LA FORME DE L'EAU - THE SHAPE OF WATER (Guillermo del Toro)

DATE DE SORTIE FRANCAISE

21 février 2018

REALISATEUR

Guillermo del Toro

SCENARISTES

Guillermo del Toro et Vanessa Taylor

DISTRIBUTION

Sally Hawkins, Doug Jones, Michael Shannon, Michael Stuhlbarg, Octavia Spencer, Richard Jenkins…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/romance/fantastique
Titre original : The Shape of Water
Année de production : 2017

SYNOPSIS

Durant la Guerre froide, en 1963. Elisa, muette, travaille dans un laboratoire dans lequel est retenu prisonnier un homme amphibien. La jeune manutentionnaire tombe alors amoureuse de la créature. Avec l’aide de son voisin, elle décide de le libérer. Mais le monde extérieur va se révéler dangereux pour ce mystérieux prisonnier…

Doug Jones, l’un des acteurs fétiches de Guillermo del Toro (il a notamment interprété Abe Sapien dans les deux Hellboy), joue l’« Homme-Poisson ». Il a révélé dans un entretien récent quelques détails sur le film et son personnage :

[quote]I’m a fish man that’s kind of a one-off. I’m an enigma, nobody knows where I came from; I’m the last of my species so I’m like a natural anomaly. And I’m being studied and tested in a U.S. government facility in 1963, so the Russian Cold War is on, the race for space is on, so there’s all that backdrop and that undercurrent. I’m being tested for how can they use me for advantages in military or space travel, or my technology—can we make this usable for humans? So they’re trying to keep me a secret from the Russians.

Meanwhile, there’s a love story that brews out of it, and that would be the cleaning lady played by Sally Hawkins. She comes and finds me, has sympathy on me, and then that’s the story that you’re really gonna follow with this whole backdrop.[/quote]

Bon, Del Toro reprend Abe Sapien…pourquoi pas…

(Moi, tant qu’il re-salope pas Hellboy, il peut bien faire ce qu’il veut :stuck_out_tongue: )

La première bande-annonce :

The Shape of Water, par James Jean :

Lion d’or du meilleur film, à Venise, si j’ai bien compris.
Pas mal.

Jim

Ah oui ?? Diable.
Del Toro a déjà eu des critiques élogieuses quasi unanimes (notamment sur « Le Labyrinthe de Pan », qui perso est un de ceux que j’aime le moins…) mais là ça le fait passer à un autre niveau, sur le plan de l’accueil critique, normalement.

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Poétique, touchant et débordant d’une humanité tendre, voilà comment je décrirais La forme de l’eau, le dernier film de Guillermo del Toro, qui vient de rafler le fameux doublé de récompenses aux Oscars.
Narrant l’histoire, la fable même, où une jeune femme de ménage muette dans un centre de recherches des années 60, qui rencontre une créature enlevée, maltraitée et analysée, le film offre plusieurs champs de vision, plusieurs zones de lecture ; mais, au-delà de la critique sociale, au-delà des tacles sur le racisme, l’homophobie, la guerre froide, la violence, la quête stupide du pouvoir, le rejet de la science pure et intelligente, il y a surtout une rencontre… celle de deux étrangers, deux exclus, deux bannis, qui parviennent à se comprendre au-delà des mots, au-delà des sons, au-delà des apparences.
D’une puissance rare dans sa poésie, d’une justesse absolue, del Toro réussit un film qui m’a énormément touché, et a le bon goût de ne pas verser dans le glauque, le gore ou les bassesses stupides qui n’auraient pas eu lieu d’être ici, mais que certains auraient installé pour appelé les audiences ; non, et heureusement.
Disposant d’acteurs tous très justes (je ne saurais faire de mention spéciale, les cinq principaux sont juste parfaits), pour des personnages tous creusés et attachants (aucun, pas même le méchant, n’est foncièrement bon ou mauvais, tous ont des failles et des faiblesses, tous ont une humanité éclatante), le réalisateur peut ainsi offrir ce qui pourrait être une illustration éclatante de son cinéma, de fables et de monstres.

Un très beau moment.

Je viens de le voir dans l’avion en VO et j’ai été très déçu. Esthétiquement, j’ai trouvé ça plutôt moche (la créature et le traitement de l’image). Le début m’a fait penser à du Amélie Poulain (musique et traitement de l’image).
J’ai trouvé ensuite l’histoire grossière (les femmes de ménage qui ont un accès illimité à la salle de la créature avec possibilité de contact… :rofl: ). On ajoute un méchant bien stéréotypé et voilà la tarte à la crème de l’année. :sweat_smile:

Ouais, alors l’écran de l’avion, ce n’est pas ça non plus !

