Je crois sur Facebook.
Bon sang, j’ai relu ces propos hier, je ne retrouve plus où.
Il évoque la mise en place du premier tome du Dernier Sergent, expliquant qu’un bouquin ne peut être soutenu s’il est mis en place aussi mollement, et évoque les difficultés à mener le projet jusqu’à sa fin, et jusqu’aux conséquences sur sa carrière.
Je ne retrouve pas le post d’origine, mais j’en retrouve des extraits cités. Fabrice en parle bien entendu bien mieux que moi :
Connaissez-vous la durée de vie d’un livre en librairie à parution ? C’est-à-dire, s’il ne « décolle » pas dans la minute ? Allez, je vous laisse réfléchir un peu.
Vous avez la réponse ?
Trois jours.
Et ce que je vois, de l’autre côté, c’est que mon livre, lui, après 4 ans de taf, 22 ans d’absence, 424 pages et paraît-il, « encensé » par mes pairs, moi le Phénix-des-hôtes-de-ces-bois, moi pour qui seul devrait compter « l’amour » que me porteraient d’innombrables fans en délire, moi « l’important », moi « l’indispensable », ce livre n’aura eu qu’un placement à 2000 ex et 3 jours d’existence. Vous vous souvenez, hein, quand, dès sa parution (fin septembre) je m’inquiétais un peu du fait que je ne le voyais pas en librairie où j’allais ? Et que tous mes fans en délire me faisaient leur biais du survivant en me disant que, eux, ils l’avaient bien trouvé ? Ben vous avez la réponse.
Après un tel four au démarrage, c’est l’extinction définitive de l’ensemble du projet qui est annoncée.
Qu’après un tel fiasco, si l’on parvient à la fin des quatre tomes (car le 4e sera alors placé à combien, en 2029/30/31 ? À 200 exemplaires à ce rythme ?) hé bien ce sera la fin de toute tentative autobio de ma part, de tout mon projet et donc de ma « carrière ». Car aucun éditeur ne voudra plus de ça et que je n’ai aucune autre corde à mon arc.
D’une certaine manière, ça fait écho à ce que tu disais sur l’investissement personnel, sur le côté « tripes » de ce métier. Sur le fait qu’on y met toute notre vie.
En soi, ils n’ont pas tort.
Là où ça devient faux, c’est quand on ne brandit que ce seul argument.
Déjà, ça dédouane des propres manquements des auteurs : accuser le marché, c’est botter en touche et éviter de considérer son propre travail (et, éventuellement, ce qu’on a raté).
Ensuite, l’édition, c’est tout une chaîne, la fameuse « chaîne du livre », et la surproduction, elle se manifeste à l’arrivée, à la sortie de tuyau. Mais en cours de route, le long dudit tuyau, il y a des gens qui interviennent et poussent, ou pas, les bouquins.
Les auteurs, une fois qu’ils ont « livré l’œuvre », non plus la main, ou plus beaucoup, ou moins qu’avant. Les cartes sont dans les mains des éditeurs, des représentants, etc.
Il suffit qu’un représentant soit malade et pas remplacé et le bouquin n’est pas travaillé dans une région entière. Il suffit qu’un attaché de presse tarde à répondre et décourage les libraires qui veulent s’impliquer. Il suffit qu’un directeur de collection se fâche avec la direction et les bouquins ne sont pas soutenus. Il suffit d’un retard d’impression ou d’un bug de la distribution et le bouquin arrive avec quinze jours de retard et une partie du lectorat oublie et reporte ses achats à plus tard et sur autre chose.
Et tout ça, ça peut arriver dans n’importe quel marché, même un marché pas saturé.
Le week-end dernier, dans une discussion avec quelques auteurs, à table, Denis Bajram expliquait clairement qu’un succès, y a toujours mille raisons argumentées qu’on peut trouver a posteriori pour l’expliquer. Mais c’est pareil pour un échec : on peut trouver mille raisons pour expliquer a posteriori comment et pourquoi un bouquin s’est planté.
C’est super complexe, l’édition. Ça tient à rien.
Donc quand un bouquin se plante, c’est toujours plus facile de trouver une cause externe. La surproduction fait partie des suspects habituels.
Jim