KONG : SKULL ISLAND (Jordan Vogt-Roberts)

La nouvelle bande-annonce :

youtube.com/watch?v=zbROPTr5aDI

[quote=« Jordan Vogt-Roberts »]The script I first read took place in 1917. But when I started talking to the Legendary guys, I was thinking, ‘What weird King Kong movie would I want to see?’ So I pitched them the Vietnam War connection, literally thinking they were gonna laugh me out of the room. And to Legendary’s credit, they said, ‘Cool. Let’s figure it out.’ The aesthetics of that time mixed with King Kong makes for an incredible genre mash-up.”
[/quote]

Concept-art :

http://www.cine-sanctuary.com/public/sanctuary/img/affiches_1/affiches1.1/ksibanner1.jpg

Apocalypse Kong !

http://www.cine-sanctuary.com/public/sanctuary/img/images9/images9.1/kong-skull-island-poster.jpg

L’affiche japonaise :

http://www.cine-sanctuary.com/public/sanctuary/img/previews/previews1.1/Kong-Skull-Island-Japanese-poster.jpg

La bande-annonce finale :

youtube.com/watch?v=NgM7wEf_vlg

Drôle de film, à bien des égards : tout sauf chiant, plutôt fun et généreux (j’y reviens), on peut pas vraiment dire que le film soit très abouti (j’y reviens aussi). Mais quand même : j’ai plutôt passé un bon moment.

La bonne idée du film, c’est ce côté « mash-up » de genres : l’idée de mêler un film de monstres à un film de guerre du Viet-Nam à la « Apocalypse Now » peut sembler incongrue, et à bien des égards elle l’est. C’est néanmoins ce pan du projet qui fournit au spectateur certaines de ses scènes d’action les plus démentielles (et il y en a quelques-unes dans ce film), et ses plans les plus furieusement iconiques, dont ce contre-jour avec les hélicos au premier plan fondant sur la silhouette gigantesque de Kong à l’arrière-plan, sur fond de soleil rouge sang très Coppola dans l’esprit.

Il aurait été intéressant, à cet égard, que le réalisateur tire des choses porteuses du pan purement « film de guerre », que ce soit en termes d’ambiance, de caractérisation ou de métaphore politique ; le film a cette ambition, mais il échoue sur ces points.
Le côté « reconstitution » du projet est plutôt riche et abouti, mais se résume in fine à des emprunts constants et conséquents aux grand classiques du genre (de « Apocalypse Now » à « Voyage au bout de l’enfer »), BO d’époque à l’appui, de « White Rabbit » de Jefferson Airplane à « Paranoid » de Black Sabbath (trop de hits tue les hits, ceci dit ; on n’est pas loin de l’overdose en la matière qui plombait « Suicide Squad », dans un autre genre). Quant à la métaphore politique, floue car trop mouvante et tirée par les cheveux (Kong est tour-à-tour une personnification de l’ennemi de la jungle, les Viet-Congs, donc, et une image des Etats-Unis période Guerre Froide, dangereux mais in fine bienveillant et protecteur, quand il n’est pas une image de la colère de la Terre nourricière elle-même, sorte de catastrophe naturelle sur pattes), elle ne fonctionne pas vraiment à mon sens…

Peut-être que l’un des points faibles principaux du film est Kong lui-même ; gigantesque jusqu’à l’absurde (et encore… on nous explique qu’il est encore en pleine croissance, certainement dans la perspective de son empoignade à venir avec le plus célèbre des monstres nippons), le perso est trop déconnecté par ces questions d’échelle des autres protagonistes du film pour vraiment interagir avec eux. Il faut voir à ce titre les tentatives assez pathétiques du script de faire de Brie Larson (dont le perso est pour ainsi dire inutile au récit) une nouvelle Fay Wray ou une Naomi Watts plus aventurière dans l’esprit. Raté ; trop peu, trop tard.
Le principal problème avec Kong demeure sa « caractérisation » : beaucoup trop « anthropomorphisé » pour son propre bien, le grand singe est traité comme une sorte de justicier colérique et muet, presque « Batman »-isé dans ses motivations (il veut venger son papa et sa maman, oui oui).
Peter Jackson avait su éviter ses écueils ; on imagine que ces options sont plutôt celles des studios, qui souhaitent « marvéliser » leur future univers partagé, ce qu’ils font à bien des égards, tant au niveau du rythme et de la tonalité que de certains ressorts narratifs (l’agence Monarch, en succédané du SHIELD…).

Mon principal souci demeure la tonalité du film, clairement le cul entre deux chaises. On passe de moments censés nous fendre le coeur (mouais) à des instantanés « what-the-fuck », prenant les personnages pour de simples pantins chair à canon et propices à quelques gags tendance humour noir (ce qui annihile tout simplement les persos en question, qui n’ont déjà pas beaucoup de substance…).
Le pompon est atteint avec le perso de John C. Reilly : si celui-ci est objectivement très drôle (vraiment très très drôle), il y a par contre un décalage assez gênant entre lui et le reste du film ; on dirait tout simplement qu’il joue dans la parodie du film, pas le film lui-même…

Si on rajoute à ça que le film est sacrément mal écrit (des péripéties qui s’accumulent sans grande cohérence et des dialogues à côté de la plaque, en gros), vous allez me dire : hey, mais c’est une sacrée purge au final.
C’est pas faux, mais le film a aussi pour atout majeur son concept : c’est un film de monstres (et sacrément généreux dans le genre), donc par essence forcément too much et capillo-tracté.
On passe néanmoins un excellent moment, pour peu que l’on laisse son cerveau au vestiaire. Dans les bons points, il y a quelques séquences purement jouissives, de la baston finale à quelques moments « autres » débiles mais funs (l’araignée géante), et surtout cette séquence hallucinante de l’attaque des hélicos, électrisante comme c’est pas permis.
Mention spéciale à Samuel Jackson, dans le rôle d’une sorte d’Achab qui serait obsédé par Kong en lieu et place de Moby Dick ; ça fait une paye que je l’avais pas vu aussi convaincant à l’écran.

