéaste dilettante, quoique compétent.
Ajoutez à ça une réputation de grande gueule un peu trop sûr de lui et on comprendra la réputation très mitigée du réalisateur de « Cabin Fever » (perso ça je m’en fous un peu dans l’absolu, si les films sont bons).

« Knock Knock », étonnamment du coup, se présente (et du reste est) un petit exercice de style assez modeste dans sa confection et sa portée. La réussite du film est à l’aune de cette approche, modeste donc, mais ça fait toujours plaisir de s’envoyer un petit film malin et retors.
Le perso de Keanu Reeves, c’est le point de départ très simpliste du film (argument digne du premier des films pornos venu), est donc confronté à une sorte d’archétype de fantasme cheap de mâle hétéro de base, avec deux (très jeunes) nanas délurées qui viennent carrément directement sonner à la porte du domicile de l’heureux élu. Peu importe que cette situation soit si « typée » et peu crédible au fond, sa nature artificielle est évidemment au coeur du film.

C’est pas idiot, je trouve, de varier le canevas-type du « home-invasion » à la « Funny Games », en féminisant les assaillants, et en les faisant même incarner par des interprètes fort girondes : Lorenza Izzo (Mme Roth dans le civil ; on ne s’emmerde pas, Eli… :wink: ) et surtout l’atomique Ana de Armas constituent un duo incroyablement sexy. Mais Roth échoue un peu à capitaliser sur cette originalité, en promeuvant un sous-texte sexuel un peu lourd et déjà-vu, sentant limite le rabâché ; on multiple les allusions les plus variées au fait que le perso de Keanu Reeves est essentiellement castré, coupé de sa virilité qu’il recherche en trompant son âge et en se réfugiant dans l’univers de son adolescence (entouré qu’il est de vieux matos et de vieux disques, lui qui est ancien DJ devenu architecte ; un autre signe de castration, artistique celle-là). Ce n’est pas toujours très finaud, même quand ça joue sur la portée quasi biblique de ce sous-texte (la référence à la chevelure comme source de virilité dès la première séquence qui trouve un écho en miroir inversé plus tard dans le film).
Idem pour la mise en scène de l’érotisme, où Roth ne brille guère par son originalité et s’appuie finalement presque exclusivement sur les charmes de son tandem d’actrice pour meubler son métrage… jusqu’à mi-parcours, où le métrage dérape, comme attendu.

La deuxième partie du film n’est pas forcément transcendante, et Roth tire même à la ligne avec des séquences tout ce qu’il y a de plus anodines, comme cette partie de cache-cache molle et superflue (déjà plutôt court, le film aurait gagné à davantage de concision). Il s’appuie sur certaines rebondissement à la limite du moisi, avec cette séquence un peu con de la ventoline. Le film, malgré ces défauts, se fait subitement plus subtil, et teinte le récit « moraliste » attendu (genre tous ces thrillers des années 80, idéalement avec Michael Douglas) où l’époux infidèle est « stalké » par sa maîtresse, de nuances bien plus fines que prévues…
Ainsi, en lieu et place d’une lecture moraliste/culpabilisatrice éculée que le pitch appelle pourtant (il joue en fait avec cette attente), le récit s’intéresse plutôt à une sorte de conflit générationnel : en cédant à la tentation, Keanu Reeves ne cherche en fait qu’à rajeunir symboliquement, mais il se heurte à un mur d’incommunicabilité ; on est jeunes qu’une seule fois. Ce conflit a une dimension très intéressante, et assez large, car elle accueille aussi une réflexion sur l’art et ce qui le fonde, sachant que la réponse diverge en fonction de la génération à laquelle on appartient.

Au final, Eli Roth se fait très malin puisqu’il ne promeut pas simplement, loin de là, la jeune génération qui vient balayer l’ancienne, ses codes et son hypocrisie ; la jeunesse est montrée dans toutes ses contradictions (et il est judicieux de la part de Roth de rester discret sur les motivations des assaillantes, pour tendre vers plus d’abstraction). En atteste une scène où les deux filles se retrouvent attifées comme un couple hétéro très normal (papa et maman); ce qui ramène les assaillantes à leur futur « normé », de façon inéluctable semble dire le film. Plus important, le récit pose finalement à travers les actes des « héroïnes » une question qui concerne presque le domaine du droit moral le plus complexe : a-t-on le droit de juger quelqu’un que l’on a poussé au « crime » ? N’est-ce pas injuste ? Une question très pragmatique.
Du point de vue de la dimension strictement morale du récit, Roth livre décidément un récit plus riche qu’il n’y paraît.

Niveau mise en scène, Roth comme d’habitude se révèle inégal, avec quelques bonnes idées à son actif quand même, comme ce double plan-séquence « en miroir » (un ou début, un à la fin) qui montre de façon très synthétique l’ampleur du ravage du foyer de Keanu Reeves, tant sur le plan matériel que sur le plan symbolique.
Ce sale gosse d’Eli Roth ne peut s’empêcher de conclure son film sur une note humoristique (avec cette chute gaguesque limite très mauvais goût), mais ça concourt au côté sympa et pas si sérieux au final de l’affaire.

Un bon film farci de défauts mais pas con, c’est tout ce que je demande à Eli Roth personnellement ; je n’en attends pas plus et m’en contente. De là à regarder son film de cannibales…