LA CONQUÊTE DE LA PLANÈTE DES SINGES (Jack Lee Thompson)

REALISATEUR

Jack Lee Thompson

SCENARISTE

Paul Dehn

DISTRIBUTION

Roddy McDowall, Don Murray, Ricardo Montalban, Natalie Trundy…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Conquest of the Planet of the Apes
Année de production : 1972

« Ca a commencé dans notre préhistoire, lorsque la peste s’est abattue sur les chiens et les chats. Des centaines et des milliers d’entre eux moururent et des centaines et des milliers d’entre eux durent être tués afin d’empêcher que l’épidémie ne se répande. Lorsque la peste fut enrayée, l’homme n’avait plus d’animal domestique. Et pour l’homme, c’était bien sûr une situation intolérable. Il peut tuer son propre frère, mais il s’apitoie sur son chien. Alors les humains prirent des singes domestiques comme compagnons.
Ils étaient rassemblés dans des cages, mais dans les maisons particulières, ils vivaient en liberté. Ils devinrent sensibles au langage humain et en l’espace de moins de deux siècles, en étant parti de simples mimiques qui faisaient rire, ils finirent par rendre des services…]
Ils prirent peu à peu conscience du concept de l’esclavage, et au fur et à mesure qu’ils se regroupaient de la façon de le combattre…qui est bien entendu l’unité…] Ils apprirent à refuser, et ensuite à la date historique qui est commémorée par mes congénères, arriva Aldo. Lui ne grogna pas, il articula, il répéta un mot qui lui avait été répété des centaines de fois par les humains. Il dit…NON. »

Dans le développement de la mythologie de La Planète des Singes, il est arrivé au scénariste Paul Dehn, qui en est le principal architecte, de prendre quelques libertés avec certains éléments de continuité. Dans La Planète des Singes de Franklin J. Shaffner, le docteur Zaius révèle qu’il est le seul dépositaire du savoir, le reste de la société simiesque ayant apparemment oublié qu’une société humaine intelligente avait précédé la civilisation des singes. Et pourtant, dans la deuxième moitié des Evadés de la Planète des Singes, Cornelius et Zira sont interrogés par le Docteur Hasslein, qui voit en ce qu’ils représentent un danger pour l’humanité, et lui révèlent une histoire qui s’est transmise de génération en génération, et que j’ai retranscrite en partie dans le paragraphe ci-dessus.

Cette contradiction nourrit aussi bien le cycle que le paradoxe élaboré par Paul Dehn, qui fait de Cornelius et Zira leurs propres ancêtres et de leur progéniture le déclencheur du destin de la planète Terre. Car en remontant le temps, les deux chimpanzés au destin tragique ont altéré cette histoire racontée maintes fois et certainement déformée selon la tradition orale…le véritable leader de cette révolte des singes contre les humains, qui ne s’est finalement pas déroulée sur plus de deux siècles, n’est pas Aldo, mais leur fils Milo, confié aux bons soins du directeur de cirque Armando (toujours interprété par Ricardo « Khan » Montalban) à la fin des Evadés et qui a pris soin de le renommer…César !

La Conquête de la Planète des Singes se déroule 18 ans après le troisième opus. L’année est 1991 et le gouvernement américain est devenu un système totalitaire. Armando et César arrivent en ville pour promouvoir la tournée de leur cirque, César prenant bien soin de ne pas révéler qu’il sait parler. Devant la brutalité des hommes qui traitent les singes comme leurs esclaves, le jeune chimpanzé ne peut pourtant plus retenir sa colère. Il est alors forcé de fuir et de se cacher…mais quand Armando est tué pendant son interrogatoire, un César enragé commence à fomenter une révolution, organisant lentement mais sûrement ses frères singes avec en ligne de mire un violent soulèvement qui sera la première étape de la chute de la race humaine…

Avec La Conquête de la Planète des Singes, le scénariste Paul Dehn, inspiré par les tensions qui secouaient alors l’Amérique depuis plusieurs années (comme les émeutes du quartier de Watts en 1965), a signé le scénario le plus explicitement engagé d’une série déjà nourrie depuis ses débuts par maints sous-textes passionnants. C’est également le scénario le plus violent de toute la franchise, avec un body count élevé et une atmosphère d’une véracité troublante et d’une noirceur impitoyable, souvent perturbante dans sa férocité. Ici, il n’y a pas trace des pointes d’humour qui allégeaient le premier acte du film précédent.

Les deux derniers longs métrages de cette première période de la saga sont réalisés par Jack Lee Thompson, qui avait été déjà approché pour La Planète des Singes avant que Charlton Heston suggère Franklin J. Shaffner. Tout au long de sa carrière, le réalisateur des Nerfs à vif et des Canons de Navarone a toujours su jongler entre les productions à petit budget et les films à grand spectacle. Avec La Conquête de la Planète des Singes, il a oeuvré dans la première catégorie, le budget pour ce quatrième volet étant passé sous la barre des 2 millions de dollars (ce qui s’est notamment répercuté sur le rendu des masques des singes, trop souvent factice, le plus élaboré étant bien entendu celui de César). Il signe notamment des scènes d’une grande intensité lors de la révolution des singes, comme les affrontements chaotiques contre les forces de police.

Dans le rôle de César, on retrouve Roddy McDowall, acteur emblématique de La Planète des Singes. Après avoir incarné Cornelius, il joue ici le fils du chimpanzé archéologue et livre l’une de ses meilleures performances, une transformation de jeune singe effrayé à farouche leader révolutionnaire crédible et puissante…son discours final, même s’il a été en partie altéré en post-production pour modifier une décision controversée, fait partie des grands moments de l’ensemble des longs métrages.

Les adaptations en comic-book Marvel des films de La Planète des Singes ont toutes été écrites par le scénariste Doug Moench, dans les pages du magazine en N&B Planet of the Apes. Pour celle de La Conquête de la Planète des Singes, qui est restée inédite en V.F., Doug Moench a à nouveau collaboré avec Alfredo Alcala, qui avait déjà dessiné Le Secret de la Planète des Singes.