LA FOLLE ESCAPADE (Martin Rosen)

REALISATEUR

Martin Rosen

SCENARISTE

Martin Rosen, d’après le livre Les Garennes de Watership Down de Richard Adams

VOIX V.O.

John Hurt, Richard Briers, Ralph Richardson, Roy Kinnear, Denholm Elliott, Zero Mostel…

INFOS

Long métrage britannique
Genre : animation/drame/aventures
Titre original : Watership Down
Année de production : 1978

Le monde entier sera ton ennemi, prince aux mille ennemis.
Et chaque fois qu’ils t’attraperont, ils te tueront.
Mais d’abord, ils doivent t’attraper…

La Folle Escapade est le titre français de la première adaptation de l’oeuvre la plus connue de l’écrivain britannique Richard Adams (qui nous a quittés en fin d’année dernière), Watership Down, un roman publié chez nous sous le titre Les Garennes de Watership Down (et que je n’ai pas lu, je préfère le préciser). Initié comme une suite de récits racontés par l’auteur à ses filles lors de voyages familiaux, Watership Down chronique les aventures de lapins en exil suite à la destruction de leur garenne annoncée par les visions cauchemardesques de l’un d’entre eux. La petite bande (qui est, d’après ce que j’ai compris, moins peuplée dans le film que dans le roman) se met alors à parcourir la campagne anglaise pour trouver un nouvel endroit où s’établir…

Sorti en Angleterre en 1972, Watership Down a vite intéressé le cinéma puisque le vétéran de l’animation américain John Hubley (il a notamment travaillé sur les premiers films de Walt Disney et co-créé le personnage de Mr Magoo avant d’être blacklisté pendant le Maccarthysme) a pendant plusieurs mois développé la production avant de mourir en 1977. C’est le scénariste et producteur Martin Rosen (un ancien agent qui n’a connu qu’une courte carrière cinématographique) qui a ensuite repris le projet pour le mener à bien…et avec brio, surtout pour quelqu’un qui n’avait avant cela aucune expérience dans l’animation…

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Dans La Folle Escapade, les animaux ne sont pas anthropomorphisés à outrance (juste l’équilibre qu’il faut, comme dans les expressions des regards), ce qui leur confère un certain réalisme. Et grâce à leurs caractéristiques physiques et leurs traits de caractères, soulignés par l’interprétation de l’excellent casting vocal (parmi lequel on retrouve notamment John Hurt, Ralph Richardson et Denholm Elliott), il n’est pas difficile de différencier chaque membre de la petite troupe, qui ont tous leurs qualités propres à faire valoir dans cette aventure.

L’animation n’est pas toujours un modèle de fluidité, mais ce n’est pas gênant tant les créateurs de La Folle Escapade ont su créer un monde fascinant, bucolique dans un premier temps, puis empreint d’une véritable noirceur, en reproduisant l’univers imaginé par Richard Adams. Les lapins ont leur propre culture, leur propre langage, leur propre poésie et surtout leur propre mythologie, dont le spectateur peut découvrir un aperçu dans le conte qui ouvre le film dans une suite de visuels tribaux.

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La Folle Escapade, c’est une grande aventure qui emprunte à de nombreux genres, de la fantasy au film de guerre en passant par le film d’horreur. C’est aussi une quête héroïque qui découle d’une prophétie. Le scénario mêle brillamment tous ces éléments et ce sans oublier une touche d’humour afin d’alléger une atmosphère souvent très sombre, où la menace est constante et palpable (le film est d’ailleurs assez violent dans sa seconde partie). Ainsi on retrouve un personnage d’oiseau loufoque avec qui les lapins vont sympathiser (et qui n’est pas sans rappeler de futurs congénères comme le Jeremy de Brisby et le Secret de Nimh).

Le scénario a aussi une portée politique, par sa description de chefs de garenne au comportement aussi différents que dangereux. Le premier, un vieillard obèse et avachi, cause la destruction de son peuple à cause de son immobilisme. Le second, que nos héros rencontrent sur leur chemin, est un tyran qui refuse la possibilité de vivre en paix avec les autres garennes.

La Folle Escapade met en scène des thèmes passionnants en prenant la forme d’une aventure épique et palpitante pour se terminer sur une note mélancolique et poétique.
Un final touchant pour un très beau film méconnu…

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Raid71 :

Peter Diamond :

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