LA LISTE NOIRE (Irwin Winkler)

Je viens de découvrir un DeNiro que je n’avais jamais vu, et dont j’avais très vaguement entendu parler jusque-là : La Liste Noire. Intitulé Guilty by Suspicion en VO, le film est signé Irwin Winkler, qui en signe aussi le scénario, et il date de 1991.

Drame
Long métrage américain/français
Ecrit et réalisé par Irwin Winkler
Avec Robert de Niro, Annette Benning, George Wendt, Sam Wanamaker…
Titre original : Guilty by Suspicion
Année de production : 1991

Le récit se situe en plein maccarthysme, quand les auditions sénatoriales se penchent sur les sphères communistes supposées gangréner tout Hollywood. On suit David Merrill, incarné par DeNiro, un réalisateur dans les petits papiers de Darryl Zanuck, qui revient à Los Angeles après avoir effectué de longs repérages en France en vue du prochain film. Mais quand il revient, l’ambiance est lourde, pleine de sous-entendus. David met du temps à comprendre ce qui se passe, ce qu’on lui reproche, ce qu’on lui demande. L’ancien sympathisant communiste, viré des réunions de rouges parce qu’il posait trop de questions, sent qu’il va être obligé d’enjoliver son passé afin de satisfaire les congressmen et de se « blanchir ».

Mais David refuse. En bon américain, ça l’enquiquine de devoir expliquer ses choix, ses opinions, et de devoir renoncer à son droit d’expression. Sauf que l’industrie finit par lui tourner le dos. On a droit à de longues scènes de téléphone, puis à un passage à vide, lié à une errance à New York de petits boulots en contrats minables. Puis, un jour, il décide d’affronter la commission…

Irwin Winkler est plus connu pour ses activités de producteur (Rocky, Raging Bull, L’Étoffe des héros…). Il livre ici un film maîtrisé, avec une caméra qui circule bien, un montage carré et des personnages qui évoluent bien dans l’espace. C’est maîtrisé, sans aucune originalité, on sent qu’il a bien regardé les auteurs des films qu’il a produits. Mais certaines scènes fonctionnent réellement très bien, à l’exemple de l’arrivée dans la salle d’audience. D’ailleurs, il sait très bien établir les décors afin de créer des ambiances en rapport avec les étapes émotionnelles par lesquelles passent ses personnages.

Le film tarde à démarrer. Surtout à cause des dialogues, qui jouent la carte du non-dit, de l’insinuation, de la menace sourde. La mise en scène des lieux (et leur répétition : les différentes arrivées en voiture à l’entrée des studios ponctuent l’évolution des relations entre le cinéaste et les producteurs…) est plutôt réussi, jouant tour à tour le plein et le vide, l’étouffement et la solitude…) mais les dialogues font durer la première partie d’installation de l’intrigue et des personnages. On trépigne en attendant que les personnages appellent un chat un chat. En même temps, cela renforce l’atmosphère de malaise et de paranoïa, et prépare l’accélération à venir, mais ça reste un peu long et à fleuret moucheté.

Une fois que ça démarre, quand David décide de quitter Hollywood pour tenter sa chance à New York (au théâtre, à la télévision…), et quand l’abcès est percé, le film démarre vraiment, creuse les relations, et brosse le portrait d’un réalisateur qui choisit : lui qui a toujours voulu faire des films comprend qu’il est le matériau préféré des enquêteurs. Cela permet aussi de montrer les relations au sein d’une famille déjà bousculée par le métier du père, et les bases de ses amitiés les plus fidèles. La peinture de l’acide qui ronge la société est assez efficace.

C’est en grande partie dû à un casting de premier ordre, à commencer par Robert DeNiro et Annette Benning, qui sont tous deux dans un registre subtil, tout en retenue. Leur jeu discret met en valeur les tourments de leurs personnages, d’autant que d’autres acteurs autour d’eux s’agitent, incarnant la frénésie des tournages ou la frayeur et la paranoïa. Une sorte de contrepoint qui met tout le monde en valeur. D’autant qu’au détour d’une séquence, on croise un jeune Tom Sizemore ou un Martin Scorcese venu tenir un petit rôle, de belle manière d’ailleurs.

Jim

3 « J'aime »

Vu une seule une fois à sa diffusion sur Canal…il y a plus de 30 ans dis donc…

Tu sais, ça aurait mérité un sujet dans le club, @Jim_Laine

Oh, moi, je n’ose pas : c’est ton royaume !
:wink:

Jim

Si je savais le faire, je l’aurais déjà déplacé là-bas…^^

Bon, je vais m’en occuper, alors…

Jim

Voilà.
Je te laisse ajouter les éventuels tags que tu juges nécessaires ?

Jim

Impec ! Et j’ai ajouté ma petite touche…^^

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