LA GUERRE DU FEU (René Pellos)

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René Pellos (1900-1998) est un créateur frénétique. Connu pour avoir été l’un des pères ou des parrains des Pieds Nickelés, il est aussi l’illustrateur de nombreuses séries plus ou moins fantastiques, comme la saga de science-fiction Futuropolis, le super-héros Atomas, la jungle girl Durga-Rani, ou encore l’adaptation de La Guerre du feu, roman de Rosny Aîné, des décennies avant le film de Jean-Jacques Annaud.

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Glénat en a publié plusieurs versions en album, la première datant de 1976. Les suivantes arborent le même visuel de couverture, à savoir un homme préhistorique brandissant une lance d’une main et une torche de l’autre, d’abord dans le cadre de la collection « Patrimoine BD » (en 2005), puis en partenariat avec Hachette (en 2013 et 1018). Contrairement à la toute première édition, qui reprenait les films noir & blanc permettant ainsi de profiter du trait de Pellos, sans les couleurs de l’hebdomadaire Zorro, ces trois éditions proposent une édition des planches « dans leur jus », avec un nettoyage des couleurs qui permet de les savourer.

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L’édition de 2013 comprend un cahier de commentaires plutôt intéressants, richement illustré (il y a notamment une reproduction d’une première page de Fillette, datant de janvier 1947 et mettant en scène Durga-Rani, reine de la jungle). Aussi réjouissant à l’œil qu’instructif.

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Jim

J’ai l’impression d’avoir vu un article dessus il y a peu…
Ça me parle.

Tori.

Extrait de « Will Eisner-Jack Kirby : Propos d’Atelier », in Spirit Magazine n°39 (juillet 1982), traduction française par Thierry Groensteen parue dans Les Cahiers de la B.D. n°78 (Novembre-Décembre 87) :

EISNER : Tu es d’accord avec Gil Kane lorsqu’il parle de « violence lyrique » ?

KIRBY : Oui, il me semble que dans mes histoires, c’est de la violence lyrique. Pour moi, il y a de la beauté dans la violence. Bien sûr, Il y a aussi de la laideur, mais moi qui ai boxé dans ma vie, je me suis toujours battu de la façon la plus « fair ».

EISNER : Tes héros se battent donc à ta manière ?

KIRBY : Oui. Si j’avais à me battre contre dix types, je devrais trouver un moyen correct d’en venir à bout.

Extrait de « René Pellos, des Pieds Nickelés à l’édition de luxe », par Eric Leguebe, entretien avec René Pellos, in Phénix, revue internationale de la bande dessinée - 8ème année, n°41 (août 1974) :

LEGUEBE : Que préférez-vous dans votre métier ?

PELLOS : Chez moi, c’est le mouvement qui prime. J’ai toujours aimé ça… Un scénario qui ne comporte pas d’action ne m’intéresse pas… J’estime que quand il y a une certaine faiblesse dans le texte, le dessin doit y suppléer et vice versa. Au fond, ce que je préfère, c’est les scènes de bagarre. J’ai toujours été un bagarreur. J’aime ça. Je crois que cela doit se ressentir dans mes dessins. Or, une histoire dessinée, pour qu’elle acquière de l’intérêt, il faut qu’elle contienne passablement de bagarres. Regardez, les grandes personnes, même dans les films, ceux qu’elles préfèrent sont bien ceux qui contiennent du mouvement, de l’action, et je le répète, des bagarres. Quant aux enfants à l’école, à quoi jouent-ils pendant la récréation ? Ça, vous ne le changerez pas…

Le parallèle me semble évident. En regardant les pages de La Guerre du feu ou de Futuropolis, je trouvais plein de points communs entre les deux (pas seulement les cases rondes, hein : les ombres, la massivité des personnages, les ombres chinoises). J’aime beaucoup le Pellos réaliste, beaucoup plus que le Pellos humoristique des Pieds Nickelés, qui me semble inexplicablement plus brouillon.

Jim