Au-delà même de tout caractère subversif, ça pose la question de la caractérisation des personnages. Si les lecteurs ne sont pas capables d’accepter qu’un personnage puisse faire des blagues de mauvais goût ou même être un sale con, comment peut-on varier les caractères qu’on met en scène ?
C’est ce que je dis toujours : aujourd’hui, Rabbi Jacob, ce ne serait plus possible.
J’entends et je suis bien d’accord. Simplement je ne tique pas tant sur les lecteurs justement (élèves et parents) mais sur le fait qu’à la direction des écoles, au rectorat, ou au ministère, on ait pu donner raison à ces parents. C’est à cet endroit là que je me sens désarçonné.
Dans une autre logique, que des lecteurs d’un roman s’enflamment pour tel ou tel propos c’est une chose, mais que l’éditeur lâche le romancier pour éviter d’affronter une quelconque vague d’indignation, ça, ça me désespère parce que ça suppose qu’à l’avenir, pour éviter ce genre de malheur, des romanciers en herbe (ou non d’ailleurs) pourraient s’auto-censurer. Ce qui en terme de création, devient terrible.
Tiens, je lisais un article (dans Le Canard Enchaîné, je crois) concernant un scientifique qui a été victime d’une vindicte dans les médias, et qui a été plus ou moins lâché par l’université. C’est le même mécanisme. Et ça fait flipper.