Discutez de La belette
J’ai trouvé ça hier en chinant dans le Perche … en plutôt bon état vu l’age du truc (de l’époque A suivre).
Vais revenir vous en parler.
Ah, Comès, que de bon souvenirs de lecture, il y a trente ans. Et celui-ci notamment (avec Silence). Ça me donne envie de m’y replonger. Je suis impatient d’avoir ton avis.
Jim
Tiens, ce sont mes deux seuls Comès.
Silence, je l’ai toujours connu chez moi. Pas un livre de chevet de mon père, mais pas loin. Du coup, je l’ai acheté pour moi. ça l’a presque surpris.
Au lycée, je dévorais ses bouquins. J’aime bien Eva (plus « violent », pour du Comès). Et L’Arbre-cœur.
Jim
Anne et Gérald emménagent dans une vieille bâtisse du bourg d’Amercœur, dans les Ardennes. Lui travaille à la télévision, toujours à la recherche de sujets pour ses documentaires (et les superstitions et la sorcellerie du coin l’intéressent), tandis que sa compagne songe déjà à repartir en ville, d’autant qu’elle aimerait bien mener sa grossesse à terme dans un environnement qu’elle apprécie.
Ils vont bientôt faire la rencontre de quelques voisins, puis du curé (qui tous semblent s’intéresser à la grossesse d’Anne), ainsi que de « la Belette », une femme mystérieuse liée à un culte ancien de la fertilité. L’ambiance est tendue, inquiétante, oppressante, mais peu à peu, les esprits vont évoluer. Surtout chez Gérald et Anne : le premier va nourrir une envie de plus en plus pressante de repartir, tandis que la seconde se mettra en tête de comprendre ce qui se passe…
Reprenant le postulat de base du Bébé de Rosemary, Comès nous fournit un nouveau suspense ardennais, cette fois-ci nettement teinté de fantastique, contrairement à Silence où le doute était encore permis. Cependant, comme dans son précédent album, le récit se finit mal, pour une partie des personnages du moins. L’intrigue s’articule autour de la pérennité des croyances, des coutumes, des habitudes, des routines, le monde matériel des paysans répondant en symétrie au monde spirituel.
Comès prend soin de dessiner ses personnages de citadins avec une allure étrange : ils arborent un crâne conique et des oreilles pointues, là où les villageois, pour moches qu’ils soient, ont tous des trognes différenciées. C’est une manière pour lui de marquer la différence entre les gens de la campagne et les nouveaux venus, des « étrangers » pour ainsi dire…
Dans d’autres discussions, on s’interrogeait sur le fait de connaître les dates et lieux de naissance des auteurs. Dans le cas de Comès, c’est cependant intéressant. Né en Belgique en 1942, d’un père germanophone, il est contraint de changer de prénom à l’école (comme on en a des explications dans la préface de Silence), Dieter devenant Didier. Ces détails ne sont pas anodins, dans le sens où ses personnages sont souvent en quête de leur place dans le monde. Cela peut également éclairer les mentions récurrentes de la Seconde Guerre mondiale dans ses récits, un conflit qui hante littéralement les personnages, comme autant de secrets pourrissants dans les esprits.
Jim
Casterman annonce une intégrale, en deux volumes, des « romans en noir & blanc » de Comès. À paraître au 20 mai prochain.
Couvertures à venir.
Comès, les romans noir et blanc - 1976-1984
Tous les romans graphiques en noir et blanc de Didier Comès, auteur culte d’ (À Suivre) , enfin réédités !
Cette compilation reprend les premiers romans graphiques en noir et blanc de Comès, dont l’emblématique Silence , portrait d’un simple d’esprit évoluant dans un village ardennais où la sorcellerie et les songes deviennent une réalité tangible. Suivent L’Ombre du Corbeau , une fable fantastique sur la vanité de la guerre, La Belette , autre grand récit ésotérique et rural, Eva , une troublante histoire mêlant sensualité, possession et folie, ainsi que de courts récits inédits en album et parus dans la revue (À suivre) . Avec ces récits, Comès démontre sa capacité à toucher au plus profond de l’âme et à construire des ponts entre le monde du visible et de l’invisible.
39,00 €
À PARAÎTRE le 20/05/2020
Comès, les romans noir et blanc - 1987-2006
Cette compilation reprend les derniers romans graphiques en noir et blanc réalisés par Comès : L’Arbre-Coeur, une confrontation entre deux êtres en proie à la folie, Iris, une aventure étrange entre passé et présent, humains et animaux, La Maison où rêvent les arbres, un récit poétique sombre et lumineux à la fois, Les Larmes du tigre, une histoire initiatique indienne, Dix de der dans lequel l’auteur revient sur la vanité de la guerre, ainsi que de courts récits inédits en album et parus dans la revue (À suivre). Avec ces récits, Comès démontre sa capacité à toucher au plus profond de l’âme et à construire des ponts entre le monde du visible et de l’invisible.
39,00 €
À PARAÎTRE le 20/05/2020
Tiens, faudra que je regarde le deuxième, à l’occasion.
C’est ce que je me disais aussi…
Faudra voir l’objet, quand on aura plus d’infos.
Jim
Macron n’en a pas parlé.
Pff, on peut plus compter sur personne.
Jim
Les deux tomes sont repoussés au 9 septembre prochain.
Jim
4 ans et demi plus tard …
J’ai adoré ! Vraiment. J’ai commencé à lire ça vers 1h30 cette nuit, et il a fallu que je sois raisonnable pour ne pas lire les 8 chapitres dans la foulée.
Déjà, la mise en route est très rapide. Une petite scène pour donner un côté lugubre à l’histoire, mettre le ton, et paf, on démarre d’entrée de jeu, sans scène d’intro (genre, le camion de déménagement qui arrive dans les Ardennes,… non, rien de cela). Quelques dialogues et on sait qui on a en face.
Y a pas mal de sujets dans cette BD, entre la religion, la télévision, l’étranger (dans un village), l’opposition ville-village… des choses qui sont encore hyper contemporaines, excepté la scène du téléphone (qui est excellente).
Et ce que tu expliques sur la jeunesse de Comès fait complètement sens, Jim, avec cet aspect sur l’étrange.
Evidemment, l’opposition entre le curé (qui a un côté Garth Ennis) et les païens me parle complètement et me rappelle des choses, même si c’est ici extrême. J’ai beaucoup la description de ce paganisme, qui me parle beaucoup plus, d’ailleurs.
Il y a vraiment beaucoup d’aspects qui me parlent, et puis, il y a l’histoire, une sorte de carré avec au milieu la femme enceinte et son fils (le mari n’étant finalement que le « fou » de l’histoire).
Graphiquement, il y a cette ambiance qui ne fait pas peur, mais qui fait ce qu’il faut pour intriguer.
C’est très bien fichu, avec un rythme étrange, à la fois len t et rapide, car il se passe pas mal de choses. Y a juste quelques bulles de pensée d’Anne en trop à mon goût, notamment sur le dernier tiers. Mais sinon, c’est vraiment une belle BD.
Patience et longueur de temps…
Jim