A voir pour les bisseux, c’est clair ; faut pas trop en attendre mais en étant prévenu sur la valeur réelle du machin (j’avais lu des papiers assassins…) on passe finalement un très bon moment.
Pas de quoi attendre fiévreusement le face-à-face annoncé par la séquence post-générique non plus, hein…

C’est très bizarre, j’étais persuadé d’avoir commenté ma vision du film (partie un peu loin : je ne me souviens même plus de la séquence post-générique).
Mais en gros, ce que j’avais bien apprécié, c’était les fausses pistes : on attend un monstre, mais il n’arrive pas, on attend une explosion, mais elle est désamorcée, etc etc. Au petit jeu de la survie, puisque le film revêt parfois les atours d’un survival, c’est assez ingénieux.
Je me souviens aussi avoir commenté le fait que, parfois, le montage est branlant. L’attaque des monstres dans le charnier est à ce titre pas super claire : combien sont-ils, où se situent les groupes d’humains séparés, tout ça. Il me semble bien me souvenir que, justement, on avait discuté de cette séquence avec d’autres personnes qui l’avaient vue, et qu’on en était arrivés à la conclusion qu’effectivement, on n’avait pas tout compris (et pas compris la même chose).
Je soupçonne le forum d’avoir encore joué des tours avec nos messages.
Reste une métaphore lourdingue mais efficace du rapport entre une nature paisible et une civilisation en guerre, une description de la confusion des genres (notamment quand les chercheurs utilisent du matériel militaire, ce qui en dit long sur le discours « science sans conscience… »), donc un sous-texte parfois maladroit mais bien méritant. Auquel se rajoutent des belles scènes d’action, des monstres au chouette design, des acteurs qui ont l’air de s’intéresser à ce qu’ils font, et plein d’idées visuelles.
C’est plutôt sympa à regarder.

Jim

Ouais, j’ai passé un très bon moment devant cette série B de luxe aux scènes d’action spectaculaires (ponctuées de passages par moments assez vicieux…je ne m’attendais pas par exemple à une référence visuelle à Cannibal Holocaust dans un film de studio).
Alors oui, le film n’est pas très bien écrit…et les personnages sont assez creux. Mais niveau spectacle, c’est très généreux, avec des plans souvent démentiels. Et comme cette île est pleine à craquer d’impressionnantes créatures, j’oublie les défauts pour me laisser emporter par l’aventure…

Tiens, je pensais qu’il y avait une discussion sur le King Kong de Peter Jackson. Bon, je glisse mes réflexions ici, alors, c’est pas plus idiot qu’ailleurs…

Je regarde en ce moment la version longue du King Kong de Jackson, et je note que les scènes rajoutées (en tout cas pour l’instant, mais je doute que ça change par la suite) se contentent de rajouter une couche au « ride » proposé par le réalisateur : un peu de plus de secousses dans ses grandes montagnes russes. L’attaque du triceratops, le périple sur le radeau ou même la mort de la poule géante, rien de tout cela ne vient changer la dynamique et l’économie du film. Pas de révélation ni de nouvel éclairage. En cela, je trouve l’écriture très intéressante : cela veut dire qu’à l’instar de certains journalistes qui écrivent des paragraphes en ayant conscience qu’ils pourront être supprimés afin que l’article puisse rentrer dans la page, l’équipe a su sacrifier des moments rocambolesques, mais peut-être un brin répétitif, sans entailler dans le véritable sujet (qui est, je le rappelle, la métaphore de l’industrie du spectacle, qui sacrifie ce qui est vivant, naturel et sincère à ce qui est beau et séduisant). Les seules exceptions, me semble-t-il, sont l’introduction, qui insiste plus longuement sur les images de pauvreté d’une New York frappée par la crise, et la scène de la casquette de Monsieur Hayes, qui ouvre sur une nouvelle diatribe de Jack Denham.
Autrement, j’ai bien l’impression que le film reste le même. Une autre raison d’en saluer la réussite.

Jim

Tiens, je ne savais pas qu’il y a eu une version longue (alors que le film, que j’aime beaucoup, est déjà très long) du King Kong de Peter Jackson (ou alors je l’ai su et je l’ai oublié ^^)…
Après une chtite recherche, Peter Jackson a rajouté une dizaine de minutes pour une ressortie DVD…

J’imagine qu’elles ont été tournées en même temps, et que cette version longue a été produite largement après, mais pas envisagée en même temps que la « version courte » du cinéma.
En la découvrant, j’ai trouvé qu’elle était plutôt bien faite, dans le sens où les deux versions se tiennent : on n’a pas de sentiment de manque en voyant la courte, ni de remplissage avec la longue.

Jim

Art Adams :

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Ah là, ça lorgne aussi vers le King Kong de Peter Jackson…

Jim

Terry Beatty

David Sundra