KOGARATSU t.0-13 (Bosse / Michetz)

Discutez de Kogaratsu

ActuaBD : Michetz : « Le plaisir du dessin est indicible. Il faut se contenter de ressentir. » [INTERVIEW]

Mitchez s’en est allé :pensive:

Ah merde !

ActuaBD : Décès de Marc Michetz, le dessinateur de Kogaratsu

Jim

Hommage de la scénariste Valérie Mangin sur son blog le 11 janvier 2025 :

Narration : une page de Kogaratsu

Hier, l’envahissement de mon fil FB par des photos de Marc Michetz m’a appris sa mort. Je ne le connaissais pas personnellement mais j’avais lu, il y a quelques années, et beaucoup apprécié la série Kogaratsu qu’il avait réalisée avec Bosse au scénario.

Elle avait commencé en 1983, bien avant la grande mode du manga, 20 ans même avant la traduction du Lone wolf and Cub de Kazuo Koike et Goseki Kojima en français. Comme Ogami Itto, le loup solitaire, Nakamura Kogaratsu est un samouraï qui perd son maître et erre en rônin sur les routes du Japon du XVIIe siècle.

Je vous montre ici une page de l’histoire courte Le Pont de nulle part dessinée en 1988 et publiée en album 3 ans plus tard. Contrairement à la page de d’Astérix que je vous ai présentée il y a quelques temps où il n’y avait que des bulles et pas dessin (voir ici ), ici, on a une page illustrée mais complètement muette. La narration BD peut tout à fait se passer de cartouche et de dialogues pour transmettre un message.

La page se divise en 2 partie égales. La première est une seule grande case qui nous décrit la situation de départ : Kogaratsu, de face à l’arrière-plan, découvre un combattant qui tourne le dos au lecteur et semble bizarrement attendre devant un pont détruit, qui ne mène nulle part. Un homme très mystérieux donc. Michetz a dessiné ces deux samouraïs au milieu d’un site très riche et très évocateur du Japon où la ruine le dispute en élégance à la nature qui l’entoure (rochers, arbres, ciel).

Ce décor posé, il n’y a plus besoin d’y revenir ensuite. Michetz peut se concentrer sur ses personnages. La deuxième partie de la page se concentre sur leurs regards. Ils se jaugent, sans un mot, avant de s’affronter. Mais, si au centre on a deux petites cases avec les yeux de chacun des adversaires, le reste des cases qui les entourent est consacrée à ce que regarde Kogaratsu : le visage fermé de son futur opposant, ses armes et finalement, son étendard. Celui-ci pourrait briser le silence de la page mais l’inscription qu’il porte est en japonais, c’est-à-dire que lecteur ne la comprendra sans doute pas. Elle ne lui dira rien et restera un accessoire décoratif. Il faudra attendre la page suivante pour apprendre qu’elle est une invitation à combattre son propriétaire.

Cette deuxième partie aurait pu être construite sur de parfaits effets de symétrie, mais cela l’aurait sans doute rendue très figée. Au lieu de cela, Michetz a mis en écho les cases avec le sabre et l’étendard avec deux petites cases au lieu d’une seule. Il a également décalé les yeux des deux hommes vers la gauche et les a placés légèrement par-dessus les autres cases. C’est cela qui donne de la vie à l’ensemble et rend plus intense le duel de regard.

Et ne pensez pas qu’on soit ici dans un effet cinématographique : c’est purement de la Bande Dessinée.

Jim

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ActuaBD : Michetz : les derniers traits du samouraï

De Kogaratsu, je crois que je n’ai que le tome 0, sorti en 1991, soit un peu plus d’une demi-décennie après le début de la série.

L’album est composé de cinq récits courts, « Le Pont de nulle part » (avec sa petite touche de fantastique), « Ko-Shôgatsu - Le Petit Nouvel An », « La Renarde », « Le Forgeron », et « Champignon jaune ». On suit donc le héros, samouraï déchu qui retrouve une place dans la société et accomplit des missions jamais essentielles et jamais spectaculaires, loin du caractère épique souvent associé à ce genre de personnages. Bosse et Michetz composent un protagoniste empli de défauts, pas toujours ni aimable ni admirable, proie à la colère et à l’orgueil, cédant à ses pulsions.

J’ai toujours bien aimé le travail de Michetz. J’ai lu quelques tomes de la série en bibliothèque il y a des années (en revanche, je n’ai jamais lu Tako, qu’il a fait avec Yann). J’ai ses compositions, ses décors grandioses, ses gros plans, ses jeux sur la caméra fixe. Je sens chez lui une influence de Hermann (qui a marqué beaucoup de dessinateurs franco-belges), mais il a su dépasser tout ça (je n’aime pas trop Hermann, je préfère son ancienne manière des premiers tomes de Comanche), et je vois dans ses constructions de planches des points communs avec Cosey ou Marvano, que j’apprécie grandement : je sens chez ces auteurs une petite touche comics qui, bien entendu, n’est pas pour me déplaire.

Jim

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