Je suis d’accord, surtout sur la très belle scène d’introduction qui est très sombre et qui n’est pas mise en valeur sur un écran d’avion.
Par contre, je suis quasi-sur que les défauts qui m’ont gênés (l’apparence de la créature et les filtres utilisés) seraient les mêmes sur grand écran.

Au sujet de la soi-disant grossièreté de l’histoire, il ne faut pas perdre de vue que l’on est dans un conte.

La voix off du début permet ce passage à la féérie, et la fin ainsi que pas mal de passages (tout le film en fait, mais certaines séquences sont plus expressives à ce sujet) le disent clairement. Mais même sans cela ; l’accès des femmes de ménage à la « cellule » s’explique aussi par leur invisibilité, elles ne comptent ni dans la société dans laquelle elles vivent, ni dans le microcosme des « chercheurs » et des militaires de leur lieu de travail (une sorte de métaphore).

Sinon La Forme de l’eau est (pour moi) un très beau film (formellement parlant), et qui d’une certaine manière cristallise - rétrospectivement - à merveille les idées de del Toro.
Et les prix qu’il a remportés vont, j’espère, lui donner la stature nécessaire, aux yeux des financiers et des décideurs, de concrétiser certains de ses projets comme l’adaptation des Montagnes hallucinées.

Même si un prix cinématographique, c’est comme le baratin sur une boîte de pâté pour chien : le chien s’en fout, vu qu’il ne sait pas lire, mais c’est son maître qui achète la boîte, et lui il sait lire et il faut le convaincre ; comme aurait pu le dire Joe Haldeman. (Je précise pour qu’il n’y ait pas de quiproquo : pour « chien » (notez les guillemets) lire amateur de cinéma, et pour « maître », lire distributeur, diffuseur ou prescripteur).

Après, je comprends très bien qu’on prenne l’histoire pour un conte mais avec moi, ça ne marche pas. Trop de clichés (les russes,…) et de passages pas cohérents (la fuite de la créature, l’accès facile à une bestiole qui a arraché 2 doigts,…). En fouinant sur les forums américains, j’ai pu voir que mon avis n’était pas isolé mais j’en ai vu (la majorité d’ailleurs) qui pensent comme toi.

Mais il n’est pas question de « prendre » ou pas La Forme de l’eau pour un conte, c’est tout simplement le « pacte de lecture » qui est clairement annoncé au départ : "

Si j’en parlais, si je le faisais … que vous dirais-je […] ça s’est passé il y a bien longtemps […] durant les derniers jours du règne d’un prince charmant […]".

Difficile d’être plus explicite, à moins de commencer par « Il était une fois … »

Dire que ça ne marche pas, ce n’est pas imputables à del Toro, mais aux spectateurs qui n’ont pas compris les enjeux du film, ceux d’un conte.

Effectivement, le postulat de base est clair au vu de l’introduction du film que tu cites.
Par contre, c’est loin de tout excuser. Il y a des contes moins grossiers que ça.
A l’inverse, il y a des scènes que j’ai accepté sans broncher comme celle de la salle de bain par exemple ou les dernières images.

À commencer par le Labyrinthe de Pan :slight_smile:

Je suis en train de regarder le film, et je suis plutôt agréable surpris. Par la qualité des acteurs, par les décors et les éclairages, par les intrigues croisées, par l’aspect onirique de certaines scènes (le passage comédie musicale est aussi court qu’élégant)… Alors certes, Del Toro ne fait pas dans la subtilité, avec des éclairages forcés qui s’éteignent et s’allument pour bien montrer les choix effectués et induire les effets attendus, des péripéties outrées, un discours appuyé sur la tolérance et la différence, mais l’ensemble constitue une histoire plaisante et une belle métaphore sur la paranoïa. La réplique « elles n’ont pas de nom, pas de grade… elles font le ménage » en dit long sur le portrait de l’Amérique qu’il décrit.
La chose qui m’a frappé, dès les premières images, c’est que, d’une certaine manière, Del Toro me semble labourer sur les terrains de Tim Burton : le film est moins drôle, moins ironique et moins enfantin que ceux de Burton, mais il évolue dans un univers timburtonien, tant par son esthétique que par la causticité de son analyse sociale (le personnage de Michael Shannon, enfermé dans son « rêve américain » et dans sa vie de banlieue, incarne un discours frappant).
Bref, c’est pas mal du tout, une jolie réflexion sur l’autre, la solitude, qui ne cherche pas à éviter le drame.

Jim