LA MORT À LUNETTES (Tome / Goffaux)

Un autre projet disparu dans les limbes du regretté scénariste Philippe Tome arrive au catalogue des éditions Kennes, dessiné par Goffaux.

Deux couvertures circulent : la première correspond à l’édition normale, la seconde à l’édition « collector ».

Parution prévue en novembre 2020.

L’accroche :

Deux hommes partent reconquérir leur dignité. L’un est trop vieux, mais armé de patience. L’autre est armé.

Deux pages circulent, dans une narration qui n’est pas sans évoquer Berceuse assassine :

Jim

La Mort à lunettes

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U.S.A, East Harlem, New York. Novembre 2005. Malcom «Malek» Brown est noir, pauvre et musulman. Sorti de prison, il survit dans une Amérique hostile aux musulmans après avoir été hostile aux «nègres».
Alexander Birke a connu la Shoah, il est vieux et passionné d’échecs. Ces deux hommes que tout sépare vont pourtant se rencontrer dans une chapelle de Harlem, où le premier est technicien de surface et le second amateur de Gospel.

  • Poids de l’article : 505 g
  • Broché : 72 pages
  • ISBN-10 : 2380751471
  • ISBN-13 : 978-2380751475
  • Éditeur : Kennes Editions (28 octobre 2020)
  • Langue : : Français

La Mort à lunettes édition limitée

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U.S.A, East Harlem, New York. Novembre 2005. Malcom «Malek» Brown est noir, pauvre et musulman. Sorti de prison, il survit dans une Amérique hostile aux musulmans après avoir été hostile aux «nègres».
Alexander Birke a connu la Shoah, il est vieux et passionné d’échecs. Ces deux hommes que tout sépare vont pourtant se rencontrer dans une chapelle de Harlem, où le premier est technicien de surface et le second amateur de Gospel.

  • Poids de l’article : 505 g
  • Broché : 72 pages
  • ISBN-10 : 2380752087
  • ISBN-13 : 978-2380752083
  • Éditeur : Kennes Editions (28 octobre 2020)
  • Langue : : Français

Je les ai vues.
Bon, apparemment, pas de version millerienne, donc j’ai su rester fort.

En revanche, j’ai vu des albums de chez Kennes, dont Rage ou La Mort à lunettes. Avis aux amateurs.

Jim

Pas mal du tout, ce récit post-mortem de Tome, mais pas exempt de défauts.

Le récit suit un jeune homme noir, pauvre et musulman, comme il se définit lui-même, qui officie comme balayeur dans une église où un vieux bonhomme vient écouter du gospel. Tous deux se lient d’amitié, le vieux étant plus bavard et le jeune plus mutique, et jouent aux échecs. À plusieurs reprises, le jeune homme est abordé par une recruteuse de l’armée américaine, mais il refuse dans un premier temps de s’engager. Puis, un jour, il reçoit un coup de fil de son ancienne compagne qui lui apprend l’existence de sa fille puis le fait que celle-ci a été détournée du droit chemin par un gradé de l’armée. Il n’en faut pas au héros pour s’engager.

Dans le même temps, en tant que citoyen noir et musulman, il fait l’objet d’un programme de télé-réalité financé par l’armée, qui le suit dans son périple jusqu’à son centre de formation, au volant de la vieille voiture allemande de son ami (dont on comprend en filigrane qu’il s’agit d’un immigré juif allemand).

Au fil du récit, on découvre qu’il a été sélectionné exprès afin de démanteler, à son insu, un réseau de trafiquants au sein de l’armée. Il est donc un pion dans une vaste partie d’échecs, et ce sont d’ailleurs les échecs qui devaient être mentionnés dans les premières propositions de titre. Se greffent à cette intrigue centrale la reconquête de la dignité de deux hommes perdus, le thème de la vengeance et celui de la paternité blessée.

Dans l’ensemble, c’est plutôt pas mal, mais les auteurs (ainsi que Goffaux le dit dans les bonus de l’album) ont cherché à ne pas donner d’indices trop évidents afin de laisser le lecteur se faire son opinion et son interprétation. Cependant, à force de ne pas insister, ils ne sont pas bien clairs, parfois. Par exemple, le flash-forward d’ouverture n’est pas situé dans le temps, et il n’est pas si facile que ça de s’y retrouver, de savoir quelle place cette ouverture occupe dans le récit global. De même, certains dialogues ne sont pas très clairs, et un peu d’affinage n’aurait pas été superflu.

On n’atteint pas le degré de précision mécanique d’un Berceuse Assassine, par exemple (ici, certaines successions d’événements ne sont pas si évidentes que ça et reposent beaucoup sur un hasard visiblement bienveillant), mais les amateurs de ce célèbre triptyque devraient retrouver une similitude de ton et d’esthétique pas inintéressante (même si La Mort à Lunettes est plutôt connecté à Sur la route de Selma, pour le coup).

Jim