LA BÊTE NOIRE (Darko Macan / Milan Jovanović)

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Cette fantaisie poétique – lointaine cousine de “Philémon” ou une image un peu sombre de “Docteur Poche” – a conquit le coeur de nombreux lecteurs qui ont déjà découvert sa construction narrative complexe et ses variations graphiques, à travers les cinq chapitres qui présentent le personnage principal dans les moments clés de sa vie, de ses débuts cataclysmiques à la période tranquille en passant par l’Aventure avec un grand A.
Ce roman graphique en 5 parties est considéré comme l’un des meilleurs du genre de ces 30 dernières années dans les Balkans.

144 pages – Noir et Blanc
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FORMAT : 19,8 x 28.5 cm
SCENARIO : Darko Macan
DESSIN : Milan Jovanovic
EDITEUR : Inukshuk Editions
PRIX : 18 euros
DIMENSIONS : 1.8 × 19.8 × 28.5 cm

Extrait disponible sur le site de l’éditeur : https://www.inukshuk-editions.com/la-bete-noire-extrait/

Darko Macan, je risque de lui laisser une chance

Là aussi, belle dédicace, mais dans un tout autre style (avec de la couleur en plus, alors que l’album est en noir et blanc).
Alors, c’est l’album qui a fait que je me suis arrêté à ce stand, car j’ai vu le nom de Darko Macan.
L’album est complété de pas mal de textes, avant, pendant et après. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris au concept (visiblement, l’histoire est linéaire, mais inversée), mais le sujet est sur une des légendes de leur pays (Niko, tu en sais sûrement plus que nous ?).

En tout cas, ils m’ont bien vendu le truc, j’ai un peu hâte de lire ça (mais y a trop de choses à lire !!!)

(c’était ma journée « serbe », puisque j’ai fini par une dédicace de Yana, en zieutant de temps en temps à ma droite Igor Kordey enfiler les dédicaces comme des perles, sans filet !)

J’ai mal lu ou il n’y a pas de date de sortie pour cet album, ni pour Brek ?

C’est déjà sorti, l’un et l’autre.

Merci, mais ça semble assez confidentiel. Du moins dans les librairies où je vais d’habitude, je n’ai rien vu.
Je demanderai.

Ils n’ont pas de distributeur, pour la France, pour le moment. Ils essaient en direct avec les libraires, mais ça ne plaît pas, m’ont-ils dit.

Mon libraire n’a pas eu de réponse de leur part, donc j’ai commandé directement sur leur site « La bête noire » et « L’ombre d’antan ».

Et voici mon avis

C’est l’album qui m’a incité à réviser mes notes de séries ou d’albums déjà données.

ginevra

J’ai bien fait de le prendre alors. Dire que juste parce que j’ai vu Macan sur l’album que j’ai découvert cet éditeur …

Va falloir que je le déniche…

Jim

Quel étrange album, quand même.
Donc, on suit la Bête, un être représenté avec un visage en aplat noir, dont on apprend dans le premier chapitre qu’il a vécu une existence riche et complexe, qu’il a été sauveur du monde et pop-star. On ne sait pas grand-chose de lui, à part qu’il semble appartenir à une caste d’être différents dont l’existence est liée à celle de l’univers. Sans d’ailleurs qu’il soit sollicité dans une action effrénée.

La particularité de l’album, sous-titré « 5inq âges de la vie », c’est de proposer cinq grands chapitres disposés à rebours de la chronologie : le premier est le plus récent, c’est la « fin », et le dernier est situé dans la jeunesse du héros, donc le « début ». On retrouve donc des personnages récurrents, mais qui bien entendu rajeunissent à mesure qu’on tourne les pages. Macan aligne les idées saugrenues, imaginatives, poétiques, quasiment morrisoniennes, comme s’il s’était fait un bon mijoté de Doom Patrol avant d’écrire. Il crée un monde surréaliste, peuplé de personnages relativement positifs, souriants et désinvoltes, parmi lesquels on croise des sortes d’archétypes, de concepts incarnés. Au-delà de la Patrouille du Destin de Morrison, c’est un peu aux Endless de Gaiman que la Bête et son cercle renvoient, au final : Macan se refait Rêve et sa fratrie, à sa sauce, un peu.

L’autre particularité, c’est l’insertion de textes (extraits de romans ou d’essais, tous faux mais connotés) qui permettent de compléter la biographie à rebours du personnage. Le dernier texte se présente sous la forme d’un article (faux, bien entendu) de critique de bande dessinée, commentant l’album mais aussi les apparitions précédentes du personnages sous forme d’art séquentiel. Assez drôle.

Graphiquement, c’est top. Je connais mal Jovanovic, je l’associe à des séries franco-belges jolies mais plates (la francobelgerie a un vrai talent pour rendre insipides les dessinateurs vigoureux), alors qu’ici, il livre des ombres formidables, des drapés évocateurs, des corps expressifs. Il me fait penser au regretté Edvin Biukovic, par son élégance épurée, ou encore à Eric Shanower. C’est très très chouette.

La production est pas mal : quelque coquilles, quelques tournures qui me laissent penser que le français n’est pas la langue maternelle du traducteur, et surtout une police avec des « I » à empattements du plus mauvais effet. Mais la reliure et l’impression sont très belles.

jim

1 « J'aime »

Ah tiens tu l’as acheté. Cool

D’occaz, je précise.
J’ai passé un quart d’heure chez le bouquiniste en face de notre stand, sur le salon, j’en suis ressorti avec un paquet de BD à 75 boules (avec plein de trucs à cinq balles…), et ça dedans. Et c’est l’un des premiers trucs que j’ai lus !
Vraiment, j’ai adoré.
Mais c’est étrange.

Jim

Ah ouais … un super bouquiniste.

Un stand colossal.
C’est Aquabulle, la grosse librairie de BD d’occaz de Caen.
Olivier, le taulier, a parfois un choix musical discutable (et parfois excellent), mais sa boutique, c’est quelque chose, faut voir ça.

Bon, il avait plein de Rork, et moi, je n’avais pas ma liste, sinon, la pile aurait peut-être grossi.

L’une des adresses sympas que j’aime bien, dans la ville, quand j’y passe.
Après, historiquement, j’ai longtemps été client de Mémoranda, dans la Rue Froide, où je faisais des razzias de vieux Lug, et de romans de SF, à l’époque de mon collège et de mon lycée.

Jim

Non mais je sais que je dois passer dans une certaine rue à Caen. Je n’ai jamais eu l’occasion d’y aller.

Ce qui est bien, c’est que la Rue Froide abrite Mémoranda et Univers BD (sans oublier La Cour des miracles ou Le Cheval crayon), et que la rue parallèle, Demolombe, est celle d’Aquabulle.
Bon, après, pour passer au Bazar du Bizarre et au Coin du Polar, faut marcher, ouais. Genre dix minutes (parce que le poids des bouquins nous ralentit).

Jim

Voilà. Depuis le temps que j’en entends parler …

Le Coin du polar, j’y ai fait des razzias de comics VO, il était tombé sur un filon.
Il a un super rayon SF.
Et il avait une bonne cafetière, mais elle est cassée.

Jim

Je suis contente que cela t’ai plu. J’avais vraiment adoré ce livre au récit si particulier et aux textes intermédiaires tellement réussis que j’avais un temps cru à leur réalité.

ginevra