LA COKE DU FUHRER (Rand Holmes)

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Voilà ce que j’en disais sur France-Comics :

On se demande souvent comment font certains politiciens pour avoir un tel rythme, entre les déplacements et les nombreuses heures où ils doivent rester éveillés. Ce livre nous livre une part de vérité, mais c’est bien loin d’être ce qu’il y a de plus intéressant.

Quand Elmo hérite de son grand-père, ancien capitaine de navire pendant la deuxième guerre mondiale, sa vie prend un nouveau tour. Tout d’abord parce qu’il doit s’occuper d’un perroquet bien encombrant, mais surtout parce qu’il découvre dans une malle totalement insignifiante, une lettre de son aïeul contant une histoire rocambolesque : celle d’un avion de courtage transportant de l’héroïne personnelle du Führer et gisant dans les fonds marins de la Nouvelle Ecosse. Avec les coordonnées précises du lieu du naufrage, il n’en faut pas plus pour donner des idées à Elmo et Harold, grands amateurs de substances illicites.

Prendre cette bande dessinée seulement comme une histoire de beatniks, avec des petites pépés et des blagues légèrement pipi-caca, viendrait à mettre de côté les aspirations de l’auteur. Le Canadien Rand Holmes était adepte dans les années 60-70 de la contre-culture. Il participa notamment au magazine Help! d’Harvey Kurtzman. Pour le Georgia Straight, journal underground de Vancouver, il créa le hippie Harold Hedd (le héros de ce volume), mascotte du périodique qui devint de plus en plus populaire, notamment pour sa lutte contre la censure.

Ses aventures étaient publiées dans les années 70 sous forme de strips. Hitler’s Cocaine, édité par Kitchen Sink en 1984, signe le retour du héros. Publié en deux parties en Amérique du Nord, Albin Michel a eu la bonne idée de le sortir pour la France en un seul volume en 1987.

Même si c’est un récit complet, l’histoire est tout de même construite comme une somme de strips de plusieurs pages, ce qui permet d’avoir un récit très rythmé. Holmes ne développe pas directement l’intrigue, il prend le temps de s’amuser avec ses personnages, de les mettre dans des situations cocasses et drôle (l’humour est très présent), de donner un passif entre nos héros et leurs adversaires. L’auteur n’en fait pas trop sur le beatnik et le sexy et laisse de côté toute vulgarité, pour faire place à un peu de libertinage sans tabou (il n’y a pas d‘obligations de mettre un maillot de bain pour aller se baigner, quand même !). Mais cet aspect là n’est qu’une particularité de cette bande dessinée, tout comme les nombreuses références, allant de Tintin à Kojak.

Le style graphique rappelle beaucoup celui des dessinateurs classiques des années 60-70, loin de ceux de ses autres collègues underground, généralement plus caricaturaux. Le trait est fin, arrondi et les décors assez fouillés. Un bon story-telling complète le tout, rendant la lecture d’autant plus aisée et agréable.

Des aventures loufoques et rocambolesques, un dessin sympathique, un titre accrocheur : tout cela me donne envie de chercher les autres rares productions de cet auteur (quand même, Marijuana à Tijuana , cela doit être quelque chose).